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Le romarin

Publié le 1 novembre 2023
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L’odeur camphrée et la note chaleureuse du romarin sont les bienvenues autant dans la cuisine méditerranéenne que dans les tisanes hivernales. La plante aux propriétés décongestionnante et antiseptique en cas de rhume est aussi réputée pour ses effets toniques, digestifs et drainants.

Quelle est cette plante ?

Le romarin (Rosmarinus officinalis) est un arbrisseau touffu de la famille des lamiacées qui peut atteindre 2 mètres de hauteur. Ses feuilles persistantes, sans pétiole, linéaires et semblables à des aiguilles possèdent des bords enroulés vers le dessous. De couleur vert sombre et luisantes sur le dessus, elles sont blanchâtres en dessous et très aromatiques. Les fleurs, bleutées à blanches, peuvent éclore plusieurs fois dans l’année. Elles ne comportent que deux étamines, une exception dans la famille des lamia-cées dont les fleurs en comptent le plus souvent quatre. Cette caractéristique, qu’elle partage avec les sauges du genre Salvia et confirmée par de récentes études génétiques, a amené à modifier le nom scientifique de la plante. Depuis 2017, le romarin devrait s’appeler Salvia rosmarinus. Ce récent changement de nom fait cependant encore débat parmi les botanistes.

• Où la trouver ? Le romarin est originaire du bassin méditerranéen et a pu être diffusé dans d’autres régions du monde partageant le même climat ou mis en culture. C’est une plante de garrigues et de coteaux secs très ensoleillés au sol calcaire ou peu acide. En France, on retrouve notamment de grandes stations sauvages dans les Bouches-du-Rhône et l’Aude. Les cueilleurs s’inquiètent cependant du déclin de cette espèce, sans avoir identifié avec certitude les paramètres à l’œuvre. Pression de cueillette trop importante, réchauffement climatique, modification des habitats ? Dans d’autres pays du pourtour méditerranéen, en particulier au Maroc, la surcueillette pour les besoins industriels est préoccupante et porte atteinte à la pérennité de la ressource. Une vigilance est nécessaire et un romarin cultivé ou de cueillette durable devrait être préféré.

• Quand la récolter ? On récolte en général la moitié des pousses de l’année en début de floraison, le plus souvent en avril ou en septembre-octobre. Il faut éviter de le cueillir en hiver et en été lorsque la plante est en repos végétatif.

• Où est-elle vendue ? Les feuilles et les sommités fleuries de romarin sont inscrites à la liste A des plantes médicinales de la Pharmacopée française, mais ont été libérées du monopole pharmaceutique en raison de leur usage également alimentaire.

Quels sont ses usages ?

• Utilisation. La feuille de romarin possède avant tout des propriétés digestives. Elle permet notamment d’apaiser les spasmes digestifs en cas de dyspepsie. Elle est donc particulièrement indiquée pour soulager les ballonnements, les digestions lentes, les éructations ou les flatulences.

Ses propriétés drainantes favorisent l’élimination urinaire et digestive par des actions cholérétiques*, cholagogues* et diurétiques. Ses actions antiseptique et décongestionnante sont bienvenues en cas de rhume et de nez bouché et le romarin peut aussi être employé en bain de bouche pour l’hygiène buccale. Il possède aussi des propriétés toniques intéressantes en cas d’asthénie ou de fatigue passagère.

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Diluée dans un bain, l’infusion de feuilles de romarin permet de soulager les douleurs musculaires et articulaires modérées ainsi que les troubles circulatoires périphériques bénins.

• Partie utilisée. On emploie les feuilles et les sommités fleuries de romarin aussi bien à des fins médicinales que culinaires.

• Principes actifs. La feuille de romarin contient principalement :

→ une huile essentielle (1 à 2,5 %) dont la composition peut fortement varier selon l’origine, mais aussi les conditions environnementales et les pratiques culturales. On dénombre trois principaux chémotypes de romarin : à 1,8 cinéole (Maroc, Tunisie), à camphre (France, Espagne) et à verbénone (Corse).

Ces chémotypes ont une importance toute particulière en aromathérapie, déterminant aussi bien les indications que les précautions d’emploi associées. Leur incidence sur l’usage de la plante sèche est moins conséquente, mais pourra en affecter l’odeur et la saveur ;

→ des acides phénoliques, notamment l’acide rosmarinique ;

→ des diterpènes comme le carnosol et ses dérivés. Ces deux dernières familles de constituants présentent des vertus antioxydantes marquées, favorisent les éliminations urinaire et digestive et sont impliquées dans les propriétés hépato-protectrices de la plante.

• Posologie recommandée.

→ Tisane : réaliser une infusion pendant dix minutes de 1 à 2 g de feuilles pour une tasse de 150 ml à prendre 2 à 3 fois par jour.

Poudre de plante : 4 à 6 g par jour.

Bain aromatique : laisser infuser 50 g de feuilles dans 1 litre d’eau pendant quinze minutes, puis le diluer dans le volume d’une baignoire.

→ Médicaments : certaines spécialités contiennent encore du romarin, comme les solutions pour inhalation où l’huile essentielle de romarin est associée à d’autres plantes aux propriétés décongestionnantes dans Calyptol inhalant émulsion, Perubore capsules pour inhalation ; des mélanges de plantes où le romarin est employé principalement pour son action de draineur hépatique : Boldoflorine sous forme de mélange de plantes pour tisanes et comprimés Canephron comprimés.

• Contre-indications et précautions d’emploi. Comme toutes les plantes dotées de propriétés cholérétiques* et cholagogues*, le romarin est contre-indiqué en cas de calculs biliaires, d’inflammation ou d’obstruction des voies biliaires ou toute autre maladie du foie nécessitant un avis médical. L’augmentation de la production de bile est en effet susceptible de favoriser les risques de colique hépatique dans ces cas précis. L’utilisation est déconseillée chez l’enfant de moins de 12 ans essentiellement par manque de données, mais également parce que les symptômes concernés peuvent nécessiter un avis médical. Le romarin est déconseillé à doses thérapeutiques pendant la grossesse en raison de propriétés emménagogues constatées empiriquement.

• Associations. Le romarin peut être employé en phytothérapie conjointement avec d’autres plantes pour exercer des activités complémentaires.

→ Pour favoriser la digestion : achil-lée millefeuille (Achillea millefolium) mélisse (Melissa officinalis), menthe poivrée (Mentha x piperita), origan (Origanum vulgare), angélique (Angelica archangelicaà)…

→ Pour favoriser l’élimination urinaire : frêne (Fraxinus excelsior) prêle (Equisetum arvense), piloselle Pilosella officinarum), ortie (Urtica dioica), reine-des-prés (Filipendula ulmarid), bouleau (Betula pendula), pissenlit (Taraxacum officinale)…

→ Pour favoriser l’élimination digestive : chardon-Marie (Silybum marianum), artichaut (Cynara scolymus), radis noir (Raphanus nigef), pissenlit (Taraxacum officinale)…

*Cholérétique et cholagogue : respectivement responsable de l’augmentation de la production et de la sécrétion de bile.

Des questions ou des envies de sujets ? Envoyez vos demandes par mail à : phyto@porphyre.fr

L’essentiel

Les feuilles et les sommités fleuries de romarin sont principalement utilisées pour leurs propriétés :

→ digestives ;

→ drainantes ;

→ toniques ;

décongestionnantes.

Adulte et enfant > 12 ans.

Tisane : infusion (dix minutes) de 1 à 2 g de feuilles par tasse, 2-3 fois/jour.

Poudre de plante : 4-6 g/jour.

→ apaisantes des douleurs articulaires et musculaires ;

→ circulatoires.

Adulte et enfant > 12 ans.

Tisane : infusion (15 minutes) de 50 g de feuilles dans 1 litre d’eau à diluer dans une baignoire.

Contre-indications : en cas d’obstruction des voies biliaires, d’affection du foie ou de lithiase hépatique. Déconseillé aux doses thérapeutiques chez la femme enceinte et l’enfant < 12 ans.