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Le resvératrol

Publié le 16 septembre 2011
Par Michèle Sauvage
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Qu’est-ce que c’est ?

Le resvératrol (trans-3,4’,5-trihydroxystilbène) est un polyphénol végétal de la classe des stilbénoïdes. Il tire son nom du vératre blanc (Veratrum album L. var. grandiflorum) dont il a été initialement extrait. La forme active du resvératrol est l’isomère majoritaire trans. Mais ce dernier est sensible à la lumière qui le transforme en cisresvératrol inactif. Au sein de la plante, le resvératrol est un métabolite dit « secondaire », sans fonction directe sur la croissance ou la reproduction végétale. Il intervient dans les mécanismes de défense en réponse à un stress physico-chimique ou biologique (champignons, bactéries).

Où le trouve– t-on ?

Le resvératrol est présent dans de nombreuses plantes, en particulier dans la racine de la renouée du japon (Polygonum cuspidatum) utilisée dans les médecines traditionnelles chinoise et japonaise pour des affections fongiques, allergiques ou inflammatoires. Parmi les sources alimentaires figurent la fève de cacao, la cacahuète, la mûre et la peau du grain de raisin.

La biosynthèse du resvératrol au sein de la vigne (feuilles, peau du grain de raisin et sarments de vigne) est déclenchée par l’attaque de champignons microscopiques tels que Botrytis cinerea responsable de la « pourriture grise ».

Comment l’obtenir ?

Les sources naturelles restent à ce jour la principale voie de production malgré un prix de revient élevé. Sont utilisés en particulier les extraits de vigne ou de racine de Polygonum. Une des sources de choix en cosmétologie provient des sarments de vignes lignifiés, séchés 3 à 4 mois à l’air libre puis broyés et mis au contact d’un solvant cétonique ou alcoolique pour extraction. Plusieurs voies de synthèse chimique constituent une alternative à moindre coût.

Quelles sont ses propriétés ?

Le resvératrol est doté de vertus antioxydantes dues en particulier aux fonctions hydroxyles de la molécule, et d’une action phytohormonale liée à sa structure stilbénique. Il est donc capable de capturer les radicaux libres ou d’inhiber la peroxydation des lipides membranaires et des lipoprotéines de faible densité (LDL).

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Les études suggèrent une action :

• préventive sur les maladies cardiovasculaires et les pathologies impliquant un processus radicalaire ou oxydatif ;

• modulatrice dans la réponse inflammatoire et dans l’apparition de certains cancers ;

• positive sur la sirtuine SIT I, impliquée dans de nombreux mécanismes liés à la longévité tant au niveau cellulaire que de l’organisme.

Quelle est son utilisation en dermocosmétique ?

Elle se justifie par une action protectrice de la peau contre les effets de stress oxydatif et par un rôle d’activateur des sirtuines, « protéines de longévité cellulaire ». Bien toléré par la peau, le resvératrol est retrouvé dans la formulation d’un nombre croissant de crèmes de soin anti-âge à des concentrations de l’ordre de 50 à 500 ppm de resvératrol titré.

Quel est son principal inconvénient ?

Il est particulièrement instable à l’air et à la lumière. Ce problème peut être résolu par une transformation réversible temporaire de la molécule (estérification, réticulation interfaciale), la protégeant de l’oxydation.

POLYPHÉNOLS ET « FRENCH PARADOX »

De nombreuses études révèlent un faible taux de risque de maladies cardiovasculaires chez les populations du sud de l’Europe consommatrices de vin rouge, et ce malgré une alimentation riche en graisse. C’est le fameux « french paradox ». Cette protection serait liée aux molécules polyphénoliques (environ 200 différentes dans le vin) dont fait partie le resvératrol. Des chercheurs de l’INSERM avaient mis en évidence l’implication de ces polyphénols dans la production d’un vasodilatateur, le monoxyde d’azote, par les cellules des parois artérielles. Ils ont tout récemment démontré que ce mécanisme impliquait l’un des récepteurs œstrogènes des cellules endothéliales, le récepteur ERα, auquel se lient les molécules de polyphénols.

Sources : thèse de doctorat de chimie organique de l’université de Strasbourg, F. Hauss, 2006, « Composés hybrides resvératrol, ω-alcanols : modulateurs de l’activation microgliale et inducteurs de la différenciation cellulaire » ; http://www.freepatentsonline.com, Method for extracting resvératrol and/or e-viniferin ; INSERM, Le resvératrol un polyphénol aux propriétés bénéfiques, 2010 ; INSERM, Le french paradox dévoilé, 2010 ; Société française des antioxydants – newsletter n° 8, sept. 2004 ; Le french paradox du vin rouge expliqué, Fondation de recherche sur l’hypertension artérielle.