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Le ginseng et les principales plantes adaptogènes

Publié le 27 octobre 2020
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Les plantes adaptogènes permettent de réguler le fonctionnement de l’organisme en augmentant la résistance au stress et à la fatigue et en améliorant les performances physiques et les capacités mentales. Parmi ces plantes, citons le ginseng, l’éleuthérocoque et la rhodiole.

Une plante adaptogène, c’est quoi ?

Le concept de plantes adaptogènes, né dans les années 1950, définit des substances capables de normaliser les fonctions corporelles, de renforcer les systèmes soumis à un stress, de protéger la santé d’une variété d’assauts environnementaux et de conditions émotionnelles.

• Mode d’action. Les plantes adaptogènes n’agissent pas d’une façon spécifique sur le plan pharmacologique. Elles ne sont ni anxiolytiques, ni anabolisantes. Leur évaluation clinique est donc complexe et les études peuvent s’avérer contradictoires ou parfois critiquables sur le plan méthodologique. Ces propriétés questionnent également les protocoles d’essais cliniques pas nécessairement adaptés à l’évaluation de ces plantes, dont les mécanismes multiples sont parfois difficilement objectivables. Les propriétés des plantes adaptogènes sont donc essentiellement reconnues sur la base d’un emploi traditionnel et d’une utilisation ancienne. La plus célèbre est le ginseng. Seront aussi abordés l’éleuthérocoque et la rhodiole.

Ginseng

• Le ginseng de Corée (Panax ginseng) est une plante herbacée de la famille du lierre grimpant (Araliaceae) qui peut faire de 30 à 50 cm. Elle est reconnaissable à ses fruits rouges disposés en ombelles globuleuses. Son usage traditionnel est ancestral en Chine, en Corée et au Japon. En médecine chinoise, le ginseng tonifie le « Qi », qui constitue « l’énergie vitale » de tous les organes. Son nom vient du chinois « jên shên », qui signifie « hommeplante » en raison de l’allure anthropomorphe de sa racine – rappelant une silhouette humaine. Panax vient du grec Pan Akos, qui a donné en français « panacée » et signifie remède universel.

• Partie utilisée. Les racines du ginseng sont employées après une croissance longue de cinq à sept ans afin de développer des teneurs intéressantes en principes actifs. Pour le ginseng de Corée, on distingue la racine simplement séchée (ginseng blanc) de celle traitée à la vapeur plusieurs heures avant d’être séchée (ginseng rouge). Ce dernier serait plus efficace et nécessiterait une posologie inférieure.

• Principes actifs. Les ginsénosides – des saponosides – sont responsables des principales propriétés médicinales du ginseng.

• Où le trouver ? Le ginseng de Corée pousse dans les forêts montagneuses d’Asie orientale mais, en raison de sa popularité, il est devenu très rare à l’état sauvage. Pour le marché occidental, il est surtout cultivé en Corée, au Japon, en Chine et en Russie.

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• Où est-elle vendue ? La racine de ginseng ne fait pas partie du monopole pharmaceutique. Elle est donc en vente libre.

Quels sont ses usages ?

En phytothérapie

• Utilisation. Les indications de la racine de ginseng sont très nombreuses. On retient son utilisation pour améliorer les capacités mentales et physiques, dans les cas de faiblesse, d’épuisement, de fatigue et de perte de concentration, ainsi que durant la convalescence.

• Posologie recommandée (ginseng blanc).

→ Dose journalière adulte : l’équivalent de 1 à 2 g de racine sèche par jour, en infusion ou sous forme de poudre, soit 200 mg par jour d’un extrait standardisé contenant 4 à 7 % de ginsénosides, en cures de plusieur s semaines, sans dépasser trois mois consécutifs.

Quelles précautions ?

• Le ginseng peut causer hypertension, nervosité et insomnies.

• Interactions médicamenteuses, notamment avec les AVK, avec baisse de l’INR.

• L’usage n’est pas recommandé chez l’enfant et la femme enceinte ou allaitante.

• Où l’acheter ? Peu vendu en plante sèche ou en poudre, le ginseng est surtout disponible en compléments alimentaires. Soyez vigilant sur la qualité, notamment la teneur en ginsénosides par unité de prise. Optez pour des laboratoires maîtrisant la traçabilité des matières premières, le ginseng étant sujet à des risques de falsification et de contamination par les pesticides et métaux lourds.

Autres adaptogènes

Éleuthérocoque

Aussi appelé ginseng de Sibérie, l’éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus) fait partie de la famille des Araliaceae comme le ginseng de Corée. Les molécules responsables de ses propriétés, également contenues dans sa racine, les éleuthérosides, sont toutefois différentes et appartiennent à plusieurs familles chimiques.

• Indications : idem au ginseng de Corée.

• Posologies. Ne pas dépasser deux mois consécutifs d’utilisation.

→ Racine, décoction 15 minutes : 0,5 à 3 g par jour.

→ Extrait fluide (1 :1)* : 0,5 à 1 cuillère à café, 2 à 3 fois par jour.

→ Extrait sec : 100 à 200 mg d’extrait, avec au moins 1 % d’éleuthéroside E, 3 fois par jour.

• Contre-indications et précautions : l’éleuthérocoque peut provoquer hypertension, nervosité, insomnies et saignements. Il est déconseillé aux moins de 12 ans, aux femmes enceintes et allaitantes, en l’absence de données.

• Interactions médicamenteuses : avec les anticoagulants, les antihypertenseurs et les hypoglycémiants.

Rhodiole

La rhodiole, ou orpin rose (Rhodiola rosea), est une plante de montagne ou des zones froides d’Arctique et d’Asie. Son nom vient de l’odeur de rose dégagée par sa racine. Elle se consomme traditionnellement pour prévenir la fatigue et le « manque d’envie au travail », augmenter l’endurance physique et prévenir le mal d’altitude.

• Indications : idem au ginseng de Corée.

• Posologies.

→ Racine hachée : en faire infuser 5 g durant 4 heures, à boire dans la journée.

→ Extraits secs ou fluides normalisés : la dose journalière recommandée correspond à la quantité d’extrait contenant entre 3 et 6 mg de rosavine.

• Contre-indications et précautions d’emploi : la rhodiole n’a pas d’effets indésirables majeurs connus. Envisager des précautions d’emploi en raison d’une activité anti-agrégante plaquettaire et chez les patients bipolaires. La déconseiller le soir pour éviter les troubles du sommeil. Elle est contre-indiquée aux enfants et aux femmes enceintes et allaitantes, en l’absence de données.

Existe-t-il d’autres ginsengs ?

• D’autres espèces du même genre, tels le ginseng de Chine (Panax notoginseng), le ginseng du Japon (Panax pseudoginseng) et le ginseng américain (Panax quinquefolius), contiennent aussi des ginsénosides et partagent certaines propriétés avec le ginseng de Corée mais leurs posologies devront alors être adaptées.

• Des plantes aux propriétés adaptogènes sont parfois qualifiées de ginseng sans pour autant en partager la composition, ni avoir les mêmes propriétés. Il faudra notamment distinguer le ginseng de Sibérie (Eleutherococcus senticosus), le ginseng de la toundra (Rhodiola rosea), le ginseng indien ou ashwagandha (Withania somnifera), le ginseng péruvien ou maca (Lepidium meyenii), ou le ginseng brésilien (Hebanthe eriantha). Le seul nom de ginseng ne suffit donc pas à bien caractériser la plante. Adapter le conseil à chaque espèce.

Ressources menacées

Du fait du succès des plantes adaptogènes pour remédier aux déséquilibres de nos modes de vie, la pression sur la ressource sauvage est forte et menace ces plantes dans leur environnement naturel. Pour éviter leur disparition, favorisez des produits assurant l’origine cultivée et l’absence de prélèvements dans le milieu naturel. Et réservez leur usage en l’absence d’alternatives.

Des questions ou des envies de sujets ? phyto@porphyre.fr

L’essentiel

Le ginseng de Corée, l’éleuthérocoque et la rhodiole sont surtout indiqués :

→ comme toniques et fortifiants dans les états de fatigue et d’asthénie, les baisses de performance et de concentration ;

→ en cas de convalescence. La partie utilisée est la racine.

Ginseng de Corée (Panax ginseng)

Tisane (infusion) ou poudre : 1 à 2 g par jour.

Extraits : équivalents à 8 à 14 mg de ginsénosides par jour.

En cures de plusieurs semaines, sans dépasser trois mois consécutifs.

Eleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus)

Extraits fluides (1:1)* : 0,5 à 1 cuillère à café, 2 à 3 fois par jour.

Extraits secs : 100-200 mg d’extrait. 1 % d’éleuthéroside E.

En cures de plusieurs semaines, sans dépasser deux mois consécutifs.

Rhodiole (Rhodiola rosea)

Infusion (4 heures) : 5 g par jour.

Extraits : correspondant à un apport de 3 à 6 mg de rosavine par jour.

(*) 1 g d’extrait fluide équivaut à 1 g de plante sèche.