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Le curcuma

Publié le 24 septembre 2020
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Le curcuma est une épice bien connue de la cuisine indienne qui entre dans la composition du curry. Il est aussi doté de propriétés médicinales, principalement à l’égard des troubles digestifs. Il serait également intéressant en cas de douleurs articulaires.

Quelle est cette plante ?

L’usage du curcuma, à la fois comme épice, colorant textile et plante médicinale, remonte à plus de 3 000 ans en Inde, où il est notamment employé en médecine ayurvédique comme dépuratif et tonique, et dans les soins de la peau. La couleur jaune-orangé intense du rhizome de curcuma, c’est-à-dire la tige souterraine, provient d’une série de molécules appelées « curcuminoïdes », dont la plus connue est la curcumine.

On retrouve aussi le curcuma en cuisine, où il entre dans la composition du curry avec d’autres épices. Il s’utilise frais dans la confection de plats ou de jus de fruits. C’est toutefois sous sa forme sèche qu’il est le plus employé. Le rhizome sec renferme entre 2 et 7 % d’huile essentielle et 3 à 6 % de curcuminoïdes.

• Où le trouver ? Le curcuma (Curcuma longa) est une plante herbacée tropicale originaire d’Inde de la même famille que le gingembre (Zingiberaceae). Il se caractérise par de grandes feuilles allongées et de grands épis de fleurs spectaculaires, mais seuls les rhizomes sont exploités. Brunâtres en surface, les tissus internes du rhizome ont une couleur jaune-orangé, une forte odeur aromatique et boisée et une saveur légèrement piquante.

• Où est-il vendu ? Rhizome et poudre ne font pas partie du monopole pharmaceutique et sont donc en vente libre.

Quels sont ses usages ?

En phytothérapie

• Utilisation. Les conclusions des études cliniques sont insuffisantes pour démontrer avec certitude certains effets chez l’être humain. L’Agence européenne des médicaments (EMA) ne reconnaît au curcuma et à la curcumine que leurs effets sur les troubles digestifs, ou dyspepsie (digestion lente, ballonnements et flatulences), sur la base de leur emploi traditionnel.

• Posologie recommandée.

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→ Poudre de curcuma : 0,5 à 1 g de poudre deux à trois fois par jour.

→ Infusion de rhizomes secs : 0,5 à 1 g par tasse, soit 150 mL, deux à trois fois par jour.

→ Extraits ou formes galéniques plus complexes : se référer aux posologies préconisées par le fabricant.

→ Dose journalière maximale recommandée : 3 mg de curcumine par kilo de poids corporel, soit 210 mg par jour.

• Une faible biodisponibilité. Relativement limitée, la biodisponibilité de la curcumine pourrait être l’une des causes des différences d’activité observées entre les modèles expérimentaux et les résultats cliniques. Des formes liposomales ou reposant sur une synergie avec la pipérine ou la bromélaïne ont été développées pour améliorer l’activité des préparations.

• Des activités prometteuses. Le curcuma a démontré en laboratoire, sur des modèles in vitro et chez l’animal, des activités antitumorales. C’est pourquoi il est parfois présenté dans les traitements adjuvants en oncologie. La prise de curcumine ou de curcuma doit toutefois être discutée avec un oncologue pour ne pas risquer d’interférer avec les protocoles mis en œuvre.

En outre, le curcuma est un puissant antioxydant et agit comme protecteur cellulaire et anti-inflammatoire. À ce titre, il entre dans de nombreuses préparations pour soulager les douleurs articulaires. Des études montrent un rôle prometteur d’adjuvant aux traitements du diabète, dans les problèmes neurodégénératifs… sans que ces effets aient pu être démontrés sur le plan clinique pour le moment.

Spécialités. Quelques spécialités homéopathiques à visée digestive contenant des extraits de curcuma en dilutions décimales (DH) sont enregistrées avec le statut de médicament : Billerol et Choleodoron. Hepatoum n’est plus commercialisée depuis septembre 2020. Tous les autres produits contenant du curcuma ou de la curcumine sont vendus sous le statut de complément alimentaire.

En aromathérapie

• Utilisation. L’huile essentielle de rhizomes de curcuma est retenue dans les indications suivantes :

→ digestion : dyspepsies, insuffisance hépatobiliaire ;

→ anti-inflammatoire et antalgique : douleurs articulaires et musculaires ;

→ antibactérienne et antifongique : staphylocoque doré, teigne ;

→ tonique : donne du tonus, de l’énergie.

• Posologies en usage local.

→ En interne chez l’adulte : 1 à 2 gouttes par jour sur un comprimé neutre, de la mie de pain, dans du miel. Ne pas dépasser cinq jours.

→ En externe: en dilution à 10 % dans une huile végétale (amande douce), à appliquer localement trois à quatre fois par jour.

→ En diffusion : pour son côté tonique et son odeur boisée.

Existe-t-il d’autres curcumas ?

Oui. Le « temœ-lawacq », ou « temu lawak », est une autre espèce de curcuma (Curcuma zanthorrhiza) originaire des Philippines. Il est employé comme épice et pour ses propriétés médicinales.

• Utilisation. En cas de troubles digestifs et de manque d’appétit.

• Posologies.

→ Rhizome séché en poudre: 2 g par jour.

→ En infusion : 0,5 à 1 g de poudre par tasse trois à quatre fois par jour.

Quelles précautions d’emploi ?

• Comme pour toute substance augmentant la production et la sécrétion de bile (cholagogue et cholérétique), curcuma et curcumine sont contre-indiqués en cas d’obstruction des voies biliaires.

• De rares cas d’hypersensibilité cutanée ont été observés après application de topiques à base de curcuma ou curcumine.

• À fortes doses, le curcuma et la curcumine peuvent provoquer des irritations au niveau de l’estomac, et sont donc déconseillés, à fortes doses, aux patients atteints d’acidité gastrique ou d’ulcères.

• Et chez l’enfant ? Il n’y a pas de contreindication pour les enfants, toutefois moins concernés par ses usages. La posologie sera à adapter selon le poids. L’Agence européenne du médicament le déconseille aux moins de 18 ans, mais uniquement par manque de données.

• L’huile essentielle de curcuma est déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes car elle est suspectée d’être abortive et neurotoxique, notamment en raison de la présence de turmérones en cas de fortes doses ou d’usage prolongé. Elle est contre-indiquée aux moins de 3 ans et aux personnes souffrant d’épilepsie.

• Hépatotoxicité douteuse. De rares cas d’hépatotoxicité ont été observés suite à la consommation régulière de compléments alimentaires avec de la curcumine ou du curcuma. Le lien entre le curcuma et cette toxicité n’a pas toujours pu être correctement établi et des soupçons pèsent sur d’autres constituants ou de possibles contaminants. Les agences sanitaires et les essais cliniques n’ont pas mis en évidence de phénomènes d’hépatotoxicité du curcuma et de la curcumine aux doses recommandées. Dans tous les cas, se tourner vers des compléments alimentaires de qualité, précisant la teneur en curcuminoïdes par exemple. Signaler tout effet indésirable pouvant être imputé à un complément alimentaire via le système de nutrivigilance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) : https://pro.anses.fr/nutrivigilance.

• Curcuma et coronavirus. L’Anses a émis, en avril 2020, un avis sur les risques liés à la consommation de compléments alimentaires pouvant interférer avec l’infection par le SARS-CoV-2. Les activités antiinflammatoires et immunomodulatrices de certaines plantes, dont le curcuma, pourraient s’avérer délétères. L’Anses recommande de suspendre la consommation dès l’apparition de signes de la Covid. Et aux personnes qui l’utilisent dans des pathologies inflammatoires chroniques de discuter avec leur médecin de la pertinence de poursuivre leur consommation.

• Où l’acheter ? En pharmacie ou en boutique diététique. Pour un usage médicinal, évitez les rayons épices, où la qualité peut parfois laisser à désirer. On le trouve de plus en plus à l’état frais.

L’essentiel

Curcuma (Curcuma longa)

Phytothérapie

La dose journalière maximale recommandée de curcumine est de 3 mg de curcumine par kilo de poids corporel, soit 210 mg/jour.

→ Dyspepsie (digestion lente, ballonnements, flatulences)

Poudre de curcuma : 0,5-1 g, 2 à 3 fois/jour.

Infusion de rhizomes secs : 0,5-1 g par tasse, soit 150 mL, 2 à 3 fois/jour.

Huile essentielle (rhizome)

→ Digestion

En interne chez l’adulte : 1 à 2 gouttes/jour sur un comprimé neutre, moins de 5 jours.

→ Douleurs articulaires et musculaires, affections cutanées

Dilution à 10 % dans une huile végétale. Appliquer localement 3 à 4 fois/jour.

→ Tonique

En diffusion atmosphérique.

Temœ-lawacq (Curcuma zanthorrhiza)

→ Digestion

Poudre : 2 g/jour.

Tisane : 0,5-1 g par tasse, soit 150 mL, 2 à 3 fois/jour.