Le chrome, l’oligoélément de l’équilibre cardiovasculaire

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Le chrome, l’oligoélément de l’équilibre cardiovasculaire

Publié le 9 novembre 2024 | modifié le 27 novembre 2024
Par Nathalie Belin
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Bénéficiant d’allégations de santé, le chrome est présent dans de nombreux compléments alimentaires destinés au contrôle de la glycémie et du poids, ou plus globalement à « l’équilibre » cardiovasculaire.

De quoi s’agit-il ?

Le chrome est un oligoélément essentiel à la régulation des métabolismes glucidique, lipidique et protéique. Cependant, il n’existe pas de seuil caractérisant un déficit ou une carence. En outre, les apports médians en chrome dans la population européenne – estimés entre 58 et 84 µg par jour chez l’adulte – sont largement couverts par diverses sources alimentaires, notamment la viande, les matières grasses, le pain, les céréales, le poisson, les légumineuses et les épices.

Quelles allégations lui sont reconnues ?

Elles sont au nombre de deux. Le chrome contribue au métabolisme normal des macronutriments et au maintien d’une glycémie normale. Par son activité de cofacteur de l’insuline, il en amplifierait l’action et jouerait aussi, par ce biais, un rôle sur le métabolisme lipidique – l’insuline y est impliquée, en particulier dans le stockage des graisses et le catabolisme des triglycérides et du LDL-cholestérol.

Que disent les études ?

Contrôle de la glycémie et des lipides. Une méta-analyse et plusieurs études suggèrent une amélioration de l’équilibre glycémique par une supplémentation en chrome (pour des apports allant jusqu’à 1 000 µg par jour durant 4 mois) chez des patients atteints de diabète de type 2. Une amélioration du profil lipidique est également rapportée. En 2021, une méta-analyse de 24 essais cliniques randomisés a conclu qu’un apport supplémentaire en chrome améliorait de manière significative le profil lipidique de patients atteints de diabète de type 2 en réduisant les triglycérides et en augmentant le HDL-cholestérol. En revanche, il n’a eu aucun impact sur le LDL-cholestérol.

Pulsions sucrées et minceur. Dans une étude clinique randomisée versus placebo qui a porté sur 113 patients souffrant de troubles de l’humeur, une supplémentation en chrome a atténué les tendances compulsives en glucides. Une méta-analyse de 2019 concernant des personnes en surpoids et obèses (1316 participants) a montré une réduction modeste du poids et du pourcentage de masse grasse chez les personnes supplémentées en chrome (400 µg par jour durant 12 semaines).

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Sport. Aucune étude ne prouve une quelconque efficacité du chrome pour favoriser le développement musculaire, bien qu’il soit fréquemment proposé dans ce cadre.

Quelles sont les doses recommandées ?

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail n’a pas défini de référence nutritionnelle pour le chrome, dont le caractère « essentiel » des apports est actuellement remis en question. L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas dépasser le seuil quotidien de 250 µg pour une supplémentation chez l’adulte, de 125 µg chez l’adolescent et de 50 µg chez l’enfant.

Quelles sont les précautions d’emploi ?

Le chrome est susceptible de potentialiser l’effet des médicaments hypoglycémiants, ce qui implique de mettre en garde les patients traités pour un diabète. Des cas isolés de toxicité hépatique, rénale et hématologique ont été rapportés pour des doses très supérieures à celles recommandées (1 200 µg par jour). La prudence est donc de mise en cas d’insuffisance rénale ou hépatique avancée.

Sources : Saisine n° 2007-SA-0315, Afssa ; allégations de santé (version 01/01/2024) et recommandations sanitaires 2019, DGCCRF ; « Effect of chromium supplementation on glucose metabolism and lipids: a systematic review of randomized controlled trials » et « Elevated intakes of supplemental chromium improve glucose and insulin variables in individuals with type 2 diabetes », Diabetes, 1997 ; « Effects of chromium supplementation on lipid profile in patients with type 2 diabetes: asystematic review and dose-response meta-analysis of randomized controlled trials », Journal of trace elements in medicine and biology, 2021 ; « A double-blind, placebo-controlled, exploratory trial of chromium picolinate in atypical depression: effect on carbohydrate craving », Journal of psychiatric practice, 2005 ; « A meta-analysis of the effect of chromium supplementation on anthropometric indices of subjects with overweight or obesity », Clinical Obesity, 2019 ; Chromium picolinate toxicity, Case reports, 1998.

Dans les compléments alimentaires

Le chrome est souvent associé à des antioxydants et à des composants qui ciblent l’excès de poids, mais aussi à des plantes, ou à leurs dérivés, traditionnellement utilisées pour leur effet bénéfique sur la glycémie.

La biodisponibilité du chrome est augmentée par l’acide ascorbique et diminuée par les anti-acides.