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Le chardon Marie

Publié le 8 novembre 2018
Par Chantal Ollier
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Exemple d’une plante réputée fébrifuge et anti-hémorragique, qui a réussi son passage dans la thérapeutique moderne.

PRINCIPAUX CONSTITUANTS

Flavonolignane peu soluble dans l’eau, appelé silymarine (min 1,5 %) : mélange de silybines ou silibinines A et B (50 à 60 %), silydianine (10 %), silychristines A et B (20 %), isosilibinines A et B (5 %).

Flavonoïdes : apigénine, chrysoériol, taxifoline, quercétine.

Huile grasse (20 à 30 %) : acides linoléique et oléique.

Phytostérols (0,2 à 0,6 %) dont bêta-sitostérol.

MÉCANISMES D’ACTION

Ses propriétés sont attribuées à la silymarine et plus particulièrement à la silibinine. Principalement : – effet hépatoprotecteur, résultant d’une action antiradicalaire et antioxydante, d’une stabilisation des membranes cellulaires, d’une action anti-inflammatoire, d’une stimulation de la régénération des hépatocytes ;

– action antifibrosique ;

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– effet immunomodulateur dose dépendant (immunostimulant à faible dose, immunosuppresseur à forte dose) ;

– propriétés anti-athérogènes ;

– protection d’autres organes (rein, peau, cœur, poumon, SNC dont dégénérescence liée à l’âge) par effet antioxydant.

Toutes les études cliniques ont été réalisées avec des extraits titrés en silymarine. Très nombreuses, seules quelques unes répondent aux critères actuels de bonnes pratiques cliniques. Elles permettent toutefois de retenir :

– dans les hépatites alcooliques avec ou sans cirrhose, iatrogènes, dues à des toxiques industriels, à la phalloïdine et dans les stéatoses d’origine alcoolique ou non : amélioration des symptômes subjectifs (jaunisse, fatigue, anorexie) corrélée ou non à une amélioration des paramètres biologiques (transaminases, gamma GT) et à une réduction de la fibrose. La mortalité globale n’est le plus souvent pas modifiée,

mais la mortalité par atteinte hépatique

est diminuée en cas d’hépatite alcoolique (sauf dans une étude de très haute qualité).

– dans les hépatites virales chroniques (B ou C) : amélioration de l’état général mais sans modification de la charge virale ou de la mortalité globale.

– si calculs biliaires (une étude à confirmer) : diminution de l’excrétion biliaire de cholestérol sans dilution de la bile.

– dans le diabète secondaire à une cirrhose alcoolique : baisse de la glycémie, de l’hémoglobine glyquée, de la résistance à l’insuline et des besoins en insuline.

POSOLOGIE

Chez l’adulte :

– troubles dyspeptiques : 3 à 5 g de fruits écrasés (1 c à c rase = 3,5 g) pour 1 tasse d’eau froide. Porter rapidement à ébullition puis laisser infuser 10 à 20 min, 2 à 3 tasses par jour avant les repas ;

– troubles fonctionnels digestifs d’origine hépatique : extrait sec titré pour une dose journalière équivalente à 200 à 400 mg de silymarine exprimée en silibinine à prendre avant les repas.

Si les symptômes persistent au-delà de 2 semaines, une consultation s’impose.

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI, CONTRE- INDICATIONS

Contre-indication en cas d’allergie aux Asteraceæ.

Déconseillé en cas de grossesse, allaitement et chez les moins de 18 ans faute de données de sécurité suffisantes.

EFFETS INDÉSIRABLES

Possibilité de troubles gastro-intestinaux légers, maux de tête, réactions allergiques.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Non rapportées. 

Sources : European Union herbal monograph. Assessment report on Silybum marianum (L.) Gaertn., fructus. 2016; EMA/HMPC/294188/2013. Gu M, Zhao P et coll. Silymarin ameliorates metabolic dysfunction associated with diet-induced obesity via activation of farnesyl X receptor. Frontiers in Pharma. 2016;7:345. Meyer-Buchtela E. Tee-Rezepturen , Deut. Apo. Verlag, 1999. Wichtl M, Anton R. P lantes thérapeutiques , é d. Tec. Doc., 2003.

FICHE TECHNIQUE

Nom latin :Silybum marianum (L) Gaertn (syn Carduus marianus L).
Famille :Asteraceæ.
Partie utilisée : fruit séché.
Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne (un extrait sec est également décrit).
Propriétés : – anti-oxydantes, – hépatoprotectrices, – antifibrosiques, – immunomodulatrices, – antiathérogènes.
Indications traditionnelles : – soulagement des dyspepsies et troubles digestifs d’origine hépatique après exclusion par un médecin d’une pathologie sévère, – un usage bien établi dans le traitement complémentaire des maladies hépatiques d’origine alcoolique n’a pas été retenu en raison d’un manque de cohérence des données scientifiques (pharmacologiques et cliniques).

unpict/iStockphoto