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Le chardon Marie

Publié le 18 janvier 2021
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Les fêtes de fin d’année sont souvent synonymes d’excès alimentaires. La phytothérapie peut aider nos organismes à s’en remettre. Parmi les principales plantes utiles, partons à la découverte du chardon Marie.

Quelle est cette plante ?

• Le chardon Marie (Silybum marianum) est une plante herbacée très robuste de la famille des Asteraceae pouvant atteindre 1,70 m de haut. Ses feuilles vert clair luisantes sont facilement reconnaissables aux marbrures blanches qui suivent leurs nervures. Elles sont également bordées d’épines jaunâtres particulièrement acérées. Les fleurs sont rose pourpre et organisées en capitules un peu semblables à ceux d’un artichaut, mais avec des bractées – les feuilles de l’inflorescence – se terminant par une épine. Les fruits sont noirs et luisants, plus ou moins marbrés de jaune, finement ridés et surmontés d’une aigrette de soies qui permet leur dissémination par le vent.

• Un peu d’histoire… Une légende médiévale raconte que la Vierge Marie voulant cacher son enfant aux soldats d’Hérode l’aurait placé dans un bosquet de chardons. En lui donnant le sein, des gouttes de lait seraient tombées sur les feuilles et seraient depuis responsables de leurs marbrures caractéristiques. C’est pour cette raison que la plante tient son nom de chardon Marie.

• Où le trouver ? Fréquent dans la moitié sud de la France, le chardon Marie est beaucoup plus rare au nord de la Loire. Il peut y pousser mais en général sous forme cultivée. Il apprécie les lieux ensoleillés et secs, et les lieux « incultes » comme les terrains vagues ou les friches agricoles.

• Où est-il vendu ? Les feuilles et le fruit du chardon Marie sont inscrits à la liste A de la pharmacopée française, et font donc partie du monopole pharmaceutique. Ils sont toutefois autorisés à entrer dans la formulation de compléments alimentaires.

Quels sont ses usages ?

En phytothérapie

• Utilisation : le chardon Marie est employé pour soulager les problèmes digestifs, le sentiment de lourdeur digestive, les indigestions et aider au bon fonctionnement du foie. Il possède une action cholérétique et cholagogue (qui stimule respectivement la production et la sécrétion de la bile), facilitant ainsi la digestion des aliments riches en matières grasses, et contribue à faire baisser la cholestérolémie. Le chardon Marie exerce aussi un effet hépatoprotecteur permettant de prendre en charge certaines hépatites virales ou toxiques, stéatoses hépatiques, mais dans ce cas, son emploi doit faire l’objet d’un suivi médical.

• Partie utilisée : c’est surtout le fruit séché qui est employé. Les feuilles peuvent également l’être mais plus rarement.

• Principes actifs : l’activité du chardon Marie est principalement liée à la présence de silymarine, qui est un mélange de plusieurs molécules de la famille des flavanolignanes (majoritairement constituée de silibinine, mais aussi silicristine, silidianine…). Ces composés étant peu solubles dans l’eau, la forme tisane, pourtant traditionnelle, n’est pas la plus efficace.

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• Comment l’acheter ? Deux spécialités à base de chardon Marie sont enregistrées avec un statut de médicament : Légalon en comprimés contenant 70 mg d’extrait sec de chardon Marie et Arkogélules chardon Marie en gélules contenant 390 mg de poudre de fruits. Les autres formes commerciales ont le statut de compléments alimentaires, sous forme de gélules, d’ampoules ou de solutions buvables à base de poudre ou d’extraits de chardon Marie, parfois associé à d’autres plantes agissant également sur la sphère hépatique ou l’élimination digestive.

• Posologie recommandée.

→ Chez l’adulte

Tisane : faire une décoction de 3 à 5 g de fruits broyés avant emploi pour une tasse de 150 mL, à boire deux à trois fois par jour. La silymarine étant faiblement soluble dans l’eau, environ 25 %, la tisane n’est pas la meilleure forme.

Légalon : 2 comprimés deux à trois fois par jour.

Arkogélules : 1 gélule trois fois par jour avant les repas. Au maximum, 5 gélules par jour.

Compléments alimentaires : se référer aux indications du fabricant selon le type d’extraits et la concentration.

→ Chez l’enfant

L’utilisation n’est pas recommandée par manque de données cliniques.

• Contre-indications et précautions d’emploi : le chardon Marie et les extraits dérivés sont très sûrs d’utilisation. Des traitements à doses importantes et sur une période prolongée n’ont pas révélé d’effets secondaires majeurs. Son recours pendant la grossesse ou l’allaitement ne semble pas problématique, mais aucune étude d’innocuité ne l’a démontré. Par ses effets sur le métabolisme hépatique, le chardon Marie peut favoriser le métabolisme hépatique de certains médicaments.

• Un antidote : la silibinine extraite du chardon Marie est utilisée, conjointement à l’acétylcystéine, en cas d’intoxication à l’amanite phalloïde et de syndrome phalloïdien. Ce traitement fait l’objet d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) nominative en milieu hospitalier et est en cours d’évaluation. Il ne s’agit pas d’un véritable antidote mais ce traitement, en raison de son activité hépatoprotectrice, réduirait la mortalité des cas les plus graves.

Autre chardon

Le chardon Marie ne doit pas être confondu avec le chardon béni (Cnicus benedictus), lui aussi utilisé en phytothérapie bien que moins couramment. Ce dernier est aussi un chardon de la région méditerranéenne mais ses tiges rouges, ses feuilles assez coriaces, avec une nervure blanche sur la face inférieure et ses fleurs jaunes apparaissant en été, ne permettent aucune confusion sur le plan botanique. Il pousse également sur des sols arides et pierreux. Son utilisation médicinale est quelque peu tombée en désuétude.

• Où est-il vendu ? Le chardon béni n’est plus inscrit à la pharmacopée française depuis la XIe édition, il est donc en vente libre.

• Partie utilisée : les parties aériennes.

• Principes actifs : des lactones sesquiterpéniques, également appelées « principes amers ».

• Indications principales : le chardon béni possède des propriétés apéritives – stimulation de l’appétit – en raison de son amertume. La sensation amère provoque une activité réflexe qui stimule les sécrétions digestives, favorisant l’appétit et aidant à la digestion.

• Posologie : réaliser une infusion de 1,5 à 2 g de parties aériennes de chardon béni (1,5 à 2 cuillères à café) par tasse pendant 5 à 10 minutes. Boire une tasse non sucrée avant les repas.

• Contre-indications et précautions d’emploi : la plante est à éviter en cas d’allergie au chardon béni ou autres astéracées. Elle serait légèrement toxique mais son amertume limite les risques. À de fortes doses, elle peut causer des vomissements et des diarrhées. Elle est contre-indiquée au cours de la grossesse.

Des questions ou des envies de sujets ? phyto@porphyre.fr

L’essentiel

Chardon Marie

Les fruits de chardon Marie (Silybum marianum) sont utilisés :

→ en cas de problèmes digestifs, d’indigestions ;

→ pour stimuler la production et la sécrétion de bile.

Adultes

Tisane : décoction de 3 à 5 g de fruits broyés, deux à trois fois par jour. La tisane n’est pas la forme la plus adaptée.

Légalon : 2 comprimés deux à trois fois par jour.

Arkogélules : 1 gélule trois fois par jour avant les repas, maximum 5 gélules par jour.

Compléments alimentaires : se référer aux indications du fabricant.

Enfants : non recommandé par manque de données.

→ Pour son rôle hépatoprotecteur dans les hépatites virales ou toxiques, les stéatoses hépatiques avec suivi médical.

Chardon béni

Les parties aériennes de chardon béni (Cnicus benedictus) sont surtout utilisées :

→ pour leurs propriétés apéritives, stimulant la digestion.

Adultes

Tisane : infusion de 1,5 à 2 g de parties aériennes par tasse. Boire 1 tasse d’infusion non sucrée avant les repas.

Attention : contre-indiqué chez la femme enceinte.