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L’artichaut

Publié le 29 novembre 2023
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Les excès alimentaires sont monnaie courante au moment des fêtes. L’occasion de nous intéresser à l’artichaut, une plante qui aide à la fois à la digestion des repas riches, mais aussi l’organisme à se remettre de ces écarts.

Quelle est cette plante ?

L’artichaut (Cynara scolymus) est une plante alimentaire cultivée depuis l’Antiquité. La forme que l’on connaît de nos jours dérive probablement, après un long travail de sélection variétale, du cardon (Cynara cardunculus) qui serait initialement originaire d’Afrique de l’Est. C’est une plante herbacée vivace dotée d’un puissant système racinaire. Ses feuilles, d’un vert grisâtre en raison de la présence de nombreux poils blanchâtres, sont disposées en rosettes. Elles sont très découpées et fortement nervurées et peuvent atteindre près d’un mètre. La tige, dressée et ramifiée, porte des fleurs bleu violacé organisées en capitules pouvant atteindre dix centimètres de diamètre. Le réceptacle charnu, entouré de nombreuses bractées, feuilles modifiées situées à la base de l’inflorescence, constitue la partie consommée comme légume. Les fruits sont des akènes brun foncé couronnés d’une aigrette blanche semblables à ceux du chardon-Marie.

• Où le trouver ? L’artichaut est essentiellement cultivé et inconnu à l’état sauvage. L’Italie en est le premier producteur mondial. Sa culture est en général bien présente sur le reste du bassin méditerranéen, mais il est également cultivé en Amérique du Sud, en Chine et aux États-Unis. En France, l’artichaut est principalement produit en Bretagne et dans les Pyrénées-Orientales.

• Quand le récolter ? On récolte en général les feuilles de l’artichaut lors de sa première année de plantation, avant le développement de la tige et sa floraison.

• Où est-il vendu ? La feuille d’artichaut est inscrite à la liste A des plantes médicinales de la Pharmacopée française et fait l’objet d’un monopole pharmaceutique. Elle peut toutefois rentrer dans la composition des compléments alimentaires. L’inflorescence d’artichaut, elle, n’est pas considérée comme médicinale, mais uniquement alimentaire. Cet exemple souligne bien l’importance de parler de « drogues médicinales ». Ce terme englobe à la fois l’identification botanique précise d’une ou plusieurs espèces associée à la ou les parties de la plante porteuses d’une activité. Cette notion est importante puisque les différentes parties d’une même plante peuvent à la fois avoir différentes propriétés et bénéficier de différents statuts : médicinal, alimentaire…

Quels sont ses usages ?

• Utilisation. La feuille d’artichaut possède principalement des vertus digestives. Elle est intéressante en cas de troubles dyspeptiques pour diminuer les symptômes comme la sensation de plénitude, les ballonnements et les flatulences. L’action de la feuille d’artichaut s’exerce surtout au niveau hépatique en favorisant la production et la sécrétion de la bile grâce à ses propriétés cholérétiques et cholagogues*. Son amertume marquée entraîne également de manière réflexe la production d’autres sucs digestifs permettant une bonne digestion.

L’action hépatobiliaire de la feuille d’artichaut peut être intéressante en cas d’hyperlipidémie modérée en raison d’une légère action hypocholestérolémiante et hypotriglycéridémiante. Elle peut donc s’avérer intéressante, en complément d’autres mesures, notamment diététiques, en cas de syndrome métabolique, d’obésité ou de terrains athéromateux. Elle présente aussi une activité diurétique modérée qui soutient le drainage de l’organisme et favorise l’élimination.

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• Partie utilisée. Les feuilles d’artichaut médicinales.

• Principes actifs. Les feuilles d’artichaut contiennent principalement :

→ des lactones sesquiterpéniques : cynaropicrine, cynaroscolosides… Anciennement qualifiées de « substances amères », elles sont à la fois responsables des propriétés cholérétiques, cholagogues et hépatoprotectrices mais également de la forte amertume et des éventuelles manifestations allergiques associées à la plante ;

→ des acides phénoliques, en particulier la cynarine et des dérivés de l’acide caféique ;

→ des flavonoïdes : cynaroside, scolymoside… ;

→ des acides organiques : malique, succinique, fumarique, citrique… L’ensemble de ces constituants agit globalement de manière synergique.

• Posologies recommandées.

→ Tisane : réaliser une infusion pendant dix minutes de 3 g de feuilles pour une tasse de 150 ml à prendre une à deux fois par jour.

Attention, cette tisane, très efficace pour stimuler la sécrétion des sucs digestifs, est très amère, il vaut mieux prévenir en cas de conseil !

Pour une action digestive, il vaut mieux la boire quinze à vingt minutes avant un repas particulièrement riche.

→ Poudre de plante : 600 à 1 500 mg par jour en deux à quatre fois.

→ Extrait sec : 200 mg, trois à cinq fois par jour, de préférence avant les principaux repas.

→ Médicaments : la plupart des médicaments à base de plantes contenant de l’artichaut ont été supprimés et parfois remplacés par des compléments alimentaires. Seul Chophytol comprimé et

• Contre-indications et précautions d’emploi. Comme toutes les plantes dotées de propriétés cholérétiques et cholagogues, la feuille d’artichaut est contre-indiquée en cas de calculs biliaires, d’insuffisance hépatique grave, d’inflammation ou d’obstruction des voies biliaires. En raison de la présence de lactones sesquiterpéniques, la feuille d’artichaut peut conduire, dans de rares cas, à des manifestations allergiques. L’allergie à la plante ainsi qu’à d’autres espèces de la famille des astéracées constitue une contre-indication. Des effets indésirables digestifs à types de diarrhées mineures associées à des spasmes digestifs, nausées et douleurs épigastriques ont pu être observés dans de très rares cas. L’utilisation chez l’enfant de moins de 12 ans, la femme enceinte et allaitante est déconseillée, essentiellement par manque de données.

• Associations. L’artichaut peut être employé en phytothérapie, conjointement avec d’autres plantes pour exercer des activités complémentaires comme :

→ favoriser la digestion : Achillée millefeuille (Achillea millefolium), Angélique (Angelica archangelica), Mélisse (Melissa officinalis), Menthe poivrée (Mentha x piperita), Origan (Origanum vulgare), Romarin (Rosmarinus officinalis) … ;

→ favoriser le fonctionnement hépatique : chardon-Marie (Silybum marianum), radis noir (Raphanus niger), pissenlit (Taraxacum officinale), romarin (Rosmarinus officinalis)… ;

→ en accompagnement de la prise en charge d’un syndrome métabolique : chicorée (Cichorium intybus), ail (Allium sativum), hibiscus (Hibiscus sabdariffa), aubier de tilleul (Tilia cordata)

En infusion, ces plantes permettent également de réduire la forte sensation d’amertume de la feuille d’artichaut. Il ne faut pas non plus hésiter à utiliser des plantes correctrices de goût (annexe II de la monographie Mélanges pour tisanes pour préparations officinales) afin de rendre l’utilisation plus agréable et favoriser la bonne adhésion au traitement.

*Cholérétique et cholagogue : respectivement responsables de l’augmentation de la production et de la sécrétion de bile.

Des questions ou des envies de sujets ? Envoyez vos demandes par mail à : phyto@porphyre.fr

L’essentiel

Les feuilles d’artichaut sont principalement utilisées pour leurs propriétés :

→ digestives ;

→ hépatobiliaires ;

→ hypolipémiantes ;

→ diurétiques.

Adulte et enfant > 12 ans :

Tisane : infusion (10 minutes) de 3 g de feuilles par tasse, 1 à 2 fois par jour, 15-20 minutes avant les repas.

Poudre de plante : 600 à 1 500 mg/jour en 2 à 4 fois.

Extrait sec : 200 mg, 3 à 5 fois/jour.

Contre-indications et précautions d’emploi : contre-indiquées en cas de calculs biliaires, d’insuffisance hépatique grave, d’inflammation ou d’obstruction des voies biliaires. Rares cas d’allergies à la plante, croisée ou non avec les autres astéracées.

Rares effets indésirables digestifs : diarrhées, spasmes, nausées… Déconseillées chez l’enfant de moins de 12 ans, la femme enceinte et allaitante par manque de données.