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La phytothérapie des douleurs articulaires
Les articulations qui font souffrir font partie des demandes de conseil fréquentes au comptoir. Voyons les principales de conseil fréquentes au comptoir. solutions que la phytothérapie propose pour soulager en automédication et préserver les ressources naturelles.
Douleurs articulaires
Qualifiées de « rhumatismes » dans le langage courant, les douleurs articulaires sont présentes dans plusieurs pathologies.
• Dans l’arthrose, la douleur est associée à une certaine raideur au niveau de l’articulation. Elle correspond à une destruction progressive du cartilage avant de s’étendre à toutes les structures de l’articulation, notamment l’os et le tissu synovial. La douleur, d’origine mécanique, s’aggrave lors de l’utilisation de l’articulation et s’améliore par le repos. Phases chroniques, avec gêne variable et douleur modérée, et crises aiguës, marquées par une douleur vive et une inflammation de l’articulation, se succèdent.
• Dans l’arthrite, la douleur est majorée par le repos et s’améliore avec le mouvement. Cette inflammation de l’articulation, chronique ou aiguë, est liée à des facteurs infectieux, traumatiques, immunitaires…
• Dans la goutte, une réaction inflammatoire, souvent très douloureuse, est associée à un dépôt d’acide urique au niveau de certaines articulations, le plus souvent le gros orteil. Certaines approches de phytothérapie sont communes telles que le soulagement des autres douleurs articulaires, avec actions anti-inflammatoire et drainante.
Modalités d’action de la phytothérapie
La prise en charge des douleurs articulaires en phytothérapie repose sur trois mécanismes complémentaires. Certaines plantes agissent sur plusieurs de ces composantes mais il pourra être intéressant d’en associer pour favoriser une action synergique.
• L’action anti-inflammatoire est recherchée pour soulager la douleur au moment des crises. Elle s’avère intéressante en traitement de fond pour éviter leur survenue. Cette action anti-inflammatoire générale peut s’accompagner d’une action locale via un massage léger avec des huiles ou des pommades.
• Action reminéralisante. Des plantes reminéralisantes peuvent aider à retarder la destruction du cartilage et à diminuer certains symptômes de l’arthrose.
• Action drainante. Les douleurs articulaires sont surtout liées à des mécanismes inflammatoires qui entraînent la production de molécules pro-inflammatoires et de déchets métaboliques. En stimulant les fonctions d’élimination rénale, des plantes peuvent contribuer à réduire ces facteurs.
Plantes antiinflammatoires
• Harpagophytum (Harpagophytum procumbens). Il doit ses propriétés anti-inflammatoires aux harpagosides, molécules de la famille des iridoïdes. La plante, victime de sa consommation de masse, a failli disparaître de sa zone d’endémie d’Afrique australe. Malgré sa mise en culture et la protection de la ressource, les populations sauvages sont pillées pour satisfaire l’appétit du marché mondial. Cet attrait provoque aussi des contrefaçons et des malfaçons et les compléments alimentaires qui en contiennent sont assez souvent sous-dosés et peu efficaces aux doses préconisées. Il peut être intéressant de conseiller d’autres plantes au statut environnemental moins critique.
Tisane : infusion prolongée (8 h) de 4,5 g de plante dans 500 mL, à boire dans la journée. Poudre : 435 mg, 3 fois par jour.
• Scrofulaire noueuse (Scrophularia nodosa). Elle pousse spontanément et se cultive sous nos latitudes. Alternative à l’harpagophytum en raison de la présence d’harpagosides, elle constitue une ressource plus durable et locale mais peut provoquer des troubles digestifs à forte dose. Elle est contre-indiquée chez la femme enceinte et allaitante, en cas d’ulcère gastro-duodénal et d’insuffisance cardiaque sévère. Elle est à réserver aux crises aiguës et ne doit pas être prise sur le long terme.
Tisane : infusion de 2 à 8 g par tasse (150 mL), 1 fois par jour (goût désagréable). Teinture : 2 à 4 mL, 2 fois par jour.
• Cassis (Ribes nigrum). Ses feuilles et ses bourgeons présentent des propriétés anti-inflammatoires intéressantes associées à un effet drainant.
Tisane : infusion de 2 à 4 g par tasse (150 mL), 3 fois par jour. Poudre : 340 mg, 3 à 5 fois par jour.
• Reine-des-prés (Filipendula ulmaria). En plus de son action anti-inflammatoire, la sommité fleurie de reine-des-prés, par sa richesse en acides phénoliques et en flavonoïdes, favorise l’élimination urinaire et a donc une action drainante bienvenue. En raison de la présence de salicylate de méthyle, elle est déconseillée en cas d’allergie aux dérivés salicylés. Tisane : infusion (60 °C) de 3 à 6 g par tasse (150 mL), 2 à 3 fois par jour. Poudre : 250 à 500 mg, jusqu’à 3 fois par jour.
• Arnica (Arnica montana). Elle soulage contusions et hématomes mais exerce aussi une action anti-inflammatoire en application externe de crème ou de gel pour apaiser les articulations douloureuses. Préférer les formes contenant 20 % ou plus de teinture.
• Oliban (Boswellia serrata). L’encens oliban, comme la myrrhe, connaît un certain engouement autour de ses propriétés anti-inflammatoires. Ces exsudats récoltés sur des arbustes par blessure de leur écorce subissent une pression importante alors qu’ils sont considérés comme quasi menacés ou vulnérables au niveau international. Mieux vaut s’intéresser aux alternatives plutôt que de promouvoir leur usage.
• Curcuma (Curcuma longa). Il présente un effet antioxydant et anti-inflammatoire intéressant dans les douleurs articulaires.
Tisane : infusion de 0,5 à 1 g par tasse (150 mL), 2 à 3 fois par jour. Poudre : 0,5 à 1 g, 2 à 3 fois par jour. Curcumine : au minimum 400 à 600 mg par jour.
Plantes reminéralisantes
On privilégiera les poudres de plantes, en général bien plus riches en minéraux que la tisane ou les extraits. Le silicium a une action favorable sur la synthèse de collagène, qui constitue la trame du cartilage et le rend plus résistant. Le calcium favorise l’équilibre acido-basique, malmené par la réaction inflammatoire. En stimulant le fonctionnement rénal, les minéraux, notamment le potassium, contribuent également à l’action drainante de ces plantes.
• Prêle des champs (Equisetum arvense). Elle contient jusqu’à 10 % de silicium organique et autres minéraux.
Tisane : infusion de 1 à 4 g par tasse (150 mL), 3 à 4 fois par jour. Poudre : 500 mg, 3 fois par jour.
• Ortie (Urtica dioica). Sa feuille est riche en minéraux et aurait de légers effets anti-inflammatoires.
Tisane : infusion de 2 à 4 g par tasse (150 mL), 3 à 6 fois par jour. Poudre : au moins 500 mg, 3 fois par jour.
• Lithothamne (Phymatolithon calcareum). Cette algue rouge est très riche en calcium et autres minéraux sous forme biodisponible. Sa récolte fragilise les écosystèmes marins, se reporter sur une alternative.
Poudre : 750 mg, 2 fois par jour.
• Bambou géant (Bambusa arundinacea). L’extrait apporte une quantité importante de silice. Il est suspecté d’effets hormonaux et abortifs, d’où sa contre-indication chez la femme enceinte et allaitante.
Extrait : dose permettant un apport journalier équivalent à 200 à 500 mg de silice.
Plantes drainantes
Toutes les plantes aux propriétés diurétiques sont intéressantes. Néanmoins, certaines, en raison d’autres propriétés, notamment anti-inflammatoires, s’avèrent plus utiles. Parce qu’elles stimulent le fonctionnement rénal, il faut les accompagner d’une hydratation suffisante.
• Frêne (Fraxinus excelsior), ou « arbre des centenaires ». Il présente des propriétés drainantes et légèrement anti-inflammatoires par la présence d’iridoïdes.
Tisane : infusion de 20 g de feuilles par litre, à boire dans la journée.
• Bouleau pubescent (Betula pubescens). Sa feuille favorise efficacement l’élimination urinaire d’eau.
Tisane : infusion de 2 à 3 g par tasse (150 mL), 3 à 4 fois par jour. Poudre : 650 mg, 2 fois par jour.
• Solidage verge d’or (Solidago virgaurea). Il possède un effet diurétique intéressant et de légères propriétés anti-inflammatoires.
Tisane : infusion de 3 à 5 g par tasse (150 mL), 2 à 4 fois par jour.
Gemmothérapie
Ce courant de la phytothérapie est basé sur l’utilisation d’extraits de tissus embryonnaires, en particulier de bourgeons. L’extraction est en général réalisée par un mélange d’eau, d’alcool et de glycérine, d’où le terme de macérats glycérinés de bourgeons. Les macérats mères, ou macérats concentrés, sont plutôt employés en phytothérapie, tandis que ceux dilués au 1DH le sont en fonction d’une approche davantage homéopathique. Selon les produits, à statut de complément alimentaire, les posologies nécessitent d’être ajustées : de 5 à 15 gouttes par jour pour les macérats concentrés et de 30 à 50 gouttes pour les macérats 1DH.
• Bourgeon de cassis. Il est le plus utilisé pour soulager les douleurs articulaires, avec des effets anti-inflammatoires intéressants. En raison d’un effet « cortisone-like », le prendre plutôt le matin pour éviter un impact négatif sur le sommeil.
• Bourgeon de pin. Il est indiqué dans les problèmes ostéo-articulaires. Il aurait une action anti-inflammatoire et reminéralisante qui l’indique largement dans les douleurs articulaires diverses.
• Bourgeon de bouleau pubescent. Il aide à diminuer les douleurs articulaires, tout en favorisant l’élimination urinaire.
• Bourgeon de frêne. Comme celui de bouleau, il présenterait des propriétés anti-inflammatoires et drainantes intéressantes.
Aromathérapie
Certaines huiles essentielles (HE) affichent des propriétés anti-inflammatoires locales intéressantes pour des massages doux au niveau des articulations douloureuses en complément des autres approches, en particulier en période de crise inflammatoire.
Les huiles essentielles sont diluées en général à 10 % maximum dans une huile végétale de calophylle inophyle ou de sésame, qui assurent une bonne pénétration en profondeur. Appliquer 2 à 3 fois par jour en respectant les contre-indications.
• Romarin à camphre (Rosmarinus officinalis camphoriferum) : contre-indiqué en cas d’allergie au camphre, d’épilepsie ou chez la femme enceinte ou allaitante.
• Gaulthérie couchée (Gaultheria procumbens) : contre-indiquée en cas de troubles de la coagulation (effet antiagrégant plaquettaire), d’allergie aux salicylés, chez la femme enceinte ou allaitante.
• Eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora) : pas de contre-indication en externe.
• Genévrier commun (Juniperus communis) : diluer à 3 % d’huile essentielle au maximum dans une huile végétale pour éviter les phénomènes d’irritation. Il est contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale.
Tisane pour le bien-être des articulations
Les mélanges pour tisane réalisés à l’officine sont codifiés par une monographie à la pharmacopée française (nous y reviendrons dans un prochain numéro). Il peut être intéressant de proposer un mélange comportant des plantes aux propriétés anti-inflammatoires, reminéralisantes et drainantes. Le mélange devra satisfaire aux critères de la pharmacopée, être cohérent sur le plan thérapeutique et, dans la mesure du possible, agréable à la vue et au goût pour favoriser l’observance d’une tisane qui sera probablement employée sur le long terme, tout en restant financièrement accessible.
Voici un exemple de mélange.
→ Frêne Fraxinus excelsior (feuille) 50 g
→ Cassis Ribes nigrum (feuille) 30 g
→ Ortie Urtica dioïca (feuille) 20 g
→ Sureau Sambucus nigra (fleur) 10 g
→ Reine-des-prés Filipendula ulmaria (sommité fleurie) 10 g
Cette infusion peut être prise sous forme de cures à long terme, à raison de 1 à 3 tasses par jour. Elle est contre-indiquée aux personnes allergiques aux dérivés salicylés en raison de la présence de reine-des-prés.
Vers une approche écoresponsable durable
Une bonne partie des plantes médicinales est largement prélevée à l’état sauvage. Nos pratiques peuvent avoir de fortes conséquences sur la biodiversité.
C’est le cas des plantes dont on récolte des ressources non renouvelables, comme les racines ou le bois, ou sur lesquelles la pression de cueillette est trop forte pour assurer le renouvellement des populations naturelles. Les huiles essentielles nécessitent de grandes quantités de plantes en raison d’un processus de concentration important lors de la distillation. Il faut environ 1 kg de plantes pour produire 10 mL d’huile essentielle, parfois beaucoup plus. On assiste au déclin d’espèces déjà lourdement impactées par le changement climatique et les activités humaines. Les conditions sociales de production et de récolte de ces ressources, la plupart exotiques, sont aussi souvent discutables. Le Manuel de phytothérapie écoresponsable, du Dr Aline Mercan (Éd. Terre vivante), approfondit ces réflexions, qui devraient guider le conseil dans une approche plus globale et plus durable de la santé.
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