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La passiflore

Publié le 18 décembre 2021
Par Chantal Ollier
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Les Cherokees, Indiens d’Amérique, utilisaient sa racine en usage local et ce n’est qu’à la moitié du XIXe siècle que des médecins américains découvrirent les propriétés sédatives de la passiflore.

Description

Plante grimpante tropicale ou subtropicale répandue dans toute l’Amérique, la passiflore peut atteindre plusieurs mètres de haut. Sa tige cylindrique et creuse porte des feuilles alternes dentelées sur les bords et profondément trilobées. Les vrilles naissent à l’aisselle des feuilles. Les botanistes ont voulu voir dans ses fleurs solitaires de grande taille (9 cm de diamètre) les éléments de la Passion du Christ, d’où son nom. Les fruits de forme ovale, aplatis, mesurent de 4 à 5 cm de long.

Principaux constituants

• Flavonoïdes (minimum 1,5 %) : C- et di C-hétérosides de flavones (isovitexine, vitexine, orientine, schaftoside, vicenine-2, etc.).

• Glucoside cyanogénétique : gynocardine.

• Alcaloïdes de type β-carboline (traces) : harmane, harmine, harmol.

• Une pyrone (0,05 %) : maltol qui pourrait n’être qu’un artefact.

• Autres : acides phénols, coumarine, polysaccharides, traces d’huile essentielle.

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• Benzoflavone trisubstituée de structure chimique imprécise et dont la présence est incertaine selon l’origine géographique.

Mécanisme d’action

• Si les propriétés de la passiflore sont bien établies, la science peine encore à en identifier les principes actifs.

• L’action sédative est marquée par un raccourcissement du délai d’endormissement et un allongement du sommeil lent profond ; le temps de sommeil paradoxal tend à se réduire.

• L’effet anxiolytique serait lié à un effet agoniste sur les récepteurs Gaba A (flavonoïdes, benzophénone) et serait plus marqué avec des extraits hydroalcooliques qu’avec des extraits aqueux.

• Des propriétés anticonvulsivantes et antispasmodiques sont démontrées.

• Une progression favorable de la mémoire et des fonctions d’apprentissage est relevée après administration répétée, conséquence d’une amélioration de la neurogénèse au niveau de l’hippocampe (vitexine).

• La benzophénone exercerait des effets antiaddictifs : cannabinoïdes, nicotine, alcool, benzodiazépines. La vitexine, antagoniste spécifique de l’action sensibilisante de la nicotine pourrait être utile dans le traitement de la dépendance au tabac.

• Les études cliniques portant sur la passiflore sont critiquables, notamment par la faiblesse des échantillons. Mais elles permettent de confirmer son utilisation traditionnelle :

– elle semble raccourcir le temps d’endormissement, améliorer la qualité du sommeil, en allonger la durée totale et retarder l’heure du premier réveil après endormissement. Mais son effet sur les réveils nocturnes est controversé ;

– une revue Cochrane (2009) notait l’impossibilité de tirer des conclusions quant à l’efficacité anxiolytique de la passiflore. Les études pilotes menées en particulier en préopératoire sont cependant en faveur de ses bénéfices contre l’anxiété sans entraîner de somnolence ou de réduction des capacités psychomotrices ;

– selon une étude pilote, elle améliore plusieurs symptômes liés à la ménopause, dont l’irritabilité, la tendance dépressive, les crises de suée, les palpitations, les douleurs musculaires.

• Sa place en support au traitement spécifique de la dépendance aux opiacés ou dans la prise en charge de l’hyperactivité infantile doit être confirmée.

Posologie

• A partir de 12 ans :

– infusion 10 min, 1 à 2 g par tasse (1 cuillère à café = 2 g), 1 à 4 fois par jour ;

– poudre en gélules, 0,5 à 2 g par prise, 1 à 4 fois par jour.

• En cas d’anxiété ou d’irritabilité, répartir la prise sur la journée. Contre les troubles du sommeil : 1 prise au dîner et 1 prise 30 minutes avant l’heure du coucher. Si les symptômes persistent au-delà de 2 semaines de traitement, consulter un médecin.

Précautions d’emploi et contre-indications

La passiflore est contre-indiquée en cas d’hypersensibilité à la plante. Elle est déconseillée chez les moins de 12 ans, ainsi que pendant la grossesse et l’allaitement faute de données de sécurité suffisantes.

Effets indésirables

• Cette plante peut provoquer de la somnolence et altérer la capacité à conduire chez des personnes sensibles à son effet.

• Dans sa saisine n° 2019-SA-0156, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) signale un cas confirmé d’anaphylaxie survenu en France après ingestion de gélules contenant un extrait sec de passiflore.

Interactions médicamenteuses

Non répertoriées.

Sources : L.-P. Dantas, A. de Oliveira-Ribeiro et coll., Effects of Passiflora incarnata and midazolam for control of anxiety in patients undergoing dental extraction, Med. Oral. Patol. Oral. Cir. Bucal. 2017 ; 22 (1) : e95-e101 ; EMA, Community herbal monograph on Passiflora incarnata L. herbae et Assessment report on Passiflora incarnata L. herbae, 25 mars 2014 ; F. A. Guerrero, G. M. Medina, Effect of a medicinal plant (Passiflora incarnata L.) on sleep, Sleep Sci. 2017, 10 (3) : 96-100 ; M. Kim, H.-S. Lim et coll., Role identification of Passiflora incarnata Linnaeus : a mini review, J. Menopausal Med. 2017 ; 23 (3) : 156-159.

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Passiflora incarnata L.

Famille : Passifloraceae.

Partie utilisée : partie aérienne séchée.

Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne.

Propriétés :

– sédatives,

– anxiolytiques,

– anticonvulsivantes,

– antispasmodiques.

Utilisation traditionnelle :

– symptômes légers liés au stress psychique,

– troubles du sommeil,

– également en France, dans le traitement des palpitations cardiaques d’origine nerveuse (cœur sain).