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La mauve

Publié le 1 décembre 2012
Par Chantal Ollier
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Qu’est-ce que c’est ?

• La mauve ou mauve sauvage (Malva sylvestris L., Malvaceæ) est une plante herbacée commune dans les décombres, haies, chemins, champs dans toute l’Europe, l’Afrique du Nord, et l’Asie occidentale.

• Sa tige de 30 à 50 cm de haut, parfois 1 m, porte des feuilles alternes caractéristiques, palmatifides ; les lobes sont plus ou moins profonds à bord crénelé et le limbe est légèrement duveteux. Les fleurs à 5 pétales cunéiformes, échancrés, de couleur rose violacé veiné de violet s’insèrent en petits bouquets à l’extrémité des rameaux.

Quelles sont ses propriétés ?

• Les feuilles et fleurs récoltées avant leur plein épanouissement sont employées en phytothérapie et ont une monographie de contrôle à la Pharmacopée européenne. Elles sont traditionnellement utilisées :

– par voie orale comme laxatif de lest en cas de constipation, pour calmer les douleurs abdominales d’origine digestive et dans le traitement symptomatique de la toux sèche ;

– en gargarisme pour soulager les maux de gorge ;

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– en application sur la peau comme traitement d’appoint adoucissant et antiprurigineux et comme trophique protecteur en cas de crevasses, gerçures, piqûres d’insectes.

• Les fleurs sont utilisées pour la fabrication de collyre contre les irritations ou la gêne oculaire.

Quel est son mode d’action ?

• La mauve est une plante à mucilages (polysaccharides) : 5 à 10 % dans les fleurs, 5 à 12 % dans les feuilles. Ces polymères hydrosolubles d’oses et d’acides uroniques gonflent dans l’eau pour donner des solutions plus ou moins visqueuses et sont peu digérés dans l’intestin.

• Leur action est mécanique : la solution aqueuse et visqueuse bue lentement recouvre les épithéliums des muqueuses pharyngées d’un film adoucissant qui calme et protège des irritations de la gorge. Dans l’intestin, ces mucilages augmentent le volume des selles et leur teneur en eau et, par effet lubrifiant, facilitent le transit intestinal. Leur dégradation plus ou moins importante par les bactéries intestinales contribue à augmenter la masse bactérienne et la teneur en eau des selles.

• La présence de mucilages n’explique pas à elle seule toutes les propriétés pharmacologiques de la mauve : anti-inflammatoires, antalgiques, antioxydantes, antiulcéreuses, stimulantes de l’activité phagocytaire du système réticuloendothélial, anti-complément et, in vitro, régénératrices de la peau. La mauve contient également des flavonoïdes et des anthocyanes, mais leur rôle dans l’activité de la plante reste méconnu.

Quelles sont les doses efficaces ?

• Par voie orale : infusion de 15 minutes à 10 g/litre, 500 à 1 000 ml par jour.

• En gargarisme ou en application cutanée : infusé à 40 g/litre.

Quels sont ses avantages ?

La mauve peut être utilisée comme laxatif de lest très doux chez l’enfant et la personne âgée.

Quels sont ses inconvénients ?

Comme tout laxatif de lest, la mauve est contre-indiquée en cas de syndrome occlusif ou subocclusif, de syndromes douloureux abdominaux d’origine indéterminée, de fécalome, et son utilisation doit être prudente chez la personne alitée. Les laxatifs de lest sont déconseillés chez l’enfant de moins de 6 ans.

UNE PLANTE MÉDICINALE OUBLIÉE

• Chez les Grecs, la mauve était à la fois plante alimentaire (ses jeunes feuilles peuvent être consommées en salades, soupes), médicinale et sacrée en raison de l’héliotropisme de ses fleurs.

• Dès le XIIIe siècle, la médecine arabe l’utilise en cas de toux sèche, d’irritation des intestins et en cataplasme sur les abcès et tumeurs. Charlemagne ordonne sa culture dans les monastères.

• La feuille de mauve faisait partie des espèces émollientes (Codex de 1884) : mélange à parties égales de feuilles sèches de mauve, guimauve, bouillon-blanc, pariétaire, utilisé en cataplasmes, lotions, lavements contre les inflammations.

• La fleur de mauve fait partie des espèces pectorales (mélange à parties égales de fleurs de mauve, guimauve, bouillon-blanc, coquelicot, tussilage, pied de chat, violette) indiquées en cas de toux sèche (infusé à 5 g/litre).

Sources : Y. Avramov, Ces précieuses plantes de Méditerranée, EdiSud, Aix-en-Provence, 2003 ; J.-C. Gasparetto, CAF Martins, SS Hayashi et al. ; « Ethnobotanical and scientific aspects of Malva sylvestris L., a millennial herbal medicine », J Pharm Pharmacol, 2011, 64, 172-89 ; Agence du médicament,. « Médicaments à base de plantes », Les Cahiers de l’Agence n° 3, 1998.