Santé naturelle Réservé aux abonnés

La gelée royale

Publié le 29 novembre 2023
Par Nathalie Belin
Mettre en favori

Ses qualités nutritionnelles et micronutritionnelles incitent à proposer la gelée royale en cas de fatigue ou de convalescence. Forme, dose et précautions, nos explications pour bien la conseiller.

Quelle est sa composition ?

• La gelée royale est sécrétée par de jeunes abeilles ouvrières dans le but de nourrir les larves durant quelques jours, et la reine tout au long de sa vie. Il n’existe pas de différence génétique entre la reine et les ouvrières ; seule l’ingestion de gelée royale explique la différence de taille – six fois plus élevée pour la reine-  et de longévité, soit deux à cinq ans pour la reine contre un à trois mois pour les ouvrières (45 jours en moyenne).

• Substance gélatineuse, blanche à jaune pâle, au goût âcre, peu sucré et un peu piquant, la gelée royale est composée pour deux tiers d’eau.

Viennent ensuite :

→ des protéines, environ 15 %, dont la quasitotalité des acides aminés essentiels, constituants des muscles et précurseurs indispensables aux différents métabolismes ;

→ des sucres, environ 15 %, surtout du fructose et du glucose ;

→ des lipides, environ 5 %, dont un acide gras qui lui est spécifique, le 10-HDA, ou acide 10-hydroxy-2-décénoïque ;

Publicité

→ puis des vitamines, du groupe B notamment, mais aussi A, C, D, E, K ;

→ et des minéraux tels que le cuivre, le phosphore et le zinc essentiellement.

Quelles sont ses propriétés ?

• La gelée royale est proposée en cas de fatigue physique ou psychique, en période de convalescence, pour renforcer l’immunité, pour préserver la santé de la peau et des phanères grâce aux vitamines du groupe B et les acides aminés soufrés qu’elle renferme.

• In vitro et chez l’animal, ses propriétés immunomodulatrices via la stimulation de lymphocytes T et de cytokines, antioxydantes et antistress en raison de la diminution du taux de corticostérone chez le rat soumis à un stress sont prouvées. Elles semblent notamment attribuées au 10-HDA, dont la teneur aux alentours de 2,3 % dans la gelée royale française sert de critère de qualité.

• Ses activités antimicrobiennes le sont également et semblent notamment liées à un ensemble de protéines appelées les Major Royal Jelly Proteins – anciennement apalbumines. Il n’existe aucune étude clinique toutefois pour étayer ces différentes propriétés et, de fait, aucune allégation ne lui est reconnue.

• Certaines études chez l’homme suggèrent qu’elle aurait des propriétés hypolipémiante et hypoglycémiante notamment, à raison de doses importantes, soit 3 g ou plus de gelée royale fraîche, sans qu’il soit possible toutefois de tirer des conclusions du fait de leur manque de rigueur.

Fraîche « en pot » ou transformée ?

• La gelée royale fraîche présentée en pot, non transformée, est fragile, sensible à la lumière et à la chaleur. Elle se conserve quelques mois au réfrigérateur avant ouverture, trois à quatre semaines maximum après ouverture. Sous cette forme fraîche, elle conserve a priori tous ses bienfaits, « à condition qu’elle n’ait été ni congelée ni décongelée », souligne Nicolas Cardinault, vice-président de l’Association francophone d’apithérapie.

• Transformée, elle existe sous diverses formes. En ampoules, elle est fraîche mais associée à des sirops, du miel ou des jus de fruits qui masquent son goût. En gélules ou comprimés, elle est lyophilisée, c’est-à-dire déshydratée à froid, sous vide ; elle a donc a perdu deux tiers de son poids. « Ce procédé lui conserve ses qualités nutritionnelles et micronutritionnelles s’il est réalisé juste après la récolte », précise Nicolas Cardinault. En gummies ou sirop, elle a été chauffée, « ce qui peut potentiellement altérer certains de ses composants ».

Française ou asiatique, quelle différence ?

• D’origine française, la gelée royale est proposée par des apiculteurs qui adhèrent le plus souvent à des coopératives ou des groupements comme le GPGR (voir Dico+ ci-contre) imposant des critères d’environnement des ruches, de production et de récolte de la gelée royale rigoureux. Les abeilles sont notamment nourries de façon naturelle et non par ajout de sucres qui augmentent les rendements, abaissent les coûts, mais modifient potentiellement les qualités nutritionnelles du produit dont la teneur en sucres est également plus élevée. La gelée royale française est ainsi deux à trois fois plus chère que l’asiatique qui représente 98 % du marché. Elle n’a été ni congelée, ni décongelée et est le plus souvent présentée fraîche, en pot. Exemples : Gelée royale française Ballot-Flurin, Propolia… En ampoules, elle est plus rare. Exemples : Dietaroma La Ruche ou Gelée royale française Ballot-Flurin… Elle n’existe pas sous forme lyophilisée.

• D’origine asiatique, elle a nécessairement été congelée puis décongelée pour être présentée en pot ou reconditionnée en ampoule. La lyophilisation peut quant à elle avoir été réalisée juste après la récolte. Une teneur minimale de 1,4 % en 10-HDA est un critère de qualité exigée et répondant à la norme ISO 12824. À noter : Arkopharma sélectionne ses producteurs de gelée royale pour répondre à un label qualité qui lui est propre appelé Gelée Royale Premium incluant la préservation de l’environnement des ruches, l’alimentation des abeilles, les conditions de travail et de rémunération des apiculteurs.

Quelles doses préconisées ?

• Les doses préconisées reposent sur un usage traditionnel. L’Association francophone d’apithérapie recommande des doses allant de 0,5 à 1 g de gelée royale fraîche par jour chez l’adulte, soit 150 à 500 mg sous forme lyophilisée, en cure de deux à quatre semaines en général, et sans dépasser dans tous les cas 2 g par jour. Les posologies les plus élevées sont réservées à la fatigue importante ou aux périodes de convalescence. Des doses supérieures à 2 g par jour ne semblent pas nécessaires avec un produit de qualité.

En raison de possibles réactions allergiques, débuter par de petites doses de l’ordre de 500 mg par jour si elle n’a jamais été testée, avant d’augmenter si besoin la posologie.

• Chez l’enfant, son usage n’est pas préconisé avant 6 ans et les doses doivent être réduites de moitié par rapport à l’adulte. À titre indicatif : 0,25 g/jour entre 6 et 12 ans ; 0,50 g/jour entre 12 et 15 ans ; 1 g/jour au-delà de 16 ans. Attention ! Gummies et sirops destinés aux enfants associent parfois la gelée royale à des plantes comme les échinacées, déconseillées avant 12 ans.

• Une prise le matin à jeun est préconisée, si possible pure et sous la langue pour une meilleure biodisponibilité si elle est consommée fraîche en pot ; une cuillère-mesure de 1 g est livrée avec le conditionnement. Elle peut également être mélangée à du miel ou de la confiture. En ampoules, elle se consomme pure ou diluée.

Quelles précautions ?

• La gelée royale est déconseillée aux personnes allergiques aux produits de la ruche ou aux piqûres d’abeille et, plus généralement, à celles prédisposées aux allergies avec asthme, dermatite atopique, rhinite allergique… Les réactions allergiques de type urticaire, rhinite, dyspnée, crise d’asthme, œdème du visage… surviennent en général dans les minutes voire les deux heures suivant la prise et sont d’autant plus fortes que les doses sont importantes.

• Par prudence, certains auteurs proposent de l’éviter en cas d’antécédents de cancer hormonodépendant car selon quelques études, la gelée royale pourrait agir sur les récepteurs aux estrogènes. Elle contient des traces d’estradiol, de testostérone et de progestérone.

Nos remerciements à Nicolas Cardinault, docteur ès sciences, spécialisé en nutrition humaine et vice-président de l’Association francophone d’apithérapie

Se former en apithérapie

→ Miel, propolis, gelée royale, pollen ou cire, l’enseignement à distance proposé par l’organisme Hippocratus vous apprend l’art de conseiller les produits de la ruche. Les quarante heures de formation en e-learning Apithérapie font la part belle à la gelée royale. Conseils, posologies, bienfaits, pour tout savoir, www.hippocratus.fr et lire Porphyre, rubrique formation, n° 569-570 (décembre 2020-janvier 2021).

Dico +

→ GPGR : le groupement des producteurs de gelée royale, détenteur du label GRF – Gelée royale française – exige notamment une teneur de 2,3 % en 10-HDA.