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Immortelle aspirine !

Publié le 15 septembre 2001
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Au coeur du mois de juillet, j’ai découvert un petit recueil de nouvelles qui portait un titre surprenant : Aspirine, paru aux éditions La Passe du vent. Je me promis de vous en parler à la rentrée. Pour vous changer du Vidal. Entre nous, connaissez-vous un médicament qui ait une pareille renommée ? A l’heure où tant de spécialités tombent en disgrâce, l’aspirine n’en finit pas d’étonner, voire de susciter de l’admiration. Aujourd’hui encore, impossible de faire la liste de ses vertus tant elles sont nombreuses et nouvelles. J’ai même entendu dire que l’aspirine pourrait agir contre le cancer. ça force le respect !

J’ajouterai que l’aspirine est toujours disponible en pharmacie, qu’il est inutile de s’égosiller pour se faire comprendre (prononcer « As… rine » suffit), qu’on peut en profiter tout de suite (avec un petit verre d’eau demandé poliment) et qu’elle n’éveille aucune méfiance chez le pharmacien, à moins d’en commander 1 kg… J’allais oublier, elle évite aussi parfois de grandes explications, le soir, à la chandelle (« Je prends une aspirine et au lit ! » A l’autre d’en tirer les conclusions…).

Parmi les auteurs qui se sont soumis avec un plaisir évident à cette création littéraire, on retrouve Amélie Nothomb, qui avoue : « Je l’aime d’une passion éperdue et revancharde… » D’autres nouvelles nous remuent le coeur comme Effets secondaires indésirables, ou les confidences poignantes d’un pharmacien et de son client.

Au fil des pages, on n’a plus qu’une envie : jeter un comprimé au fond d’un verre d’eau pour sentir, le nez à deux doigts du liquide pétillant, les embruns salés des petites bulles déchaînées.

Et pourtant, entre l’aspirine et moi, cela n’a pas gazé très longtemps. Ma dernière prise remonte à l’âge de… huit ans. Juste après, ma langue gonfla et mon cuir chevelu se bossela. J’étais allergique à l’aspirine, ou plus exactement à l’acide acétylsalicylique. Je revois encore le médecin m’épeler doucement le nuisible acide afin que je puisse le traquer seule sur toutes les boîtes de médicament qu’on pourrait me prescrire, ou me donner par erreur ou ignorance.

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Je fus donc privée de ce médicament miracle, alors que mon père en avalait des doses quotidiennes impressionnantes pour calmer des maux de tête récurrents. Vu sa mine quelques minutes plus tard, j’en déduisais que ce médicament avait une efficacité fulgurante. Heureusement pour moi, il y avait le paracétamol. Mais avec lui, c’est moins drôle, car comme dirait mon pharmacien, « il ne faut pas confondre « s’agripper à son Aspirine » et « aspirer Agrippine » ». Oui ! bon ! Mais elle a le mérite de ne pas faire mal à la tête…