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Gros plan sur les oligoéléments

Publié le 17 novembre 2001
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Le corps humain est constitué à 96 % d’oxygène, carbone, hydrogène et azote. Les 4 % restants sont des minéraux, essentiellement représentés par le calcium, le phosphore et le potassium. De très nombreux autres éléments peuvent être détectés à l’état de simples traces.

Qu’est-ce qu’un oligoélément ?

Le terme oligoélément désigne des métaux ou des métalloïdes, dont la concentration tissulaire est inférieure à 1 mg/kg.

Oligoéléments essentiels

Plus de 80 éléments ont été retrouvés chez l’homme, mais à peine une quinzaine se révèlent indispensables au bon fonctionnement de l’organisme : chrome, cobalt, cuivre, étain, fer, fluor, iode, manganèse, molybdène, nickel, sélénium, silicium, vanadium et zinc.

Ces oligoéléments sont dits « essentiels » car ils agissent comme catalyseurs de réactions biochimiques. Non synthétisés par l’organisme, ils nécessitent un apport alimentaire. Toute carence entraîne un trouble fonctionnel nécessitant une supplémentation à dose physiologique.

Oligoéléments non essentiels

Les oligoéléments non essentiels ou artificiels ne sont pas habituellement présents chez l’homme : aluminium, argent, bismuth, lithium, or… Aucune action physiologique naturelle ne leur est attribuée. En revanche, ils sont dotés de propriétés pharmacologiques indiscutables à dose pondérale. Dans le cadre de l’oligothérapie, ils sont prescrits à faible dose (de l’ordre du microgramme).

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Comment agissent-ils ?

Trois modes d’action expliquent l’importance des oligoéléments.

Activité enzymatique

La participation de minéraux au sein des réactions enzymatiques est courante.

Il peut s’agir de liaisons stables avec l’enzyme comme pour l’hémoglobine (protoporphyrine + fer) et la vitamine B12 (protoporphyrine + cobalt).

La liaison avec l’enzyme peut au contraire être lâche : le métal joue le rôle de catalyseur.

– Le soufre tout comme le manganèse permet la synthèse des protéoglycanes et favorise la régénération du cartilage articulaire.

– Le cuivre participe à la synthèse des fibres du tissu conjonctif (élastine et collagène). Cette propriété est complémentaire de celle du manganèse dans la régénération du tissu conjonctif, d’où l’association manganèse-cuivre dans les réparations tissulaires suite à une infection.

– Le zinc participe à la formation de la kératine et de la cystine. Son action complète celle du soufre .

– Le cobalt, le fer, le magnésium, le manganèse et le molybdène interviennent également dans de nombreuses réactions enzymatiques.

Un même métal peut catalyser plusieurs réactions enzymatiques tel le zinc qui intervient dans plus de 200 réactions. A l’inverse, une même enzyme peut avoir des métaux activateurs différents. Ainsi, la superoxyde-dismutase (SOD), qui protège les tissus des radicaux libres, peut être catalysée par le manganèse, le fer ou le cuivre.

Activité hormonale

Certains oligoéléments interviennent en temps que cofacteurs hormonaux.

– L’iode entre dans la composition des hormones thyroïdiennes.

– Le zinc est un cofacteur de l’insuline et exerce un effet immunostimulant en entrant dans la composition de la thymuline. Il assure également la configuration spatiale de la gustine faisant également intervenir le nickel et le cuivre.

Activité ionique au niveau des membranes cellulaires

Le flux ionique transmembranaire des métaux alcalins (Na, K, Ca, Mg) est bien sûr capital dans l’excitabilité et la contractilité des cellules.

– Le magnésium bloque l’entrée du calcium à l’intérieur de la cellule. Au niveau du système nerveux central, un déficit en magnésium entraîne une hyperexcitabilité neuronale, d’où une augmentation de la sensibilité au stress.

– Le manganèse inhibe également le canal calcique (action sept fois plus importante que le magnésium). Son action s’exerce sur les fibres musculaires bronchiques et les cellules sécrétant l’histamine. Il est donc indiqué lors de bronchospasmes et de réactions allergiques.

– Le lithium empêche l’incorporation du sodium au niveau des membranes neuronales, l’entrée cellulaire du sodium étant excitatrice.

Quelles sont les causes de carences?

De la grossesse aux régimes, les causes de carence ne manquent pas.

Principales causes de carence

– L’appauvrissement des sols : cultures intensives et utilisation importante d’engrais chimiques y contribuent.

– La restriction calorique : qu’elle soit volontaire ou non, les apports en micronutriments deviennent rapidement insuffisants.

– La malabsorption : elle peut être d’origine héréditaire ou organique (stéatorrhée, résection intestinale, maladie coeliaque…).

– Les pertes liquidiennes excessives : brûlures, sudation, dialyse, utilisation de diurétiques.

Les populations à risque

Elles sont nombreuses et diverses.

– Les personnes âgées : le risque de carence est lié à la diminution de la ration alimentaire.

– Les femmes enceintes et allaitantes : les besoins supplémentaires ne sont en général pas comblés par l’alimentation. Une supplémentation systématique en fer est recommandée pendant la grossesse. Les déficits en zinc sont également fréquents.

– Les enfants : en pleine période de croissance, ils présentent fréquemment des concentrations sanguines insuffisantes en fer, zinc et cuivre.

– Les sportifs : des carences (fer, zinc) apparaissent en raison d’une élimination importante (sudation, dépenses énergétiques). Elles peuvent entraîner des baisses de performance.

– Les personnes suivant un régime restrictif : régimes amaigrissants, végétarien, et encore plus végétalien, peuvent entraîner des carences.

A quelles doses les utiliser ?

Les doses varient selon qu’il s’agit d’un traitement catalytique ou pondéral.

L’oligothérapie dite catalytique

Encore appelée oligothérapie réactionnelle, elle utilise des doses faibles, du microgramme au milligramme. Elle traite les carences subliminales, à peine détectables.

La nutrithérapie

La dose administrée se compte en milligrammes, le but étant de rétablir une carence quantitative. Le traitement peut parfois être préventif (enfants, femmes enceintes, sportifs).

– En pratique.

– Le fer (50 à 160 mg/j) s’utilise pour prévenir ou guérir une anémie.

– Le fluor (0,25 à 1 mg/j) est administré pour prévenir les caries dentaires.

– Le zinc (15 mg/jour) est indiqué dans l’acrodermatite entéropathique.

– Le magnésium (environ 300 mg/j) est couramment prescrit en cas de spasmophilie .

La métallothérapie

Les oligoéléments sont assimilés à des médicaments destinés à traiter des pathologies bien précises. L’objectif ici ne consiste pas à combler une carence.

Ainsi le fluor est prescrit dans l’ostéoporose (50 mg/jour), le lithium dans la psychose maniacodépressive (35 à 70 mg/jour), les sels d’or dans la polyarthrite rhumatoïde (6 mg/jour), le zinc dans l’acné inflammatoire (30 mg/jour).

Les minéraux présents dans le corps à concentration élevée

Compte tenu de leurs concentrations élevées dans l’organisme, certains minéraux ne répondent pas à la définition stricte des oligoéléments. En revanche, administrés à faible dose, ils possèdent une action régulatrice. Ainsi, le magnésium, le phosphore, le potassium et le soufre ne sont assimilés aux oligoéléments que lorsqu’ils sont utilisés à dose infinitésimale. L’ordre de grandeur d’apport doit correspondre au microgramme.

Aliments incompatibles ?

Certains aliments ou composants alimentaires influent sur la biodisponibilité des oligoéléments : l’acide phytique des céréales entrave l’absorption du zinc, les épinards et la rhubarbe complexent les métaux. Les tanins (café, thé) réduisent l’absorption du fer et les produits laitiers celle du fluor.