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Divins petits canards !

Publié le 15 décembre 2007
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Les tasses à malade et vases à boire ont longtemps fait partie de notre univers. Ils sont d’ailleurs toujours vendus en pharmacie. En voici une sélection, issue de la magnifique collection de Pierre Julien qui a été mise aux enchères à Paris le 12 décembre dernier (voir « Le Moniteur » n° 2704).

Boire quand on est alité, sans renverser le liquide, n’est pas chose aisée. Il a donc fallu inventer un « biberon pour adulte » afin de permettre la bonne administration des aliments mais aussi des médicaments. Dans un premier temps, les vaisseliers ont eu l’idée d’adjoindre à une tasse ou une écuelle un déversoir par lequel le patient aspire le liquide. La tasse à malade était née. En allemand, on parle alors de Schnabeltasse ou « tasse à bec ».

Un autre perfectionnement a suivi, qui consiste à couvrir en partie la tasse d’une sorte de pont destiné à éviter les débordements de liquide. On retrouve ainsi en Angleterre cette forme de bateau à la fois dans le « pap boat », servant à donner la bouillie, et le « sauce boat » ou saucière, d’ailleurs parfois confondue avec la tasse à malade.

L’anse des canards

En France, le « canard » est devenu le synonyme familier de la tasse à malade, son nom même ayant probablement éloigné l’image inquiétante de la maladie de beaucoup d’enfants. A fond plat, muni d’un long goulot étroit, il comporte une anse latérale, deux oreilles ou un petit manche ainsi qu’un dessus plat fermé par un couvercle fixe ménageant une ouverture réduite de côté de l’anse pour éviter que le liquide ne se renverse.

Les matières des tasses à malade ont évolué au fil du temps. Elles sont successivement passées de la terre vernissée à la faïence, de la porcelaine au verre et, aujourd’hui, au plastique avec le gobelet couvert à téton des hôpitaux. Une évolution technique et hygiénique identique à celle qu’ont connue les pots de pharmacie. Le métal est plus rare, le plus utilisé étant l’étain à faible teneur en plomb que l’on retrouve dans les tasses à malade du XVIIe au XIXe siècle en milieu hospitalier et domestique. L’argent restait le privilège des catégories les plus fortunées.

Les décors des tasses suivront peu ou prou ceux de la vaisselle de table. Avec des particularités en Angleterre où les progrès céramiques et la mise au point des décors imprimés aboutissent, dès la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, à une production relativement bon marché, de belle qualité et d’un aspect reconnaissable aux fleurs ou aux paysages presque toujours en bleu. Au Portugal, à la même époque, on fabrique de nombreux modèles simples en terre vernissée, parfois en relief, et ornés de motifs populaires.

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Dans la seconde moitié du XIXe siècle, on assiste à une généralisation de la porcelaine en Europe. Une des plus fameuses, celle de Meissen, était exécutée dans les fabriques berlinoises et fut imitée jusqu’en Angleterre. A cette époque, ces petits monuments de l’hygiène se populariseront, certains se revêtant de rehauts d’or qui apporteront un aspect de luxe bourgeois.