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Nuit de garde à Marseille Marseille
Chaque nuit, un peu partout en France, vous êtes nombreux à veiller pour réconforter des patients inquiets. Qu’ils viennent chercher un traitement ou un peu de réconfort, vous êtes là, à leur disposition. A l’image d’Edriss Diarra et Youcef Sebar, que nous avons accompagnés durant une garde. C’était un samedi de janvier, à Marseille.
A Marseille, il y a toujours une croix verte qui brille dans la nuit. A tour de rôle, cinq pharmacies – volontaires – du centre-ville se relaient du samedi au vendredi de 20 heures à 8 heures du matin pour assurer les gardes. Edriss Diarra a accepté que nous passions une nuit avec lui. La Pharmacie Moustier, dont il est titulaire, est située dans une rue en pente et à sens unique. La nuit elle est quasi déserte. Rien à voir avec l’animation de la Canebière, du Vieux-Port ou de la Plaine, quartiers tout proches qui bruissent de monde.
Titulaire volontaire
Il y a 4 ans, Edriss Diarra rachetait cette petite pharmacie de quartier. Quand le syndicat a lancé un appel à candidature pour remplacer un confrère sorti du dispositif de garde, il a été le seul à répondre. « On me proposait du travail, il me paraissait normal d’accepter. Et puis, la garde de nuit me permet de voir des choses différentes, des patients qui ne sont pas nos clients habituels. Nous répondons à des urgences. C’est une autre manière d’exercer le métier. La nuit, tout peut arriver. »
20h00
Premier client
20 h 00. Un patient attend depuis 10 minutes. Son enfant a une gastro, diagnostiquée par SOS Médecin. La croix verte s’allume enfin, l’officine s’éclaire. Les portes vitrées restent ouvertes malgré le froid mais la grille de fer reste baissée. A mi-hauteur, un espace de 50 cm de large et 15 cm de hauteur fait office de guichet. Le titulaire récupère l’ordonnance, la carte Vitale et le justificatif de mutuelle. Il revient quelques instants plus tard avec les médicaments. Le père est rassuré. Les vomissements qui l’effraient tant vont pouvoir cesser.
20h10
Entorse à la sécurité
Le téléphone sonne à plusieurs reprises. Au bout du fil, des clients demandent où est située la pharmacie. Philippe, un client habituel, est étonné. « Je me demandais comment se passait une garde de nuit. Maintenant je sais ! », dit-il en souriant. Les nombreuses boîtes de son traitement, antipaludéen notamment, ne passent pas à travers le guichet. Le titulaire lève partiellement le rideau. « Cela n’est pas idéal pour la sécurité mais, la journée, on travaille sans grille… »
20h20
Arrivée des renforts
Le téléphone n’arrête pas de sonner. Youcef Sebar arrive à son tour. Théoriquement, il ne devrait pas être là. Au dernier moment, cet ami d’Edriss, titulaire également, vient remplacer le pharmacien adjoint victime d’un accident.
21h00
Le bout de la piste
Quatre ou cinq clients attendent sur le trottoir. La grande majorité est envoyée par les urgences des hôpitaux du centre-ville (Saint-Joseph ou La Timone, cette nuit-là). ça râle un peu dans les rangs. En cause, l’éloignement du domicile, une rue difficilement accessible et où il n’est pas évident de se garer, sauf à stationner en double file, et le fait qu’il n’y ait qu’une pharmacie de garde pour une ville de 830 000 habitants. Mais l’ambiance reste plutôt sympa. L’attitude des deux pharmaciens, sobre et attentive, y est pour beaucoup. Tout comme la voix tranquille des deux hommes.
Ce soir, c’est gastro !
En une heure, une dizaine de clients sont passés par la case pharmacie. Prédiction du titulaire : « Quand les patients se succèdent régulièrement comme aujourd’hui, la nuit sera plutôt calme. » Et d’ajouter : « Selon les hôpitaux qui assurent les urgences et selon la saison je peux savoir quelle sera la pathologie dominante. »
21h10
Ici les urgences
Une jeune femme arrive avec son ami. Elle souffre d’une double entorse au bras. « J’ai travaillé toute la journée mais, là, j’ai trop mal. » L’urgentiste a prescrit une attelle de maintien « coude au corps » et des analgésiques. Pas de chance, l’attelle du stock n’est pas à sa taille. « Une garde se prépare. Je fais mes commandes en fonction des pathologies du moment et des principales urgences. Quand je ne dispose pas du médicament prescrit, je contacte le médecin, toujours facile à joindre la nuit, et je lui demande si une substitution est possible », commente Edriss Diarra. Pour l’attelle, il conseille à la jeune femme d’aller en chercher une à sa taille demain matin à la pharmacie du Vieux-Port, ouverte le dimanche. En attendant, il pose écharpe et contre-écharpe à travers la grille. Pas vraiment pratique et convivial, mais la jeune femme est contente. Son errance nocturne va prendre fin.
21 h 30. Deux jeunes d’une vingtaine d’années se présentent à la grille. L’un d’entre eux s’est coupé au doigt. Pas bien grave, mais ça saigne. En passant devant la pharmacie ils ont vu de la lumière et ils sont entrés acheter des sparadraps. 21 h 45. Un jeune homme emmitouflé dans sa capuche s’approche. Il a très mal aux oreilles. Le titulaire lui conseille des gouttes et un antalgique. Sans ordonnance, il doit s’acquitter d’un forfait supplémentaire de 4,50 Û, mais le titulaire veille à ce que la note ne soit pas trop salée.
22h30
Pause
Edriss et Youcef soufflent un peu. Coca pour Edriss et gâteau au chocolat pour Youcef. « La garde de nuit exige plus de travail. Il faut déchiffrer des ordonnances de prescripteurs méconnus, enregistrer les mutuelles pour éviter de faire payer le ticket modérateur. A partir du moment où les gens ont des droits, il faut les respecter, même si cela prend un peu plus de temps. La nuit, les gens sont stressés, il faut leur faciliter les choses. Nous leur écrivons systématiquement la prescription sur les boîtes. » Un peu plus tard, pour déjouer la fatigue, Youcef se tiendra éveillé en navigant sur Internet. Entre deux délivrances, Edriss en profitera pour effectuer des tâches administratives.
23h00 – 23h10 -23h40
Marathon
Une jeune femme vient chercher une tétine pour son bébé qui n’arrive pas à dormir. Quasiment en même temps, un jeune papa vient acheter une boîte de lait. Ce sera le début d’une série. 23 h 10. Première boîte de préservatifs pour un motard pressé. Les clients s’agglutinent à la grille, ordonnance à la main. Toujours la gastro. Il commence à pleuvoir et la température baisse. Les deux confrères continuent leurs va-et-vient. Un aller pour prendre l’ordonnance, la carte Vitale et la carte de mutuelle, un retour au comptoir pour les médicaments, un aller pour délivrer, commenter l’ordonnance, encaisser quand les droits ne sont pas à jour, etc. 23 h 40. Une jeune fille, très court vêtue, affirme qu’elle doit chanter pour le mariage de sa soeur et qu’elle n’a plus de voix. Le titulaire lui propose des comprimés. « A cette heure-ci il n’y a pas de problème. Mais, quand on sonne à la grille à 4 heures du matin pour une boîte de Doliprane, je suis dégoûté. »
00h15
Séquence psy
Le téléphone sonne. Au bout du fil, une dame. Elle veut des précisions sur les interactions médicamenteuses. Un prétexte pour discuter avec le titulaire et lui parler de sa vie. « La pharmacie de garde joue parfois le rôle de « SOS solitude ». L’urgence est aussi psychologique », confie Edriss Diarra.
01h00
Dodo
Youcef quitte l’officine. Il est temps pour Edriss d’installer un matelas et de dormir. Un sommeil qui sera entrecoupé d’une dizaine de visites de patients, dont la moitié avec ordonnance. Au programme : gastro pour les petits et les grands, maux de tête, rhumes. 3 heures. Un couple arrive de Saint-Joseph, victime d’une agression. Encore sous le choc, ils sont contents de trouver une croix verte allumée dans une ville qui somnole sous une pluie glacée.
06h00
Il était une fois une vraie urgence
Un taxi en double file. Un jeune homme sonne. Il a besoin d’un produit pour nettoyer ses lentilles ! « Parfois il y a de vraies urgences, comme cette jeune femme qui a sonné il y a quelques semaines à 2 heures du matin. Elle était descendue de Grenoble pour un nouveau boulot et avait oublié sa trithérapie. J’ai pris l’ordonnance et passé commande dans la nuit chez Alliance. A 8 heures, je suis allé chercher les médicaments. A 9 heures, l’ami de la patiente est passé les prendre. Une chaîne de solidarité s’est déroulée cette nuit-là. Cela fait passer la pilule des fausses urgences. »
8 heures. Fin de la garde. Edriss Diarra rentre chez lui. On est dimanche et il peut se reposer. Les autres jours, il enchaînera une journée de travail. Bilan : une quarantaine d’ordonnances et une quinzaine de clients venus d’eux-mêmes. Une nuit qui, à l’instar des autres, ne ressemble à aucune autre. Comme d’habitude.
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