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Épisode 42 Déprime ou dysthyroïdie ?
Fatigue, nervosité, déprime ! Mylène Martin, maman du petit Hugo, 5 mois, souffre de ces symptômes fréquents après l’accouchement qui peuvent être le signe de troubles dépressifs du post-partum mais aussi d’une dysthyroïdie.
Jeudi 25 janvier
Au cabinet du Dr Ranium, médecin généraliste
– Mylène Martin : Bonjour Docteur, je viens vous voir car je ne me sens pas très bien. Je suis très fatiguée et un peu déprimée. Je pensais que ça s’améliorerait avec la reprise du travail. Mais c’est pire. Pourtant, Hugo fait ses nuits et c’est plutôt un bébé cool, mais je n’ai pas le moral.
– Dr Ranium : Depuis combien de temps vous sentez-vous ainsi ?
– Je ne sais pas, novembre ou décembre.
– Avez-vous d’autres symptômes ? Vous dormez-bien ?
– Je perds mes cheveux. Ça ne se voit pas encore, mais ça m’inquiète aussi. Et puis, j’ai repris du poids. Vous ne croyez pas que je suis de nouveau enceinte ? Car ce n’est pas du tout prévu !
– Reprenons calmement. Installez-vous, je vais vous ausculter. Ah, il me semble que votre thyroïde est légèrement gonflée. Vous allez faire une prise de sang pour un bilan thyroïdien. Les résultats nous orienteront sur les causes de vos symptômes.
– Ce n’est pas une dépression alors ?
– Il est possible que non. Vos symptômes sont typiques d’une thyroïdite.
– C’est grave ?
– Non, pas d’inquiétude. C’est probablement une réaction post-grossesse due à un rebond immunitaire.
– Ah.
– Oui, ce genre de trouble n’est pas très fréquent mais touche environ 5 % des femmes après une grossesse. Vous avez probablement eu une phase d’hyperthyroïdie passée inaperçue avec une nervosité accrue, une fatigue intense, voire des palpitations.
– Maintenant que vous le dites, oui c’est possible, mais j’ai mis tout ça sur le compte de l’accouchement, du retour à la maison et de l’allaitement un peu compliqué au début.
– C’est souvent le cas. Désormais vous êtes probablement dans la phase d’hypothyroïdie qui vient classiquement après. En plus du bilan thyroïdien et de la recherche d’anticorps anti-thyroïdiens, je vous prescris également une échographie thyroïdienne pour vérifier cette hypothèse.
Mercredi 31 janvier
A la pharmacie
– Mylène Martin : Bonjour, je viens pour un nouveau traitement. Je sors de chez le Dr Ranium.
– M. Galien, pharmacien : Ah, qu’est-ce qui vous arrive ? Un problème de thyroïde ?
– Oui, le médecin m’a expliqué que cela pouvait arriver après une grossesse.
– Ah, il s’agit d’une dysthyroïdie du post-partum. Rassurez-vous, c’est souvent transitoire.
– C’est ce que le docteur m’a dit. Je suis contente de savoir enfin, car j’avais peur de faire une dépression. Je suis tellement fatiguée depuis plusieurs mois. Par contre, le médecin m’a pris entre deux rendez-vous pour l’ordonnance. Est-ce que vous pourriez m’expliquer mes résultats d’analyse ?
– Bien sûr. Alors la T4 est abaissée et la TSH plasmatique est légèrement augmentée à 7,75 mU/l. Normalement, elle devrait être au maximum de 4 mU/l. Cela correspond bien à une hypothyroïdie. La T4 libre correspond aux taux d’hormones thyroïdiennes circulant dans le sang. Comme ce taux est bas, la production de TSH augmente afin de stimuler la production d’hormones thyroïdiennes.
– Oh là, ce n’est pas simple ! Je dois refaire des analyses régulièrement de toute façon.
– Oui, pour adapter le dosage de Levothyrox notamment. Le comprimé doit être pris à jeun le matin, au moins 30 minutes avant le petit-déjeuner.
– Pas de problème. De toute façon, je commence ma journée en allaitant Hugo. Je prendrais le comprimé juste avant.
– Parfait. Par contre, il ne faudra pas prendre de lait au petit-déjeuner.
– Ah bon ? Pour quelle raison ?
– Le calcium contenu dans le lait peut diminuer l’absorption de la lévothyroxine. Il est donc recommandé de prendre à distance d’au moins 2 heures tout médicament ou produit contenant du calcium comme le lait. Le soja peut également diminuer l’absorption intestinale de la lévothyroxine.
– C’est noté, ceci dit je n’en consomme pas. Merci.
Dans le back-office :
-Gary l’étudiant à M. Galien : Il y a quelque chose que je ne pige pas. Cette patiente a de la lévothyroxine pour une hypothyroïdie du post-partum, OK. Mais Mme Rosa qui est venue ce matin, de quoi souffre- t-elle ? Car elle prend à la fois de la lévothyroxine et du Néo-mercazole qui est un anti-thyroïdien d’après ce que j’ai lu dans le Vidal.
– M. GALIEN : Madame Rosa souffre d’hyperthyroïdie d’où l’anti-thyroïdien de synthèse, le carbimazole dans Néo-mercazole. Toutefois, son effet est souvent difficile à doser et afin de prévenir l’hypothyroïdie qui peut en résulter, on rajoute ensuite la lévothyroxine.
Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : Société française d’endocrinologie ; Le livre de l’interne Obstétrique, Patrick Hohlfeld, François Marty, 4 e édition, 2012 ; Thyroïdite lymphocytaire au cours de la grossesse et du post-partum, Philippe Caron, La revue du praticien, vol. 64, juin 2014 ; Hypo- et hyperthyroïdies, Héléna Mosbah, Nathalie Bourcigaux, La revue du praticien Médecine générale, tome 30, n° 972, décembre 2016.
• La thyroïdite du post-partum concerne environ 5 % des grossesses.
• Elle est généralement constituée d’une période d’hyperthyroïdie d’environ 2 mois survenant dans les premiers mois suivant la grossesse, puis d’une hypothyroïdie d’une durée de 6 mois en général. Le plus souvent un retour à l’euthyroïdie est ensuite observé. Les phases d’hyper ou d’hypothyroïdie ne sont pas systématiquement présentes ou symptomatiques.
• Un bêtabloquant (propranolol) peut être administré pendant la phase d’hyperthyroïdie et la lévothyroxine pendant la phase d’hypothyroïdie.
• La lévothyroxine doit être prise avec un verre d’eau, le matin à jeun, au moins 30 minutes avant un repas.
• Les sels de calcium (médicament, lait) peuvent diminuer l’absorption digestive de la lévothyroxine et doivent donc être pris à distance.
- Un patient a entendu dire qu’il pouvait désormais prendre son comprimé de Lévothyrox le soir au coucher. Est-ce vrai ?
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