- Accueil ›
- Conseils ›
- Premiers soins ›
- Après la tempête, l’entraide
Après la tempête, l’entraide
Il y a une semaine, Xynthia balayait violemment le littoral atlantique. Malgré les dégâts humains et matériels, les pharmaciens sinistrés se sont démenés pour continuer à assurer leur mission de santé publique, coûte que coûte. Et avec l’aide spontanée de leurs confrères alentour.
Dites aux confrères combien leur soutien fait du bien. Même un simple message laissé sur le répondeur du portable fait chaud au coeur et aide à tenir. » La gorge serrée, des sanglots dans la voix après plusieurs nuits sans dormir et autant de journées épuisantes, Alain Fillonneau, titulaire à Charron (Charente-Maritime), fait face. Dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 février, la commune a été dévastée. Elle est une de celles qui comptent le plus de morts. Pourtant éloignée du front de mer, la pharmacie a été envahie par 1,2 m d’eau. « De l’eau salée. La vitrine a tenu bon mais les portes du garage ont cédé et l’eau s’est engouffrée. Tout est fichu. En revanche, la base du bâtiment semble n’avoir pas souffert et je peux héberger des sinistrés au 1er étage. » Malgré l’épuisement et le stress, ou peut-être pour les évacuer, Alain Fillonneau plaisante en montrant l’hygromètre encore accroché au mur de l’officine. « 92 % d’humidité. Il fonctionne ! »
Une officine improvisée dans la salle des fêtes !
Dimanche matin, alors que la tempête se calmait enfin, Alain Fillonneau et les secours présents – essentiellement l’équipe municipale – ont découvert l’ampleur des dégâts. Epargnée, la salle des fêtes est devenue le point central de la commune. « Les médecins étaient hors du secteur et pas joignables. On a fait comme on a pu, avec les moyens du bord. Il a fallu faire des navettes toute la journée avec des cuissardes pour récupérer de quoi soulager les blessés. Psychologiquement aussi, il a fallu apporter une aide immédiate. Le SMUR est arrivé vers 15 h 30, mais sans moyens médicaux. J’ai donc continué à soigner jusque tard le soir. » Ce n’est que le lundi matin que les secours se sont véritablement organisés. Des effectifs de la Protection civile ont été mis à disposition du pharmacien, ce qui a permis de transférer ce qui était récupérable de l’officine jusqu’à la salle des fêtes où des cloisons ont été installées afin d’aménager une pharmacie provisoire. L’adjointe d’Alain Fillonneau et son ami, pharmacien à l’hôpital qui l’a mis spécialement en disponibilité, sont venus prêter main forte. De même que deux infirmières installées récemment à Charron et une infirmière en psychiatrie. « Dimanche, c’était de la bobologie mais, lundi, il a fallu délivrer beaucoup d’anxiolytiques. Et puis, bien sûr, tout ce qui est chronique. Les gens ont tout perdu, dont leurs médicaments et les ordonnances. Très choqués, ils ne se souviennent pas de leur traitement. Et mon système informatique est évidemment hors service… Alors on fait ce qu’on peut. Mais après avoir délivré des médicaments dans l’urgence, on recommence à suivre une procédure plus réglementaire. Mon confrère de Marans m’a fait parvenir un ordonnancier. Mes confrères sont formidables, exemplaires ! Ecrivez-le, c’est important ! » De fait, dès dimanche, tant les responsables régionaux de l’Ordre que les représentants du syndicat local tentaient d’évaluer les dégâts et les besoins, d’organiser l’aide. « Le nord de la Charente Maritime, de La Rochelle à la Vendée, a été particulièrement touché, ainsi que l’île de Ré. » Pierre Gavid, le président du conseil de l’Ordre en Poitou-Charentes, poursuit : « Certaines officines ont été inondées et vont devoir être remises en état. Beaucoup d’autres sont privées d’électricité et de nombreux confrères vont devoir détruire les produits froids. Il va falloir que nous tous – Ordre, syndicats, grossistes-répartiteurs, etc.- aidions les confrères sur le plan technique, la gestion des stoks, les prêts sans intérêt… Il faut commencer à penser à cela tout en parant au plus urgent. »
« Le réseau officinal reste opérationnel. La confraternité joue à plein », constatait lundi 1er mars Antoine Bordas, vice-président du syndicat FSPF en Charente-Maritime, pendant que Philippe Grilleau, le co-président, pharmacien à Marans, faisait des allers-retours jusqu’à Charron, distant d’une dizaine de kilomètres, afin d’apporter à Alain Fillonneau les produits nécessaires. Depuis, les gendarmes ont pris la relève pour cette navette.
Les pharmacies épargnées ouvrent spontanément
Christine Griset, l’autre co-présidente du syndicat dans ce département, est installée à Angoulins sur mer, au sud de La Rochelle. Si la commune a été touchée par les inondations, le centre bourg a été relativement épargné. « L’eau s’est arrêtée à quelques mètres de l’officine. » Depuis, elle recense l’ampleur des dégâts et tente de répondre aux besoins de la population locale. Tout en s’activant au comptoir, elle énumère les confrères sinistrés et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont aidé. « Plusieurs officines de l’île de Ré ont été touchées. Certaines peuvent fonctionner malgré tout grâce à des groupes électrogènes mais d’autres resteront fermées quelques temps. A Charron, on n’en parle pas, c’est la cata, mais Alain Fillonneau est admirable. A La Rochelle, un confrère a été inondé mais, même sans électricité, il a ouvert paraît-il. A Châtelaillon, une des pharmacies a ouvert pour répondre aux besoins urgents. A Aytré, qui a été très touché par les inondations, on a eu de la chance. C’est là que se situait une des deux pharmacies de garde du secteur. Le titulaire a pu contribuer aux secours et une autre pharmacie a ouvert spontanément. » Pascale Chapelot, de la pharmacie des Charmilles à Aytré, minimise : « C’est par hasard que nous étions là avec mon époux. Quand nous avons constaté l’ampleur des dégâts, nous avons naturellement apporté notre aide. »
Les produits réfrigérés transportés chez des confrères
Si la Vendée a été également sévèrement touchée, les officines ayant subi d’importants dégâts sont moins nombreuses. Selon le conseil de l’Ordre des Pays de Loire, les pharmaciens ont surtout connu des coupures d’électricité et donc des problèmes de réfrigération. « Mis à part, bien sûr, la pharmacie de l’Aiguillon… » L’Aiguillon sur mer et la Faute sur mer : deux communes qui se font face, bordées par l’océan et l’estuaire du Lay, en partie bâties sur une presqu’île, protégées par des digues vieillissantes érigées dans les années 30. Deux communes où 28 corps avaient déjà été retrouvés le 3 mars. Des personnes qui, pour la plupart, ont été surprises par l’eau dans leur sommeil et n’ont pu s’échapper de leurs habitations. Si l’officine de l’Aiguillon a été totalement inondée, celle de la Faute sur mer n’a été paradoxalement que peu touchée. « Nous sommes dans le centre bourg, légèrement sur la hauteur, explique Christine Renou, installée là depuis vingt ans. On a une chance inouïe : il y a bien eu un peu d’eau dans l’officine mais les stocks sont intacts alors que, tout autour, c’est le chaos. C’est la première fois que je vois cela et j’espère la dernière. C’est épouvantable. » Dimanche, sa pharmacie était fermée mais Christine Renou est venue pour répondre aux premiers besoins. « Il fallait de l’insuline. Comme il n’y avait plus d’électricité, tous les produits réfrigérés ont été transportés chez des confrères ou amis. A partir de lundi, la plupart des demandes ont concerné les traitements chroniques pour des gens qui ont tout perdu, plus de papiers, plus de médicaments, plus de maison… » Christine Renou avoue avoir été touchée par les marques de solidarité des collègues, des syndicats, des grossistes, du conseil de l’Ordre… « Dès 9 heures lundi, le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Cela fait du bien de sentir que l’on n’est pas seule. » Dans une autre commune, un pharmacien venu aider un confrère explique, en requérant l’anonymat : « Les pharmaciens font honneur à leur profession en se mettant au service de la population, en se mettant en quatre pour assurer la continuité. Si certains ne voyaient en nous que des marchands de boîtes, ils peuvent aujourd’hui constater que, même sur de tels événements, nous savons répondre présents. Et que nous sommes un maillon essentiel de la chaine des soins et des secours ! » CQFD.
La FSPF débloque 15 000 Euro(s)
Cette semaine, quatre pharmaciens de Charente-Maritime (installés à Charron, La Flotte en Ré, Rivedoux et La Rochelle) et deux autres de Vendée (La Faute sur mer et l’Aiguillon sur mer) auront chacun touché 2 500 Euro(s) de la part de la FSPF. Le syndicat a débloqué ces fonds dès mercredi 3 mars.
- Un patient a entendu dire qu’il pouvait désormais prendre son comprimé de Lévothyrox le soir au coucher. Est-ce vrai ?
- Alerte aux méningites : vérifiez le statut vaccinal des patients
- L’ordonnance d’une patiente souffrant d’une sinusite aiguë
- [VIDÉO] Accompagner le patient parkinsonien à l’officine
- Eau oxygénée boriquée au Formulaire national
- [VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin
- [VIDÉO] Négociations, augmentations, ancienneté… Tout savoir sur les salaires à l’officine
- [VIDÉO] 3 questions à Patrice Marteil, responsable des partenariats Interfimo
- [VIDÉO] Quand vas-tu mettre des paillettes dans ma trésorerie, toi le comptable ?
![[VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/03/bonnefoy-dpc-680x320.png)
![[VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2025/03/grollaud-sans-680x320.png)