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Une podologue diagnostique une mycose et une verrue
Sylvain, 28 ans, féru de natation et de course à pied, porte dans ses baskets des semelles, que sa pédicure-podologue renouvelle une fois par an. Elle repère une mycose sur un gros orteil et une verrue sous un talon.
Ce que je dois savoir
Législation
Les pédicures-podologues diplômés d’État peuvent prescrire certains topiques et pansements (voir encadré ci-dessous) et initier, renouveler et adapter une prescription d’orthèses plantaires sous certaines conditions. Le tiers-payant est possible pour les pansements et les topiques.
Contexte
C’est quoi ?
• La mycose unguéale, ou onychomycose, est une mycose localisée touchant un ou plusieurs ongles des pieds ou des mains. Elle est essentiellement due à des champignons kératinophiles appelés dermatophytes. L’ongle atteint se colore, devenant blanchâtre ou jaunâtre, puis s’épaissit et se déforme, de la partie distale (= bord libre) ou latérale vers la matrice.
• La verrue est une excroissance kératosique bénigne due à des papillomavirus. Elle siège sur les pieds, les mains, le visage ou les organes génitaux, ces deux derniers cas relevant d’une prise en charge spécialisée. La verrue plantaire de Sylvain est unique, bien circonscrite et ponctuée de petits points noirs qui correspondent à de minuscules vaisseaux sanguins.
Quels sont les facteurs favorisants ?
Baisse des défenses immunitaires, milieu humide, transpiration excessive des pieds, port fréquent de baskets ou de chaussures de sécurité, les facteurs favorisant mycose et verrue sont variés. À noter : les verrues des pieds et des mains touchent surtout les enfants et les ados.
Quelle évolution ?
• L’onychomycose ne guérit pas spontanément. Au-delà de la gêne esthétique, l’infection peut gagner les autres ongles, voire les espaces entre les orteils. C’est l’intertrigo, ou « pied d’athlète ». Les mycoses aux pieds sont une porte d’entrée à d’autres infections parfois graves, tel un érysipèle, en particulier chez les sujets fragilisés : âgés, immunodéprimés, diabétiques…
• À l’inverse, une verrue disparaît spontanément dans les deux ans suivant son apparition et reste peu contagieuse. Cryothérapie, kératolytiques, homéopathie…, les traitements ne fonctionnent pas toujours, surtout si la verrue est ancienne et s’est en quelque sorte « enfoncée » dans les tissus. Ils sont mis en place pour limiter la contagion et la formation de verrues « filles » et en cas de gêne, comme ici, où Sylvain se plaint parfois d’une douleur sous le pied.
Comment traiter ?
• La mycose. La podologue a réalisé des soins au cabinet. L’ongle atteint a subi un fraisage pour le rendre poreux et permettre une meilleure pénétration des actifs du vernis. Idéalement, cette opération devrait être répétée une fois par mois au cours du traitement afin de l’optimiser.
• Sur la verrue, la podologue pratique une abrasion de l’hyperkératose pour améliorer la mise en contact de l’infection et du traitement. Si la verrue est trop douloureuse, elle peut aussi réaliser une orthèse plantaire de décharge pour une exclusion d’appui en regard de la verrue, afin de soulager et de favoriser la cicatrisation.
Objectifs
Chaque produit prescrit vise à éliminer la lésion correspondante.
Médicaments
Mycoster 8 % (ciclopirox olamine)
Cet antifongique non imidazolé au large spectre d’action s’accumule dans la cellule fongique, se lie irréversiblement à plusieurs structures cellulaires et inhibe l’absorption de certaines substances (ions métalliques, phosphates et potassium), d’où une action fongicide.
Duofilm (acides lactique et salicylique)
Comme dans Kerafilm, cette association de deux acides aux propriétés kératolytiques provoque une élimination des couches superficielles de la peau par desquamation.
Repérer les difficultés
Observance du traitement local antifongique
L’application quotidienne du vernis dure jusqu’à repousse complète de l’ongle, soit de neuf à douze mois. L’observance conditionne le succès.
Mesures environnementales préventives
Elles doivent impérativement accompagner les traitements locaux prescrits pour éviter les récidives (voir Hygiène de vie et Vente associée).
Ce que je dis au patient
J’ouvre le dialogue
« Comment s’est passée votre consultation ? » afin d’en savoir plus sur les soins pratiqués et les conseils déjà donnés. « La podologue a prescrit le vernis sur plusieurs mois. Vous savez sans doute que ce sont des traitements longs, mais nécessaires pour éviter tout risque de propagation de l’infection » permet ensuite d’aborder l’observance. « Pour être sûr de ne pas oublier, je vous conseille de choisir un moment confortable pour vous, par exemple au réveil le temps que votre café coule, ou au coucher ».
J’explique le traitement
Mécanisme d’action
Le vernis va « stériliser » l’ongle, c’est-à-dire éliminer les champignons présents, et les composés de Duofilm vont « grignoter » la verrue.
Horaires d’administration
• Mycoster : appliquer une fois par jour. Retirer les couches successives une fois par semaine avec un dissolvant. Ne pas apposer de vernis coloré sur l’ongle traité.
• Duofilm : appliquer sur la verrue avec le pinceau fourni. Tous les deux ou trois jours, frotter doucement la surface de la verrue avec une lime en carton pour éliminer sa partie supérieure.
Effets indésirables
• Mycoster. En général très bien toléré, hormis d’éventuelles dermatites allergiques de contact.
• Duofilm : pour éviter toute irritation sur la peau périlésionnelle, car ce produit est caustique, la protéger avec un vernis neutre.
J’accompagne
Surveillance
Si malgré le traitement bien conduit la mycose s’aggrave ou se propage, revoir la podologue.
Conservation
Après usage, bien refermer les flacons pour éviter le dessèchement des solutions. Duofilm étant inflammable, le garder à l’abri de la chaleur.
Hygiène de vie
• Éviter la contagion. Limiter le contact direct avec des sols humides potentiellement contaminés : porter des sandales en plastique aux abords des piscines. Ne pas partager les serviettes de toilette avec sa famille, ni manipuler les lésions avec les doigts pour éviter l’autocontamination. Désinfecter tout le petit matériel, tel le coupe-ongles, à l’alcool à 70 °C.
• Lutter contre la macération : préférer les chaussettes en coton. Éviter de porter trop souvent des baskets ou des chaussures trop serrées ou fermées sans chaussettes. Après la douche, bien sécher ses pieds.
• Attention aux microtraumatismes : les chaussures de sécurité avec embout en fer qui tape contre la plaque unguéale, celles trop serrées ou trop courtes, chocs sur l’ongle… fragilisent l’ongle et favorisent l’infiltration de champignons responsables d’une mycose.
Vente associée
Pour lutter contre la transpiration excessive des pieds, proposer un soin adapté : Akiléïne crème anti-transpirante, Scholl Fresh Step déodorant anti-transpirant… Contre les verrues, proposer des granules d’Antimonium crudum, Nitricum acidum… ou une spécialité, telle Verrulia.
Avec l’aimable relecture de Wendy Dutto, pédicure-podologue (13).
Prescription
Mme D., pédicure-podologue
Sylvain L., 28 ans, 1,89 m, 95 kg
• Mycoster 8 % vernis
1 application par jour.
1 flacon par mois pendant 4 mois.
• Duofilm
1 application par jour, de préférence le soir, pendant 6 à 12 semaines.
La prescription des pédicures-podologues(1)
Sont autorisés(1) :
→ Topiques externes (hors substances vénéneuses) : antiseptiques, antifongiques, hémostatiques, anesthésiques, kératolytiques et verrucides, produits à visée adoucissante, asséchante, calmante, cicatrisante ou révulsive, anti-inflammatoires locaux pour hallux valgus et ongles incarnés.
→ Pansements : compresses tissées, non tissées et absorbantes, sparadraps, jersey, poches de suture adhésives.
→ Renouvellement d’ordonnance médicale de pansements chez le diabétique : hydrocolloïde, au charbon actif, vaseliné, hydrofibre, hydrogel, alginate de calcium.
→ Prothèses et orthèses, semelles et chaussures thérapeutiques de série.
(1) Journal officiel des 2 août 2008 et 2009, 21 août 2009. Liste sur ameli.fr > Professionnels de santé > pédicure-podologue.
Le patient me demande
On a dit à mon grand-père diabétique qu’il devrait consulter un podologue. Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai. Le diabète peut avoir des conséquences au niveau du pied, avec une perte de sensibilité nerveuse. Ce qui peut risquer d’aggraver la moindre petite lésion. La prévention est essentielle. Elle passe par des mesures d’hygiène au quotidien et par la consultation régulière d’un pédicure-podologue, qui est prise en charge sur prescription médicale selon le risque(1).
(1) Quatre consultations par an en cas de risque podologique de grade 2 et six pour le grade 3.
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