Un patient étranger est traité par une spécialité dont le principe actif est la trazodone. De quoi s’agit-il ?

La trazodone (Beneficat, Deprax, Desyrel, Trazorel…) a été commercialisée en France jusqu’en 1996 sous le nom de Pragmarel. C’est un antidépresseur inhibant la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline. Elle exerce également une activité antagoniste 5-HT2 et possède des propriétés anxiolytiques et hypnotiques. Sa posologie moyenne est de 400 mg/j. Son administration expose avant tout à un risque de sédation, mais aussi de nausées, de sécheresse buccale, d’hypotension orthostatique et de troubles réversibles de la vision. Elle peut provoquer un priapisme et augmenter la libido, d’où de possibles détournements à cette fin. Elle peut induire des troubles du rythme cardiaque et expose à un grand nombre d’interactions médicamenteuses. La molécule est proche de la néfazodone, un antidépresseur retiré du marché dans la plupart des pays en 2003-2004 en raison d’une toxicité hépatique ayant entraîné des décès. Même si la trazodone est mieux tolérée que la néfazodone de ce point de vue, elle n’en expose pas moins à un risque d’hépatotoxicité idiosyncrasique (provoquée par le médicament mais liée à des caractéristiques propres au patient et non dose-dépendante intrinsèque).

Sources : Haria M. et al (1994), « Trazodone. A review of its pharmacology, therapeutic use in depression and therapeutic potential in other disorders », Drugs Aging, 4(4), pp. 331-355 ; Mittur A. (2011), « Trazodone : properties and utility in multiple disorders », Expert Rev. Clin. Pharmacol., 4(2), pp. 181-196.