Punaises de lit : comment les repérer et s’en débarrasser efficacement ?

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Punaises de lit : comment les repérer et s’en débarrasser efficacement ?

Publié le 30 juillet 2024
Par Nathalie Belin
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En recrudescence, sans doute du fait de l’accroissement des voyages internationaux et de l’apparition de la résistance aux insecticides, les punaises de lit n’épargnent aucun lieu de vie. Nos conseils pour une lutte efficace.

Les punaises de lit, insectes hématophages, provoquent non seulement des désagréments physiques liés à leurs piqûres, mais aussi un important impact psychologique. L’infestation et les difficultés à s’en débarrasser engendrent souvent fatigue, anxiété, troubles du sommeil, comportements d’évitement, voire dépression chez les personnes touchées. À ce jour, il n’est pas prouvé qu’elles transmettent des pathogènes. Se nourrissant de sang, les punaises de lit vivent dans des espaces exigus, sombres, près de l’homme. Leur cycle de reproduction lent mais très prolifique explique l’ampleur d’une infestation après quelques semaines.

11 % des ménages français auraient été infestés par des punaises de lit entre 2017 et 2022(1). Ces infestations touchent toutes les catégories de population, avec certains facteurs de risque : voyages (40 % des infestations seraient liées à un séjour en hôtel ou location de vacances) ou résidence en logement partagé et, probablement, un faible niveau de revenu – facteur de persistance de l’infestation – car la lutte peut être coûteuse (en moyenne 866 euros par foyer selon l’Anses(2)).

À noter : le risque d’une contamination via les transports – train, métro, avion – est possible mais peu probable car l’insecte doit vraiment être affamé pour affronter la lumière et ne « s’accroche » pas comme les tiques ou les poux !

Les piqûres

Indolore, la piqûre peut rester asymptomatique ou se manifester par des lésions érythémateuses et maculo-papuleuses. Les piqûres sont alors regroupées par trois ou quatre, souvent en ligne, sur des parties découvertes. Ces lésions peuvent disparaître en quelques heures ou induire un prurit intense, voire une urticaire. Une surinfection bactérienne est possible par grattage. En cas de prurit important, la prise en charge repose sur un antihistaminique per os et un dermocorticoïde, et sur un antiseptique et un antibiotique topique, voire systémique en cas de surinfection. Ces manifestations ne permettent pas d’identifier formellement l’insecte.

Punaises de lit : comment les repérer ?

Sensible à la lumière, l’insecte est peu visible et est à rechercher minutieusement. Examiner en premier le lit et le canapé.

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  • Repérer l’insecte ou ses œufs dans les replis des matelas et canapés, les lattes de sommier, les plinthes, les prises, les fentes de parquet et les ourlets des rideaux, derrière les cadres.
  • Ses déjections sont mises en évidence plus facilement à proximité de ses cachettes.
  • Visualiser des traces de sang sur les draps dues à l’écrasement de l’insecte durant la nuit.

Plusieurs niveaux d’infestation sont distingués, ils déterminent l’ampleur de la prise en charge :

  • infestation faible : présence de traces laissées par l’insecte à type de piqûres, excréments, œufs… ; insecte non visible ;
  • infestation moyenne : traces de l’insecte et insecte visible après recherche approfondie ;
  • infestation élevée : traces de l’insecte et insecte visible à l’œil nu ;
  • infestation très élevée : idem ci-dessus et plusieurs logements concernés.
Quelles stratégies de lutte ?

Il convient en premier lieu d’éviter la propagation. Une fois la pièce et le meuble contaminés repérés, le déplacement du mobilier tant qu’il n’a pas été décontaminé est à proscrire au risque de propager l’infestation. Il est préférable de décontaminer les meubles à l’aide des moyens de lutte mécaniques et thermiques plutôt que de s’en débarrasser. S’ils sont trop infestés, les porter à la décharge en les enveloppant de film plastique afin d’y enfermer les punaises.

Attention : ne pas les déposer dans la rue ! Éviter de changer de pièce pour dormir au risque que les punaises suivent !

Les moyens de lutte mécaniques et thermiques à domicile sont primordiaux et indispensables à l’éradication. Aucune méthode n’est efficace à elle seule et chacune est « à réaliser dans la même journée », recommande le Dr Izri, entomologiste et infectiologue.

Lutte mécanique : aspirer les moindres recoins (matelas, sommier…), en plaçant le sac aspirateur ou son contenu dans un sachet hermétiquement fermé avant de le jeter aux ordures ménagères et en nettoyant l’aspirateur (conduit ou compartiment d’un sans sac) à l’eau très chaude (60 °C) et au savon. Brossage à sec des tissus en complément pour déloger les œufs et jeunes insectes et repasser l’aspirateur ensuite sur les surfaces et le sol.

Lutte thermique : laver à 60 °C les vêtements et le linge susceptibles d’être contaminés, à transporter dans un sac hermétique pour les isoler et/ou les sécher au sèche-linge à plus de 40 °C durant 30 minutes ou congeler au moins 48 heures (deux heures selon certaines études). Conserver le linge traité dans des sacs plastiques fermés jusqu’à la fin de l’infestation. La chaleur tue les punaises ; un nettoyage vapeur de la pièce et des objets infestés est recommandé, sauf les prises ou appareils électriques !

Attention à la terre de Diatomée : proposé en application dans les recoins, ce sédiment renferme de la silice (dioxyde de silicium) qui agit grâce à ses propriétés abrasives sur l’insecte. « Son usage est à déconseiller car son inhalation est toxique pour les voies respiratoires, sous la forme de poudre mais aussi de spray ou de liquide – une fois sec, certains débris peuvent être inhalés », met en garde le Dr Izri.

Méthode chimique : les insecticides doivent être utilisés en dernier recours, en cas de persistance d’une infestation, en les réservant aux professionnels. Pour le Dr Izri, cette méthode est à proscrire car les punaises résistent ou deviennent résistantes à tous les insecticides « qui ne font que les repousser et aggraver leur dissémination, sans compter leur toxicité pour l’homme et l’environnement ». Certains produits interdits en France mais que l’on peut se procurer, tel le Sniper 1 000 EC DDVP, un organophosphoré mortel par inhalation et toxique par contact ou ingestion, sont à l’origine de sévères intoxications(3). Quelque 1 056 cas, essentiellement toux, irritations oropharyngées ou cutanées, céphalées, vertiges, douleurs abdominales, liés à l’usage de divers « anti-punaises » ont été recensés par les Centres antipoison entre 2007 et 2021(4). Les intoxications ont lieu lors de l’application du produit ou au retour dans des locaux traités par un professionnel.

Quand recourir à un pro ?

Lorsque les luttes thermique et mécanique sont impossibles ou si elles échouent, « en évitant les pros employant des insecticides ». Le professionnel doit disposer d’un certificat Certibiocide délivré par le ministère de la Transition écologique, valable cinq ans.

Quelle prévention ?
  • À la maison : laver les vêtements d’occasion selon les moyens de lutte thermique. Aspirer, nettoyer à la vapeur les meubles d’occasion. Colmater, boucher les fissures, plinthes, endroits où peuvent se loger les insectes.
  • À l’hôtel : poser ses bagages sur un support, inspecté au préalable. Examiner lits et armoires.
  • Après un voyage : vérifier la présence de punaises dans ses bagages et vêtements avant qu’elles ne se cachent ! Dans le doute, isoler les affaires et la valise le temps de les décontaminer via les luttes mécaniques et thermiques.
  • Après traitement : surveiller toute nouvelle trace d’infestation durant un à deux mois. En cas de suspicion d’infestation, reprendre au plus vite les luttes mécaniques et thermiques.

(1) « Les punaises de lit : impacts, prévention et lutte », Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement, et du travail (Anses), juillet 2023.

(2) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

(3) « Cafards, punaises de lit… », communiqué de presse Anses du 5 décembre 2023.

(4) « Punaises de lit : prudence avec les produits utilisés », Vigil’Anses n° 18, novembre 2022.

Merci au Dr Arezki Izri, parasitologue, entomologiste médical à l’hôpital Avicenne, Bobigny (Seine-Saint-Denis)