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© Getty Images - Woman Scratching Itching Body Skin With Allergy
Psoriasis : « Les biothérapies ont changé la vie des patients »
Si le psoriasis est une maladie le plus souvent bénigne, le prurit qu’elle entraîne impacte le quotidien des patients. Le Dr Pierre-André Becherel, dermatologue (Antony), nous éclaire sur les biothérapies utilisées pour traiter cette pathologie à l’occasion de la Journée mondiale du psoriasis, ce 29 octobre.
Comment les patients vivent-ils la maladie ?
Le psoriasis peut altérer considérablement la qualité de vie du patient. En effet, outre la gêne liée aux démangeaisons, ce dernier peut éviter le regard des autres et tenter de cacher ses lésions, d’autant que le grand public craint souvent qu’elles ne soient contagieuses, une idée totalement fausse à combattre. L’impact sur la qualité de vie n’est cependant pas toujours proportionnel à la sévérité de l’atteinte et certains patients avec une atteinte relativement importante ne sont parfois étonnamment pas demandeurs de traitement. Il ne faut alors pas hésiter à chercher à savoir si c’est dû à une crainte des effets secondaires du traitement ou si c’est réellement en raison d’un faible impact de la maladie. Si je repère une corticophobie par exemple, j’essaie de les rassurer quant à la tolérance des traitements. En effet, on sait depuis longtemps maintenant que les dermocorticoïdes bien utilisés, c’est-àdire une fois par jour jusqu’à disparition des plaques, n’entraînent que rarement des effets indésirables. Les complications, locales, existent et il ne faut pas les nier, mais elles restent exceptionnelles et surviennent essentiellement en cas de mésusage sous la forme d’une atrophie cutanée au niveau du visage.
Quelles sont les alternatives aux dermocorticoïdes ?
Au niveau local, les analogues de la vitamine D peuvent être proposés même si leur action est plutôt moins rapide que celle des dermocorticoïdes. L’urée à 10 ou à 30 % peut être prescrite ou proposée dans des shampooings ou des crèmes dans les cas de psoriasis très légers, en traitement d’entretien des poussées ou en association avec un traitement lorsque celui-ci n’est pas efficace à 100 %, notamment pour le cuir chevelu. Les lésions du cuir chevelu constituent en effet une demande importante de la part des patients car les démangeaisons y sont souvent plus importantes que sur le reste du corps.
L’arrivée des biothérapies a-t-elle amélioré la vie des patients ?
Ces nouveaux médicaments, déjà disponibles par voie orale, ont véritablement changé la vie des patients atteints de psoriasis en offrant une alternative en cas d’échec des traitements. Et pourtant, certains patients restent réticents par peur des effets indésirables. Ils craignent notamment d’être malades en permanence du fait de l’action sur le système immunitaire, mais les études « en vraie vie » montrent que la mise en place de précautions telles que la mise à jour du calendrier vaccinal et la mise en garde vis-à-vis des signes infectieux minimise très fortement le risque d’affaiblissement du système immunitaire. Et après la suppression en 2019 de l’obligation de réévaluation annuelle hospitalière, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a donné tout récemment la possibilité – pour les médecins spécialistes des maladies concernées – d’initier en ville les traitements par biothérapies. Cela devrait faciliter leur accès aux patients, à la fois en n’obligeant plus à une première consultation à l’hôpital et par voie de conséquence en diminuant l’appréhension vis-à-vis de ces traitements. Et la mise en place d’un traitement peut être d’autant plus recommandée qu’il est aujourd’hui reconnu qu’une biothérapie diminue le risque d’évolution vers un rhumatisme psoriasique. Quant à la question de la voie d’administration, sous-cutanée alors que la voie orale est également possible, elle ne pose pas de problème particulier.
La gestion de l’environnement est-elle importante dans la prise en charge de la maladie ?
Le facteur modifiable essentiel de déclenchement des poussées est le stress. Même si c’est souvent compliqué, il est donc important d’essayer de le gérer au mieux grâce à des techniques de relaxation telles que la méditation de pleine conscience, le yoga et/ou la cohérence cardiaque. Concernant l’alimentation, rien n’est prouvé quant aux régimes d’exclusion du gluten ou de viande rouge par exemple, mais certains patients arrivent toutefois à identifier certains aliments comme déclencheurs de poussées. De même, les traumatismes cutanés, le grattage, la consommation d’alcool ou de tabac peuvent favoriser la survenue de poussées. Ils doivent donc être limités autant que possible.
Les nouveaux traitements sont-ils prometteurs ?
La recherche avance et de nouveaux traitements sont disponibles. Si la sortie récente de Spevigo (spésolimab), réservé à l’usage hospitalier, ne concerne qu’un nombre très limité de patients du fait de son indication (traitement des poussées de psoriasis pustuleux généralisé), l’arrivée de Sotyktu (deucravacitinib) offre de grands espoirs même si c’est un traitement de troisième ligne. Le deucravacitinib, qui appartient à la classe des inhibiteurs de la tyrosine kinase (TYK2), est le premier inhibiteur de Janus kinase à obtenir une autorisation de mise sur le marché dans le psoriasis en plaques. En effet, en bloquant l’action de la TYK2, le deucravacitinib inhibe la libération des cytokines et des chimiokines pro-inflammatoires. Sotyktu se prend par voie orale à la posologie d’un comprimé de 6 mg par jour, indifféremment par rapport aux repas.
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