Polémique sur la nécessité de prescrire des statines

Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, il vous soignera sans médicament. En titrant ainsi son dernier livre (paru aux éditions Thierry Souccar), Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS, lance un pavé dans la mare. L’auteur attaque la théorie du rôle néfaste de l’excès de cholestérol dans l’infarctus du myocarde et, évidemment, l’intérêt des statines. Trop prescrites ? Pour le chercheur, il faudrait diviser par 20 au minimum le nombre de patients sous traitement. Ils sont environ 6 millions en France actuellement…

Michel de Lorgeril reproche à l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire, mais aussi aux médecins spécialistes, axés sur la prévention, de pratiquer de la désinformation. « Le cholestérol ne bouche pas les artères ; le risque de mourir d’un infarctus n’est pas proportionnel au niveau de cholestérol dans le sang et le faire baisser ne réduit pas le risque de mourir d’un arrêt cardiaque » affirme-t-il. Le cardiologue conteste également l’extrapolation des nombreuses données épidémiologiques internationales associant l’hypercholestérolémie et le risque cardiovasculaire à la population française.

Des propos jugés fantaisistes

Une conférence de presse et une interview de l’auteur dans Le Monde plus tard, la polémique est ouverte. La Société française de cardiologie dénonce « les théories scientifiques fantaisistes » du chercheur : « La très grande quantité de preuves scientifiques formelles a montré que l’utilisation des statines permet de réduire le risque d’infarctus et de décès, chez les patients cardiaques et ceux à haut risque cardiovasculaire. Il est donc particulièrement important qu’ils n’interrompent pas un traitement dont les bénéfices sont prouvés ».

De son côté, le Leem a émis un communiqué réaffirmant l’intérêt des statines chez les sujets à risque vasculaire. De part et d’autre cependant, on s’accorde sur la place centrale des mesures hygiénodiététiques. L’occasion au comptoir de rappeler aux patients une nouvelle fois que la prise d’un médicament hypocholestérolémiant ne se substitue pas à un régime alimentaire équilibré, le régime crétois prôné dans un autre des ouvrages de Michel de Lorgeril par exemple…