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Ne baissez pas la garde !
Epidémie galopante, le diabète de type 2 touche actuellement 3 % de la population française. Plus que jamais, le Mois du diabète permet de sensibiliser les patients sur les complications de cette pathologie. A l’initiative de plusieurs groupements, des pharmaciens s’impliquent.
En 1994, ils étaient 110 millions. A l’horizon 2025, ils seront 330 millions. Autant dire que l’augmentation du nombre de diabétiques dans le monde devient préoccupante. Au banc des accusés, la sédentarité et l’obésité qui font le lit du diabète de type 2. En France, près de 500 000 personnes ignoreraient leur maladie. L’information des patients à risque devient donc une nécessité. Les enjeux sont de taille : enrayer l’extension inquiétante de la maladie et éviter ses complications. Les résultats d’une récente enquête montre que 20 % des diabétiques présentent plus de trois complications. Rappelons également qu’en France le diabète représente la première cause de cécité, la seconde cause d’insuffisance rénale et la première cause d’amputations (7 000 par an) non consécutives à un accident. Sans parler du risque accru de développer une maladie cardiovasculaire.
Retenir le chiffre 7.
Ainsi, cette année, la campagne nationale de sensibilisation est pour la première fois centrée sur la prévention des complications via le taux d’hémoglobine glyquée (voir Le Moniteur n° 2508). Objectif des organisateurs (l’AFD (1), l’Alfediam (2) et l’institut Aventis) : faire du chiffre 7 (pourcentage d’hémoglobine glyquée) une valeur limite de référence au même titre que les normes connues de tous concernant la tension ou la glycémie. Cependant de nombreux progrès restent à réaliser dans ce domaine, car selon une étude menée par l’ANAES en 2000, seuls 60 % des diabétiques avaient bénéficié d’un dosage d’hémoglobine glyquée au cours des six derniers mois alors qu’il est recommandé tous les trois mois.
Un carnet de santé spécial diabète.
Consciente des dangers pour la santé publique générés par le diabète, l’OMS a mis en place il y a dix ans une Journée mondiale du diabète, le 14 novembre. L’occasion pour l’Académie nationale de médecine de proposer un programme d’action en faveur d’une meilleure prise en charge. A commencer par la création d’un « carnet santé-diabète » établi en concertation avec la CNAM de façon à renforcer l’implication des malades et les liens entre les professionnels de santé. Il devra comporter les détails des principaux contrôles : poids, glycémie, tension, fond d’oeil…
A noter que ce type de carnet existe déjà depuis quelques mois en Belgique, et qu’en France il est distribué par les laboratoires presque uniquement aux diabétiques de type 1. Autre recommandation : l’élargissement du « forfait financier infirmier » (garantissant actuellement la présence d’une infirmière chaque semaine chez les diabétiques insulinodépendants de plus de 75 ans ou handicapés) aux diabétiques de type 2 dans la même situation.
Les académiciens vont même jusqu’à proposer un « forfait éducation » pour les diabétologues et les médecins généralistes qui auront reçu une formation spécifique.
Les groupements montrent l’exemple.
L’espoir d’améliorer le dépistage de la rétinopathie diabétique se profile grâce à l’utilisation généralisée de rétinographes permettant l’installation d’un réseau national de dépistage. Ces appareils, ne nécessitant ni dilatation de la pupille, ni contact avec l’oeil, peuvent être manipulés par des auxiliaires médicaux transmettant ensuite les clichés dans un centre de lecture. Un scénario loin d’être utopique puisqu’il s’est déjà concrétisé au travers d’initiatives locales. Peut-être le moyen d’en finir avec un état des lieux peu encourageant. A savoir qu’en 2000, moins de la moitié des patients (41,5 %) avait bénéficié d’un fond d’oeil.
En attendant l’évaluation économique et la mise en place de telles mesures, plusieurs groupements de pharmaciens ont pris le parti d’aller directement au-devant des patients.
L’année dernière, la campagne Giropharm a permis de déceler 800 glycémies anormales. Le groupement renouvelle son opération durant tout ce mois de novembre sur le thème : « Le diabète lent, silencieux… mais redoutable ». Sur le principe d’un dépistage anonyme et gratuit, les pharmacies Giropharm et toutes celles qui le souhaitent peuvent ainsi informer les personnes à risque et remettre à chaque personne dépistée un questionnaire épidémiologique. Et, statistiquement, chaque officine aurait la possibilité de dépister 36 diabétiques qui s’ignorent.
Cette initiative n’est pas isolée, au regard des actions menées par l’APM-34 (Association pharmaceutique méditerranéenne de l’Hérault) qui a également pris le parti du dépistage de la clientèle et de la formation de ses adhérents. Autre exemple, celui des pharmacies Giphar : vitrine sur le diabète, animation du point de vente, lecteurs de glycémie à prix intéressants, dépliants et fiches conseils sont proposés aux clients diabétiques.
Un « goûter diététique » pour les enfants.
IFMO se démarque en invitant les patients et leurs familles aux « Rencontres Pharmélia » organisées à Strasbourg dans le cadre de la Journée mondiale du diabète. Ainsi, les 14 et 15 novembre prochain, des professionnels de santé et différentes associations animeront des conférences sur le thème de la nutrition. Un « goûter diététique » sera offert aux enfants, éducation alimentaire dès le plus jeune âge oblige. Surtout lorsque l’on sait que l’apparition d’un diabète de type 2 dépend de l’évolution de l’indice de masse corporelle (IMC) entre l’âge de deux et douze ans. Une étude finlandaise vient de le prouver : ce sont les enfants dont l’IMC augmente plus vite que la norme, à partir de deux ans, qui deviennent des adultes diabétiques. Les générations « Coca-Mac Do » ont du souci à se faire…
Les recommandations au comptoir suffiront-elles à responsabiliser parents et patients ? Au profit de leur santé, certes, mais aussi des dépenses de santé consacrées à la maladie. Actuellement, à l’échelle mondiale, elles sont estimées à 153 milliards de dollars…
(1) Association française des diabétiques.
(2) Association de langue française pour l’étude du diabète et des maladies métaboliques.
A retenir
500 000 : c’est le nombre de diabétiques français de type 2 qui s’ignoreraient.
cécité : le diabète de type 2 est la première cause de cécité en France, la deuxième cause d’insuffisance rénale et la première cause d’amputations (hors accidents).
création d’un forfait éducation : c’est ce que préconise l’Académie de médecine pour les médecins qui se forment spécifiquement, ainsi que la création d’un « carnet santé-diabète ».
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