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Les traitements

Publié le 20 octobre 2001
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Chaque rhinopharyngite doit être traitée de façon symptomatique, sans antibiotique d’emblée.

Le traitement local

Il est essentiel, et la plupart du temps suffisant pour éviter l’aggravation des symptômes.

La désinfection nasale

Le traitement repose sur la désinfection pluriquotidienne du rhinopharynx à l’aide de sérum physiologique, d’eau de mer stérile isotonique (Physiomer, Unimer, Stérimar…) ou de solution contenant un agent désinfectant (Prorhinel solution ou spray…). La désobstruction nasale repose sur l’apprentissage du mouchage régulier (à effectuer avant le lavage du nez). Il est à enseigner à l’enfant le plus tôt possible, souvent à partir de deux ans, afin d’éviter le reniflement. Il faut lui apprendre à se moucher une narine après l’autre, ce qui permet un mouchage plus efficace. Le mouchage des deux narines en même temps est réputé entraîner un risque accru d’otite par migration des sécrétions dans la trompe d’Eustache. Ce risque théorique est aujourd’hui remis en question.

Le mouche-bébé

Chez le nourrisson et l’enfant en bas âge, l’encombrement nasal peut être diminué en se livrant à des aspirations à l’aide d’un mouche-bébé (de préférence par aspirations buccales).

Le sérum hypertonique

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Le sérum salé hypertonique (Sinomarin) produit un appel d’eau par effet osmotique qui décongestionne les muqueuses et, de ce fait, désobstrue le nez. Inconvénient, il produit des sensations de picotements nasales désagréables pour l’enfant.

Les gouttes et pommades nasales

– Les désinfectants locaux (gouttes nasales antiseptiques et/ou antibiotiques en traitement de courte durée : maximum cinq jours) évitent le développement de l’infection ou combattent un écoulement purulent qui se déclare.

– Les anti-inflammatoires locaux non cortisoniques (Soufrane…) ou les inhalations (Balsofumine, Fumigalène, Pérubore…), autorisées seulement chez l’enfant de plus de douze ans sans antécédent de convulsions, réduisent l’état congestif du rhinopharynx.

– Les préparations locales adoucissantes et décongestionnantes, telles que l’Huile goménolée à 2 % ou le Balsamorhinol (au-dessus de 30 mois), sont utiles si le nez est sec et irrité. L’application d’Homéoplasmine peut être conseillée pour prévenir ou combattre les croûtes récidivantes dans le nez, sources de prurit, douleur, voire de saignements et d’ulcérations consécutifs à la rhinorrhée. La présence d’acide borique dans sa formule la contre-indique toutefois avant trente mois (risque d’effets systémiques, se manifestant initialement par une érythrodermie intense et diffuse prédominant au niveau du siège ou de la bouche).

Les vasoconstricteurs locaux décongestionnent la muqueuse nasale. Mais ils sont interdits avant l’âge de douze ans en raison du risque de tachycardie et de convulsions (exception faite du Rhinofluimucil, contre-indiqué uniquement avant l’âge de 30 mois, mais nécessitant une prescription).

Le traitement général

Il est plutôt réservé au grand enfant, très peu de produits étant adaptés au nourrisson.

Les décongestionnants oraux

Ces produits à effet vasoconstricteur sont réservés à l’enfant de plus de 12 ans (à partir de 15 ans, le traitement est identique à celui de l’adulte). Les spécialités à base de phénylpropanolamine sont désormais sur ordonnance en raison de l’augmentation du risque d’hémorragie cérébrale suggéré par de récentes études américaines. Certains décongestionnants oraux à base de pseudo-éphédrine (Rhumagrip, Actifed, Dolirhume…) peuvent encore être conseillés en officine chez les plus de douze ans.

Les antihistaminiques

En cas de rhinorrhée, s’accompagnant d’éternuements en salve ou de démangeaisons nasales, une spécialité à base d’antihistaminique H1 peut être conseillée chez le grand enfant : Fervex enfant (à partir de 6 ans), Rhinofébral gélule (à partir de 12 ans)…

Les antitussifs

Les antitussifs à base de dextrométhorphane (Akindex enfant, Dexir enfant, Drill toux sèche enfant…) peuvent être conseillés à partir de 30 mois, à l’exception de Rhinathiol gel oral enfant, et Vicks Vaposyrup toux sèche enfant dont le dosage et la présentation le font réserver aux plus de 6 ans, tout comme les antitussifs à base de pholcodine (Broncalène enfant, Codotussyl toux sèche enfant, Humex Fournier toux sèche enfant, Trophirès enfant…).

Ils sont contre-indiqués en cas d’hyperréactivité bronchique.

Les antipyrétiques

La fièvre est combattue par les moyens physiques habituels (bains tièdes, découvrir l’enfant, boissons abondantes…) et par les médicaments antipyrétiques (60 mg/kg/j au maximum pour le paracétamol, 50 mg/kg/j au maximum pour l’aspirine, et, sur prescription, 20 à 30 mg/kg/j au maximum chez le nourrisson âgé de plus de six mois pour l’ibuprofène).

Les pommades révulsives

En onction pendant quelques minutes sur la poitrine ou sur le dos, les applications locales de Vicks Vaporub (contre-indiqué chez le nourrisson de moins de 36 mois et à utiliser avec prudence chez l’enfant de moins de 7 ans) ou de Bronchodermine (contre-indiqué avant 30 mois, application une seule fois par jour jusqu’à 6 ans) peuvent aider à décongestionner les voies respiratoires.

Les antibiotiques

Une idée fausse, pourtant très répandue, est la nécessité d’avoir recours aux antibiotiques si l’enfant a un rhume accompagné de fièvre ou s’il « mouche jaune ». Une tâche importante est d’expliquer aux parents que les antibiotiques n’ont aucune action sur les virus, qu’ils ne raccourcissent pas la durée du rhume, n’ont pas d’action sur la fièvre et doivent être réservés aux complications bactériennes.

L’antibiothérapie systématique per os n’est pas justifiée dans une rhinopharyngite aiguë d’évolution simple. Aucune étude n’a démontré l’efficacité des antibiotiques dans cette affection, ni dans le raccourcissement de la symptomatologie, ni dans la prévention des complications. A l’inverse, le recours à ces médicaments peut se discuter en cas d’antécédents d’otites récidivantes, chez le nourrisson de moins de six mois, a fortiori lorsqu’il est gardé en collectivité, et à tout âge sur un terrain fragilisé (immunodéprimé) ou en cas de complications (OMA, sinusite).

L’homéopathie

Elle peut être un complément à la désinfection rhinopharyngée, et nécessite une enquête sur le mode d’apparition et l’évolution des symptômes.

Dès les premiers signes

Au tout début de la rhinopharyngite (lorsque l’enfant présente de la fièvre), les premiers remèdes à donner sont :

Aconit 9 CH, 1 dose, immédiatement en cas de début brutal, avec des céphalées, rougeur, chaleur, agitation et peau sèche.

Belladonna 7 ou 9 CH : 1 dose, au 2e stade, lorsque les muqueuses sont rouges, brillantes, que la céphalée est importante, qu’il y a transpiration et sueurs.

A la phase d’état

Les remèdes sont à donner en 5 ou 7 CH, à raison de 3 granules 3 fois par jour.

– Si l’écoulement est fluide : Allium cepa (écoulement nasal excoriant et écoulement lacrymal léger), Euphrasia (écoulement nasal non excoriant), Arsenicum album (écoulement corrosif, aggravation aux changements de temps, avec anxiété, nez chaud et rouge).

– Si l’écoulement est jaune blanchâtre : Pulsatilla (écoulement non irritant, absence de suspicion d’otite), Kalium muriaticum (inflammation des oreilles avec obstruction de la trompe d’Eustache, nez et pharynx encombrés de mucosités), Hydrastis canadensis (coryza excoriant avec mucus épais adhérent et jaunâtre).

– Si l’écoulement est verdâtre : Kalium bichromicum en 4 ou 5 CH (en association avec Pyrogenium 9 CH, 5 granules tous les soirs), pour éviter le passage à la chronicité, ou Mercurius solubilis en 7 ou 9 CH, à raison de 3 granules matin et soir (à éviter en cas d’otite et lui préférer alors Mercurius corrosivus, aux mêmes dilutions, qui, lui, ne donne pas d’aggravation).

– Si les végétations entraînent une gêne respiratoire, préconiser (en 9 CH) : Ammonium carbonicum (obstruction nasale la nuit obligeant à respirer par la bouche), Sambucus nigra (nez complètement bouché, réveil brutal la nuit avec suffocation intense), Sticta pulmonaria (sécheresse du nez avec sensation de pression à sa racine).

Comment procéder au lavage du nez ?

Le lavage de nez ne doit jamais être effectué tête de l’enfant en arrière (pour éviter que la solution ne descende dans la gorge). Penser à rincer à l’eau ou à désinfecter l’embout nasal après usage.

Chez le nourrisson

– Placer le nourrisson en position allongée, tête inclinée sur le côté.

– Introduire délicatement l’embout (du spray ou de la dose unitaire de sérum physiologique) dans la narine supérieure et maintenir la tête pour éviter tout mouvement brusque.

– Effectuer avec le spray une pulvérisation franche de deux à trois secondes (ou une pression sur le corps du flacon en plastique) en dirigeant le jet horizontalement jusqu’à ce que le liquide sorte par l’autre narine.

– Redresser la tête afin de laisser s’écouler les mucosités.

– Essuyer le nez à l’aide d’un mouchoir.

– Renouveler en tournant la tête du bébé de l’autre côté.

Chez l’enfant

– Placer l’enfant en position assise ou debout.

– Il doit se moucher préalablement, une narine après l’autre.

– Bien incliner la tête sur le côté (pencher sa tête au-dessus d’un lavabo, si possible à l’horizontal) et introduire la solution dans la narine supérieure.

– Puis changer de côté (tête tournée du côté opposé) et répéter l’opération.

Recette de grand-mère

Il est possible de préparer une solution hypertonique à domicile et de la tamponner avec du bicarbonate de soude, ce qui permet de désobstruer le nez tout en évitant les picotements.

Ajouter à un litre d’eau 2 à 3 cuillères à café de gros sel et 1 cuillère à café de bicarbonate de soude. Administrer à l’aide d’une petite poire ou d’une seringue de 30 ml.

A conserver à température ambiante et à renouveler tous les 8 jours.

Quand orienter vers le médecin ?

Ces symptômes nécessitent d’emblée une consultation :

– Fièvre supérieure à 38,5 °C ou durant plus de 48 h.

– Ecoulement purulent par l’oreille.

– Otalgie.

– Gêne respiratoire, toux rauque.

– Douleur faciale ou céphalée.

– Altération de l’état général, insomnie, anorexie.

– Toux s’accompagnant de vomissements.

– Disparition du sourire chez le nourrisson.

– Antécédents particuliers (asthme, déficit immunitaire, mucoviscidose…).

– Ecoulement persistant d’une seule narine (faisant suspecter un corps étranger méconnu : coton, cacahuète…).

Cas de comptoir

Le nez de Nicolas, 4 ans, coule jaunâtre et épais. Cela s’accompagne de fièvre (37,8 °C ce matin) et d’une toux sèche la nuit. Sa maman se demande si des antibiotiques ne seraient pas nécessaires.

Que lui répondez-vous ?

La rhinopharyngite de Nicolas est probablement d’origine virale car il n’y a aucun signe de gravité. La toux nocturne est déclenchée par la stagnation des sécrétions dans le pharynx. La couleur jaunâtre des sécrétions et leur épaississement sont signe que les défenses immunitaires de Nicolas fonctionnent correctement. Les antibiotiques n’auraient donc aucune utilité et ne raccourciraient pas la durée de la rhinopharyngite.

Cas de comptoir

Eve, 3 ans, souffre d’un gros rhume depuis plus d’une semaine. Elle a mal aux oreilles mais n’a pas de fièvre. Sa mère ne veut pas qu’elle prenne antibiotiques. Que lui conseillez-vous ?

Il faut impérativement consulter, même en l’absence de fièvre. Car les complications du rhume (otites moyennes aiguës) nécessitent une antibiothérapie, parfois même l’ablation des végétations si les otites sont trop récidivantes. Le risque d’extension de l’infection et de séquelles auditives n’est pas négligeable.

Aspirer systématiquement avant chaque tétée les sécrétions nasales du nourrisson enrhumé permet de faciliter la respiration et la prise du sein ou du biberon.

Les inhalations à base d’huile essentielle d’eucalyptus, de niaouli, de lavande, de thym, de menthol et, d’une manière générale, à base de dérives terpéniques ne doivent être conseillées qu’à partir de 12 ans, et seulement chez les enfants n’ayant pas d’antécédents de convulsions (Aromasol, Balsofumine, Balsolène, Essence algérienne, Pérubore, inhalateurs de poche Humex Fournier, Vicks…).