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Les hémorroïdes

Publié le 9 juin 2012
Par Damien Lacroix
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Malgré la prévalence élevée de la pathologie hémorroïdaire, sa localisation intime rend les patients réticents à la consultation médicale. Le traitement de cette maladie bénigne est souvent symptomatique.

Que sont les hémorroïdes ?

Présentes chez tous les individus dès la naissance, les hémorroïdes sont des structures anatomiques arrondies contenant un tissu hypervascularisé formé de connexions artérioveineuses et de sacs vasculaires (voir schéma). Elles participent à assurer la continence anale fine.

Quand sont-elles pathologiques ?

• Lorsqu’elles deviennent gênantes ou douloureuses, on parle de « pathologie hémorroïdaire ». Deux hypothèses expliqueraient l’origine de la pathologie hémorroïdaire : vasculaire (stase intravasculaire…) et/ou mécanique (effort durant la défécation…).

• Les principaux symptômes sont une douleur le plus souvent non rythmée par la selle (dans 60 % des cas), un saignement (55 %), une tuméfaction (40 %), un prurit (20 %) ou un suintement anal (15 %).

• Une hémorroïde interne peut sortir de l’anus au moment de l’exonération, formant alors une boule molle. On parle dans ce cas de « prolapsus hémorroïdaire ». Il est souvent réintégrable, spontanément ou non.

• Une thrombose hémorroïdaire peut se former. Présentée comme une boule douloureuse, son érosion provoque des saignements au moment de l’exonération ou de l’essuyage. La thrombose guérit toujours spontanément, pouvant laisser un repli cutané indolore (marisque). En aucun cas elle peut être à l’origine d’embolie pulmonaire ou autre.

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Quels sont les facteurs de risque ?

– Les troubles du transit (constipation entraînant un effort de poussée).

– La phase prémenstruelle et la grossesse (efforts de poussée à l’accouchement).

– L’âge (surtout 45 à 65 ans).

– La consommation d’épices, de café, de thé ou d’alcool ne déclenche pas les crises mais pourrait les aggraver ;

– La maladie veineuse des membres inférieurs n’est pas liée.

Quand faut-il consulter ?

En France, 40 % des adultes seraient concernés par un symptôme anorectal mais seul 20 % d’entre eux consultent. Une consultation est pourtant conseillée afin d’éliminer une pathologie plus grave (abcès, fissure anale, cancer…). Elle est indispensable en cas de rectorragie.

Comment traiter ?

• Le traitement de la crise se fait par voie locale et/ou générale sur une période courte.

• Traitement local : les topiques sous forme de crème ou de suppositoire contiennent des actifs apaisants voire cicatrisants (Titanoréïne). Leur effet lubrifiant atténue la douleur à l’exonération. Ils peuvent contenir un anesthésique local (Titanoréïne Lidocaïne, Phlébosup, Sédorrhoïde…) parfois associé à un corticoïde (Deliproct, Ultraproct, tous sur liste 1). Ils ne semblent pas plus efficaces que les lubrifiants (vaseline…).

• Traitement systémique : associé au traitement local, il comporte en général un veinotonique à posologie élevée (supérieure à celle indiquée pour l’insuffisance veineuse) pendant 5 jours au minimum : la diosmine (Daflon), l’extrait de Ruscus (Cyclo 3 Fort), l’intrait de marron d’Inde… L’efficacité n’est pas prouvée. En cas de douleurs importantes, un AINS ou un corticoïde peuvent être associés.

• Traitement instrumental ou chirurgical : afin d’éliminer une marisque ou les hémorroïdes lorsque la gêne est trop importante, plusieurs méthodes existent : la photocoagulation par sonde infrarouge, l’injection sclérosante, la ligature élastique du prolapsus, l’excision d’un thrombus hémorroïdaire…

EN PRATIQUE

• Conseiller une crème pour les troubles hémorroïdaires externes et/ou des suppositoires pour les troubles internes et si nécessaire un veinotonique oral.

• Conseiller un apport de fibres suffisant (figues, pruneaux, carrés transit, pain complet…) voire un laxatif lubrifiant, osmotique ou de lest en cas de constipation importante.

• Se laver avec un savon doux non parfumé et bien sécher après la selle ou s’essuyer avec un coton imbibé d’huile d’amande douce, une lingette pour bébé ou spécifique pour l’hygiène anale (Hémorro lingette, Préparation H lingette…).

• Porter des sous-vêtements amples en coton.

Sources : François Pigot, « Pathologie hémorroïdaire », La Revue du praticien, 2008, 58(16), 1763-1768 ; « Pathologie hémorroïdaire », La Presse médicale, 2011 40(10), 918-947 ; « Que faire en cas de crises d’hémorroïdes », Prescrire, août 2011.