Pathologies Réservé aux abonnés

L’échinococcose alvéolaire

Publié le 3 mai 2014
Par Patricia Willemin
Mettre en favori

L’échinococcose alvéolaire est une maladie parasitaire rare provoquant des lésions hépatiques potentiellement graves. Des mesures simples permettent de limiter les risques de contamination.

De quoi s’agit-il ?

• L’échinococcose alvéolaire est une parasitose intrahépatique due à un ver plat appartenant à la classe des cestodes (Echinococcus multilocularis). Cette maladie touche essentiellement les personnes en zones rurales. Toutefois, la présence accrue de renards dans les zones urbaines peut faire craindre une augmentation du risque de contamination des animaux domestiques et donc des hommes vivant dans ces zones.

• En France, jusqu’à la fin des années 1990, l’aire de répartition connue du parasite chez le renard était limitée à une quinzaine de départements du Nord-Est et à l’Auvergne. Elle semble s’étendre à présent vers l’ouest et le sud.

Quel est le réservoir de ce parasite ?

• Le cycle d’Echinococcus multilocularis fait intervenir un hôte définitif et un hôte intermédiaire. L’hôte définitif (essentiellement le renard et dans une moindre mesure le chien ou le chat) héberge le parasite adulte producteur d’œufs qui seront expulsés avec les fèces. L’hôte intermédiaire (les rongeurs) ingère ces œufs qui migrent vers le foie où la forme larvaire se développe.

Quel est le mode de transmission ?

• L’homme est un hôte intermédiaire accidentel et une impasse parasitaire dans le cycle.

• Il s’infeste accidentellement en ingérant des œufs du parasite. Cette contamination est le plus souvent indirecte par ingestion d’aliments crus (végétaux ou baies sauvages) souillés par des fèces infestées, ou parfois directe, au contact d’animaux porteurs d’œufs sur leur pelage.

Publicité

Quels sont les signes cliniques ?

• La maladie se caractérise par une longue période d’incubation asymptomatique (de 5 à 15 ans) suivie d’une maladie chronique invasive d’évolution lente évoquant une maladie hépatique tumorale. Cliniquement, une hépatomégalie, un ictère ou des douleurs abdominales peuvent révéler la maladie.

• Plus rarement, des métastases parasitaires peuvent atteindre d’autres organes (poumon, os, cerveau).

Comment fait-on le diagnostic ?

Le diagnostic repose en première intention sur l’échographie abdominale et le scanner qui révèle des calcifications très caractéristiques. La tomodensitométrie et l’IRM permettent de faire le bilan d’extension et le suivi thérapeutique du patient. Le diagnostic est confirmé par une sérologie spécifique.

Quel est le traitement ?

• Lorsqu’il est possible, le traitement chirurgical radical (ablation totale du tissu parasitaire) est le traitement de choix. Il doit être suivi d’une prophylaxie antiparasitaire à base d’albendazole (Eskazole) pendant 2 ans. La transplantation hépatique peut être discutée dans certains cas très évolués.

• Chez les patients inopérables, la prise au long cours de l’albendazole permet de limiter la progression de la maladie.

• La dose recommandée est de 800 mg/jour (15 mg/kg/j chez les patients < 60 kg) en 2 prises. La survenue possible de troubles hématologiques et d’une élévation des transaminases impose une surveillance biologique régulière.

« Echinococcose alvéolaire », ministère de la Santé, avril 2005 ; « Echinococcus multilocularis chez le renard et les carnivores domestiques », BEH, hors-série, 14.9.2010 ; « Echinococcose alvéolaire en France : données actualisées entre 1982 et 2012 », Fédération française d’infectiologie ; « Echinococcus multilocularis : fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments », Anses, septembre 2011.

EN PRATIQUE

Mesures préventives pour diminuer le risque de contamination :

• Ne pas porter les mains à la bouche en activité de nature.

• Ne pas toucher un animal sauvage à mains nues.

• Rincer abondamment fruits et légumes cueillis et cuire à température > 70 °C pendant 5 minutes les aliments pouvant être contaminés : pissenlits, champignons, fruits sauvages (la congélation ne détruit pas le parasite)…

• Porter des gants en jardinant, se laver les mains après avoir caressé un animal.

• Vermifuger chien et chat jusqu’à 4 fois par an (1 fois par mois en zone endémique) avec un antiparasitaire adapté.