Le mélanome cutané

Le mélanome cutané

Publié le 26 juin 2014
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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Le mélanome de la peau est un cancer cutané qui se développe à partir des mélanocytes sur peau saine ou à partir d’un nævus (grain de beauté) existant. D’abord localisée à l’épiderme, la tumeur s’étend progressivement aux couches cutanées profondes. En l’absence de traitement, les cellules cancéreuses peuvent migrer par voie sanguine ou lymphatique vers d’autres tissus ou organes, où se forment des métastases. Bien qu’il ne représente que 10 % des cancers cutanés, le mélanome est agressif et de mauvais pronostic au stade métastasique. L’exposition précoce et/ou répétée aux UV naturels ou artificiels est l’un des principaux facteurs de risque connus.…

La maladie
PHYSIOPATHOLOGIE
Le mélanome cutané est un cancer qui se développe à partir des mélanocytes situés au niveau de l’épiderme. Dans 80 % des cas, il apparaît sur la peau saine (mélanome dit de novo) mais il peut également résulter de la transformation d’un grain de beauté (nævus) existant.
Le mélanocyte, initialement normal, se transforme et se multiplie de façon anarchique pour former une masse de cellules cancéreuses ou tumeur, d’abord localisée à l’épiderme puis invasive.

Les mécanismes d’apparition
Ils ne sont pas totalement élucidés, mais la majorité des mélanomes serait liée aux expositions répétées et intenses aux UV, qui altèrent les cellules cutanées par mutations géniques et libération de radicaux libres. Lorsque les mécanismes naturels de défense et de réparation des cellules sont épuisés (capital solaire), les mutations peuvent engendrer la transformation cancéreuse de la cellule. Néanmoins, d’autres mécanismes entrent en jeu dans la pathogénie des mélanomes et certains ne sont pas liés au soleil.

Les quatre types de mélanomes
Les mélanomes se distinguent habituellement selon leur localisation et leur origine. Il en existe quatre types.
> Superficiel extensif : 70 à 80 % des cas. Il est lié à des coups de soleil importants, en particulier durant l’enfance et/ou sur peau sensible de phototypes I et II (voir encadré). Il peut se développer sur tout le tégument, mais le plus souvent sur le cou, la partie supérieure du tronc ou les jambes.
> De Dubreuilh : 5 à 10 % des cas. Lié à des expositions répétées aux UV,  il apparaît généralement sur les zones exposées : visage, cou et dos des mains et des avant-bras.
> Acro-lentigineux ou « des extrémités » : non lié aux expositions aux UV, il représente 5 % des mélanomes chez les Caucasiens, mais beaucoup plus (60 % environ) chez les Asiatiques ou les Africains. Il survient le plus souvent sur la paume des mains, la plante des pieds ou sous les ongles.
> Nodulaire : 4 à 18 % des cas. Il se manifeste le plus souvent au niveau de la tête, du cuir chevelu, du cou ou du tronc, mais il peut toucher toutes les parties du corps, y compris celles non exposées aux ultraviolets.

SIGNES CLINIQUES
> Typiquement, les mélanomes de novo (sur peau saine) se présentent comme une lésion hyperpigmentée semblable à un grain de beauté dont l’aspect se modifie progressivement. Les signes en faveur d’un mélanome suivent la règle ABCDE (voir infographie ; >Lire la suite , réservé aux abonnés).
> À partir d’un nævus préexistant, ils se caractérisent par une modification d’aspect du grain de beauté (taille, couleur, forme, épaisseur, contours), parfois un saignement. Sur l’ongle, la lésion typique dessine une bande longitudinale foncée persistante.
> Attention, souvent les signes sont moins typiques : couleur chair-rosée, notamment chez les phototypes clairs et/ou forme nodulaire qui peut être confondue avec une verrue ou un botriomycome, petite tumeur vasculaire inflammatoire bénigne.

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FACTEURS DE RISQUE
On en recense quatre principaux.

L’exposition aux UV
Environ la moitié des mélanomes serait due à une exposition excessive aux UV, naturels ou artificiels en cabine de bronzage. Les expositions intenses et intermittentes responsables de « coups de soleil » chez l’enfant seraient particulièrement déterminantes dans l’apparition de mélanomes à l’âge adulte.

Le phototype cutané
Le phototype, lié à la production de mélanine par les mélanocytes, caractérise la sensibilité de la peau aux UV. Les personnes de phototypes I et II, qui synthétisent de la phæmélanine, présentent un risque accru.

Le nombre de grains de beauté corporels
Le risque est augmenté en présence d’un nombre élevé (plus de 50) de nævi typiques, de plus de deux nævi atypiques (diamètre supérieur à 6 mm, bords irréguliers…) ou d’un nævus congénital géant (> 20 cm). 

Les antécédents personnels ou familiaux
Un antécédent personnel de mélanome ou de carcinome augmente le risque de développer une nouvelle tumeur. Par ailleurs, environ 10 % des mélanomes sont dits « familiaux » ; le risque augmente ainsi si au moins deux parents de premier degré (parents, fratrie ou enfants) ont été touchés.

Info+
Très rare chez l’enfant, le mélanome cutané survient à tout âge chez les adultes, l’âge moyen du diagnostic étant de 56 ans.

Info+
Le mélanome cutané représente entre 2 et 3 % de l’ensemble des cancers. Il se situe au 11e rang des cancers les plus fréquents chez l’homme et au 9e rang chez la femme.

Info+
Il existe deux types de mélanine. L’eumélanine (dite « noire »), sécrétée par les peaux mates, permet une photo-protection efficace essentiellement contre les UV-B.
La phæmélanine (dite « rouge »), secrétée majoritairement par les roux et les blonds qui ne bronzent pas, est beaucoup moins protectrice.

Encadré : 6 phototypes
I : peau très blanche qui rougit et ne bronze pas, cheveux blonds ou roux, yeux bleus/verts, souvent tâches de rousseur.
II : peau claire, cheveux blonds roux à châtains, yeux clairs à bruns, coups de soleil fréquents, peu de bronzage ou lent.
III : peau intermédiaire, cheveux châtains à bruns et yeux bruns, coups de soleil occasionnels, bronzage graduel.
IV : peau mate, cheveux et yeux bruns/noirs, coups de soleil occasionnels, bronzage facile.
V : peau brun foncé, cheveux et yeux noirs, coups de soleil rares, bronzage intense.
VI : peau noire, cheveux et yeux noirs, coups de soleil exceptionnels.

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À lire dans Porphyre n°504 de Juillet-août 2014