Pathologies Réservé aux abonnés

« Le BCG pourrait être administré par voie pulmonaire »

Publié le 24 mars 2007
Mettre en favori

Maîtriser la tuberculose est un enjeu vital qui concerne surtout les pays en voie de développement. La mise au point d’un autre mode d’administration du BCG est l’une des pistes de réflexion.

Pourquoi développer un autre mode d’administration ?

Aujourd’hui, les vaccins contre la tuberculose à germes entiers atténués sont lyophilisés. La poudre, diluée dans un solvant, est administrée en intradermique. Sa conservation est limitée dans le temps. En pratique, il n’est pas simple à manier, notamment dans les pays ciblés. Mais le procédé de fabrication de ce vaccin n’est pas optimal puisque qu’il enregistre de grandes pertes en bacilles qui perdent, par ailleurs, toute fonction immunogène.

Quel est le principe du procédé et en quoi est-il différent de la lyophilisation ?

Au cours d’une lyophilisation, les bactéries en solution comprenant des sels et/ou des cryoprotecteurs sont placées dans un conteneur que l’on bascule rapidement à faible température, jusqu’à la congélation. Ce procédé conduit à de nombreux dommages cellulaires, notamment à l’étape de pulvérisation de la solution. Les gouttes qui renferment le micro-organisme – Mycobacterium smegmatis et bovis dans cette étude – s’évaporent et concentrent les sels. Cette situation provoque un stress osmotique qui nuit au BCG lors de l’étape du séchage. Nous sommes parvenus à limiter cette mortalité en nous passant de ces sels et des cryoprotecteurs. Nous avons également réussi à réduire la durée de l’étape de séchage par pulvérisation à moins de quelques secondes. Les gouttelettes renfermant les bactéries dépourvues de sels n’exposent plus à ce choc osmotique. Cette étape ne laisse pas le temps à l’eau intracellulaire de sortir de la bactérie.

Quel a été le verrou technique à faire sauter ?

Publicité

Cela a été possible parce que le BCG présente une membrane très fine et survit un certain temps dans un environnement dépourvu de sels. La poudre se conserve à 4 °C comme à 25 °C et plus, sur une durée de 4 mois. Ce procédé permet en outre de formuler le vaccin en aérosol grâce à une matrice de leucine. Et il coûte moins cher. L’ensemble de ces arguments devrait grandement faciliter l’emploi dans les pays en développement.

PROFESSEUR DAVID A. EDWARDS

Service de biomédecine, département des sciences appliquées, université de Harvard