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L’automesure tensionnelle
Améliorer la prise en charge des patients hypertendus passe notamment par l’automesure de la pression artérielle. Appareil validé, brassard adapté, « règle des 3 » et temps de repos sont à respecter.
Quel en est l’intérêt ?
Une personne hypertendue sur deux ignorerait qu’elle a une pression artérielle élevée. Parmi les patients hypertendus et traités, seul un sur deux aurait une tension bien contrôlée(1). La Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) propose(2) notamment le recours systématique à l’automesure tensionnelle pour le diagnostic et le suivi des hypertendus.
Le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle (CFLHTA) suggère un recours à l’automesure pour l’« autodépistage » de l’hypertension artérielle (HTA) en préconisant de le faire au moins une fois par an à partir de 30 ans. Un test en ligne de sept questions, sur le site depistHTA.net, permet de savoir s’il faut effectuer un dépistage de l’HTA.
Quand est-elle indiquée ?
Les recommandations insistent sur l’importance de recourir à l’automesure tensionnelle pour :
• confirmer le diagnostic d’HTA et/ou avant toute mise en route d’un traitement. La tension artérielle varie d’un jour à l’autre et d’un moment à l’autre dans la journée, et une seule mesurene permet pas une évaluation correcte. « Une tension élevée au cabinet médical doit impérativement être confirmée par des mesures à domicile pour ne pas traiter à tort une personne ayant un “effet blouse blanche”. D’autant qu’il y a rarement urgence à instaurer un traitement, sauf chiffres tensionnels très élevés », souligne le Pr Jean-Marc Boivin, spécialiste des consultations d’HTA au CHRU de Nancy (54). Inversement, il s’agit aussi de ne pas passer à côté d’une hypertension artérielle « masquée », c’est-à-dire normale au cabinet mais élevée dans la vie quotidienne. Lors de ces situations, un autotensiomètre peut être prêté au patient par le médecin ;
• vérifier l’efficacité du traitement avant une consultation médicale, dans le cadre du suivi de l’HTA, et avant toute modification de thérapie antihypertensive : augmentation de posologie, passage à une bithérapie… L’objectif est d’améliorer la prise en charge, avec des mesures fiables reflétant le plus fidèlement possible le niveau de pression artérielle. Ce qui ne peut être obtenu que par la répétition des mesures plusieurs jours de suite à domicile.
La mesure ambulatoire de la pression artérielle sur 24 heures (Mapa ou Holter tensionnel) reste recommandée en cas d’impossibilité de réaliser l’automesure ou en cas d’HTA non contrôlée par une trithérapie ou de suspicion d’hypotension artérielle.
Quels appareils recommander ?
• Les tensiomètres au bras, dits huméraux, ont toujours été préférés aux appareils au poignet par les spécialistes car ils exposent à moins d’erreurs de mesure (voir encadré ci-contre).
La Société française d’hypertension artérielle conseille de choisir un appareil marqué CE, c’est-à-dire certifiant sa conformité aux normes européennes de sécurité notamment, et dont la fiabilité a été validée selon un protocole reconnu par des sociétés savantes(3).
• Autre impératif, le brassard doit toujours être adapté à la circonférence du bras et « de la même marque que l’appareil », insiste le Pr Boivin. Certains patients ayant eu plusieurs autensiomètres intervertissent parfois brassard et appareil de marques différentes, ce qui ne garantit pas des résultats fiables. Par ailleurs, un brassard trop petit ou trop grand est source d’erreurs de mesure.
• Exemples d’appareils validés selon l’un des protocoles recommandés, la validation étant en général indiquée sur l’emballage. Exemples : modèles Omron, Microlife (A1 Easy, A200 AFIB…), certains modèles Beurer, TORM BP3NZ1-3P Cooper, Exacto Brassard MAM Biosynex, modèles Hartmann Veroval…« D’autres n’ont pas cette validation, qui est onéreuse pour les laboratoires, mais sont considérés comme tout aussi fiables, comme Spengler. »
Les options sont-elles utiles ?
« Un appareil simple dont on a bien expliqué le fonctionnement suffit », indique le Pr Boivin. Certaines options peuvent être utiles, mais compliquent parfois l’utilisation et augmentent le prix.
• Mémoire : utile si on ne note pas tout de suite les résultats, « mais cela expose à des erreurs si plusieurs personnes utilisent le même appareil », souligne l’expert. Certains modèles proposent plusieurs jeux de mémoire pour des utilisateurs différents. Exemples : Veroval Duo Control, Omron M3 Confort, TORM bras BP3NZ1-3P Cooper, Tensiomètre Exacto Brassard MAM…
• Codes couleurs. Vert en cas de tension normale, orange par exemple si elle est trop élevée, ces échelles colorimétriques se basent parfois sur le seuil de 140/90 mmHg, valable au cabinet médical mais pas à domicile (voir « Comment pratiquer ? »). En aucun cas ces indications colorimétriques ne doivent inciter le patient à modifier son traitement.
• Modèles effectuant des moyennes : peu d’intérêt car « les moyennes ne rendent pas compte des fluctuations de la tension, qui peuvent avoir leur importance dans l’interprétation des résultats », précise le professeur.
• Modèles signalant une arythmie : éventuellement intéressants car, dans ce cas, la mesure n’étant pas fiable, il faut la refaire. Si le signal « arythmie » apparaît régulièrement, le signaler au médecin.
• Modèles indiquant un mouvement du bras ou un mauvais positionnement du brassard : utiles au cas par cas.
• Fonction « électrocardiogramme » : intérêt uniquement sur recommandation médicale, en cas de fibrillation auriculaire par exemple. Exemples : Hartmann Veroval 2 en 1, Beurer BM 95…
• Appareil connecté : onéreux, uniquement pour les personnes à l’aise avec ces objets. Éventuellement intéressant pour archiver les résultats ou les transférer au médecin lors de situations comme la grossesse ou l’insuffisance cardiaque afin d’adapter rapidement un traitement.
Comment pratiquer ?
• Connaître les valeurs seuils pour poser le diagnostic d’HTA : 140/90 mm Hg au cabinet médical et 135/85 mm Hg en automesure.
• Dire aux patients qu’indiquer sa tension avec deux chiffres comme « 14/9 » n’est pas assez précis.
• Appliquer la « règle des 3 », bon reflet de la pression artérielle, sauf indication particulière du médecin : trois mesures à une minute d’écart le matin, avant la prise des antihypertenseurs, trois mesures le soir après le repas, et ce les trois jours précédant la consultation médicale.
• Au calme, après cinq minutes de repos, en position assise jambes non croisées, sans parler ni manger ni fumer, et toujours sur le même bras, posé sur une table ou un accoudoir de fauteuil pour éviter tout mouvement du bras.
• Après chaque mesure, noter les résultats sur une fiche de relevés téléchargeable sur le site automesure.com, à communiquer au médecin.
• Se méfier de l’interprétation pas toujours fiable des résultats proposés par certains logiciels car nécessitant la prise en compte de nombreux paramètres : sexe, âge, antécédents familiaux, tabac, hypercholestérolémie, diabète… « En attendant un avis médical pour les patients traités ou pour le dépistage, orienter le patient vers l’outil Hy Result du site automesure.com, dont la fiabilité a été validée par une étude internationale, ou encore, s’il s’agit d’un dépistage, vers l’application DepistHTA mise au point par la Fondation de recherche sur l’HTA », conclut le Pr Boivin.
Et les autres appareils de mesure ?
→ Les tensiomètres au poignet peuvent facilement être à l’origine d’erreurs d’utilisation. En cause, des mouvements du poignet, non positionné à hauteur du cœur, ou un appareil mal placé et mis comme une montre. De nombreux modèles sont toutefois validés par l’un des protocoles recommandés et, bien employés, donnent des mesures fiables. Certains alertent même en cas de mauvaise position du poignet. Exemples : Omron RS3, RS6… Pour une bonne mesure, se mettre les bras croisés en se tenant les coudes comme sur la photo ci-contre.
→ Prendre la tension au bout du doigt à l’aide de la caméra d’un smartphone via une application, les bracelets ou montres connectés ne sont pas fiables à ce jour. « De nouveaux appareils permettront à l’avenir d’enregistrer la pression artérielle sur 24 heures, de calculer la variabilité tensionnelle et la montée de la pression artérielle du matin mais, pour l’heure, ils ne sont pas validés », précise le Pr Boivin.
Avec l’aimable collaboration du Pr Jean-Marc Boivin, consultation d’hypertension, Pôle d’excellence européen, CHRU de Nancy (54).
(1) Étude Esteban : Perrine A.-L., Lecoffre C., Blacher J., OliéV., L’hypertension artérielle en France : prévalence, traitement et contrôle en 2015 et évolutions depuis 2006, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2018;(10):170-9, invs.santepubliquefrance.fr/beh/ 2018/10/2018_10_1.html
(2) Recommandation Mesure de la pression artérielle, Société française d’HTA, décembre 2018, sur le site sfhta.eu
(3) Il s’agit notamment des protocoles ESH (European Society of Hypertension), AAMI (Association for the Advancement of Medical Instrumentation), Universel ou encore BHS (British Hypertension Society).
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