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L’autisme

Publié le 19 novembre 2011
Par Denis Richard
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Trouble du développement social, l’autisme est une pathologie de mieux en mieux diagnostiquée. Seule sa prise en charge globale et précoce permet de limiter le handicap du sujet autiste devenu adulte.

Qu’est-ce que l’autisme ?

• L’autisme est un « trouble envahissant du développement » qui altère dès les premiers mois de la vie les interactions sociales.

• Il existe plusieurs troubles autistiques caractérisés par leur symptomatologie. Par exemple, le syndrome d’Asperger respecte, voire exacerbe, des compétences cognitives spécifiques comme la mémoire, le don musical ou mathématique…

• L’origine de l’autisme demeure inconnue : une susceptibilité génétique (anomalies de gènes conditionnant la maturation synaptique, notamment dans le système limbique et le cervelet) s’associerait à des facteurs de risques environnementaux encore mal explorés.

• L’incidence de l’autisme typique est d’environ 2/10 000. 3 à 4 hommes sont touchés pour 1 femme (formes typiques). 650 000 personnes en souffrent en France.

Comment se manifeste-t-il ?

• Le diagnostic d’autisme est clinique. Dans sa présentation typique, il associe des :

– troubles de la socialisation avec notamment une absence de relations interpersonnelles et d’interactions oculaires (retrait autistique);

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– troubles de la communication verbale (écholalie : tendance spontanée à répéter, incapacité à utiliser des termes abstraits, détournement de mots, incapacité à dialoguer) et non verbale (pas de mimiques expressives ni d’imitation des gestes des adultes);

– étrangetés et stéréotypies comportementales, avec détournement de l’usage des jouets, alignement d’objets, absence d’activité imaginative ou symbolique (ex. : jouer avec une poupée). L’enfant est intolérant au changement.

• Des anomalies perceptives sont fréquentes (peur des bruits, fascination pour la musique, manies alimentaires, habitude de « renifler » les objets…).

• L’enfant recherche l’autostimulation (balancement, bruits de bouche…). Les automutilations (morsures) ne sont pas rares.

• 70 % des enfants autistes présentent un retard mental.

• Une épilepsie est fréquemment associée à l’autisme.

Comment évolue un autisme infantile ?

• Les troubles du contact entravent toute forme d’intégration à des groupes de travail ou de loisir, et ce dès l’enfance.

• Un sujet autiste dont le quotient intellectuel est peu ou pas altéré peut ne pas être dépendant une fois adulte, mais, sujet à des réactions émotionnelles inadaptées et incapable d’adaptation, il doit alors bénéficier d’un suivi régulier.

Comment dépister un autisme ?

• Des signes intriguent la famille dès les deux premières années de vie de l’enfant :

– avant 6 mois, le bébé, trop calme ou excité, souvent hypotonique, est indifférent aux sons, ne sourit pas, a un regard inexpressif, présente parfois des troubles de l’alimentation ou du sommeil ;

– entre 6 mois et un an, il se complaît à des jeux solitaires et répétitifs, ne s’intéresse pas aux personnes proches, n’a que peu d’émissions vocales ;

– entre 1 et 2 ans, l’absence de langage se confirme ainsi que l’importance des comportements stéréotypés.

• Certains enfants peuvent connaître initialement un développement normal, puis régresser.

Comment prendre en charge l’autisme ?

• L’autisme impose des interventions cognitives et comportementales très précoces et continues, dispensées dans des structures spécialisées (en ambulatoire, en hôpitaux de jour…).

• L’implication constante des parents est essentielle : ils peuvent bénéficier de contacts étroits avec des associations spécialisées.

EN PRATIQUE

Dans l’autisme infantile, le traitement médicamenteux (hors AMM), très secondaire, ne permet que d’améliorer certains symptômes :

• Les antipsychotiques réduisent l’agressivité et facilitent l’adaptation sociale. Les molécules atypiques bénéficient d’une meilleure tolérance neurologique.

• Les antidépresseurs tricycliques peuvent réduire les comportements ritualisés et les stéréotypies.

• Les antagonistes opiacés (naltrexone) réduisent les comportements perturbateurs et déficitaires.

L’usage des psychotropes reste toujours délicat chez un jeune enfant.

Sources : « Autisme et autres troubles envahissants du développement » ; HAS (2010) ; « Autisme et autres troubles envahissants du développement : diagnostic et évaluation chez l’adulte », HAS (2011); « Progress in understanding autism : 2007-2010 », Rutter M.-L. (2011), J. Autism Dev. Disord., 41 (4), pp. 395-404 ; association Vaincre l’autisme : www.vaincrelautisme.org ; Association nationale des centres de ressource sur l’autisme : www.autismes.fr ; association Autisme-Europe : www.autismeurope.org.