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La turista

Publié le 13 juillet 2013
Par Denis Richard
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Infection transmise par les aliments, la diarrhée du voyageur reste souvent bénigne. Une forme fébrile ou dysentérique nécessite une antibiothérapie.

Qu’est-ce que la turista ?

• Il s’agit d’un épisode diarrhéique, généralement transitoire et bénin, affectant entre 40 et 80 % des voyageurs en région tropicale ou subtropicale.

• Il traduit une infection d’origine alimentaire ou hydrique, bactérienne dans plus de 50 % des cas (Escherichia coli productrice de toxines, Campylobacter jejuni, Salmonella enterica, Shigella spp., Yersinia enterocolitica, Vibrio choleræ, etc.), mais aussi virale ou parasitaire (Giardia, Entamœba, etc.). Une diarrhée peut toutefois avoir une autre étiologie : paludisme, intoxication alimentaire par du poisson contaminé par une microalgue ou ciguatera (aux Antilles notamment)

• La gravité est majorée en cas de maladie inflammatoire de l’intestin, de maladie chronique, chez le sujet immunodéprimé, la femme enceinte ou allaitante et chez l’enfant.

• Une diminution du pH gastrique augmente le risque de turista : prudence en cas d’usage d’antiacides gastriques.

Quels sont les signes ?

• La turista survient généralement pendant la première semaine du séjour et guérit spontanément en 2 à 4 jours.

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• Elle est dominée par des diarrhées (au moins 3 selles non moulées durant 24 h), accompagnées de douleurs abdominales, de nausées, parfois de vomissements, sans fièvre ou avec une fébricule (fièvre < 38 °C). Les signes de déshydratation (pli cutané, cernes oculaires) sont fréquents.

Impose-t-elle un avis médical ?

Non, sauf dans deux situations :

– diarrhées chez un enfant < 2 ans, ou forme fébrile, avec diarrhées glairosanglantes, ou durant plus de 48 h sans signes de régression, ou en cas de vomissements avec déshydratation importante (traitement antibiotique) ;

– évolution subaiguë, persistante au retour du voyage (probable traitement antiparasitaire).

Comment se traite-t-elle ?

• La réhydratation orale suffit souvent : boire abondamment des liquides sucrés et salés, en alternance, recourir à une formulation de réhydratation orale (type Adiaril, Alhydrate, Fanolyte, Picolite, etc.) ou à une solution réhydratante artisanale (un litre d’eau traitée ou bouillie + une pincée de sel de cuisine + une poignée de sucre + le jus d’un agrume en prenant des précautions d’hygiène élémentaires pour le préparer). Une réhydratation parentérale peut parfois être nécessaire.

• Le traitement symptomatique repose sur l’administration d’un antidiarrhéique antisécrétoire (racécadotril ; CI : grossesse et allaitement). Les antidiarrhétiques moteurs (lopéramide, CI : âge < 2 ans, diarrhée glairosanglante et/ou fébrile, entérocolite bactérienne invasive) ne sont à utiliser qu’en dernière intention pour ne pas risquer de bloquer l’évacuation d’une bactérie invasive et toxique pour la muqueuse).

• Les argiles (diosmectite…) peuvent améliorer la consistance des selles.

• En l’absence de diagnostic étiologique, une antibiothérapie empirique (voir ci-contre) est indiquée dans les formes moyennes ou sévères, fébriles ou avec glaires sanglantes (syndrome dysentérique).

UNE PRÉVENTION SIMPLE À L’OFFICINE

Lavage des mains. Se laver souvent les mains et les désinfecter (gel hydroalcoolique) avant la manipulation d’aliments, les repas et après passage aux toilettes.

Aliments solides. Eviter : buffets froids (crudités notamment), coquillages, plats réchauffés, sauces, sorbets, glaces, crèmes sucrées (crème anglaise, chantilly, etc.), vente ambulante. Peler les fruits soi-même. Veiller à ce que viandes, poissons, crustacés, œufs soient bien cuits.

Boissons. Ne boire de l’eau (ou ne l’utiliser que pour se brosser les dents) qu’en bouteille capsulée, ouverte devant soi, ou bouillie (1 minute à gros bouillons), ou filtrée puis désinfectée. Eviter les glaçons et les jus de fruits frais artisanaux.

Pharmacie de voyage pour sphère digestive.

• Gel hydroalcoolique.

• Prévoir un antidiarrhéique antisécrétoire si symptômes (racécadotril).

• Les antiseptiques intestinaux du type nifuroxazide ne sont plus recommandés.

Sources : Pilly E. (2013), Voyage en pays tropical, Vivactis Plus éd., pp. 478-484 ; InVS (2013), « Recommandations sanitaires pour les voyageurs », BEH n° 22-23, pp. 239-266 ; Brizard M., Tessier D. (2008), La Tourista : mythes et réalités, Médecin du Québec, 43-(2), p. 53-58.