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La syphilis

Publié le 24 octobre 2015
Par Denis Richard
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La syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST) en recrudescence ces dernières années, notamment en raison d’un relâchement de la prévention. Plus de 4 000 cas ont été déclarés en France entre 2000 et 2009, dont 95  % d’hommes.

De quoi s’agit-il ?

• La syphilis est une infection strictement humaine, induite par une bactérie, Treponema pallidum, de la famille des spirochètes.

• La contamination est généralement directe par contact sexuel avec une personne infectée. La transmission peut aussi être transplacentaire ou, exceptionnellement, transfusionnelle.

Comment se manifeste-t-elle ?

• La syphilis évolue en 3 phases symptomatiques séparées d’intervalles asymptomatiques (syphilis latente) de plusieurs années.

Syphilis primaire. Après une incubation moyenne de 3 semaines, l’infection se révèle par un chancre siégeant dans 95 % des cas dans la région génitale mais pouvant être buccal, anal ou digital. Cette ulcération nette, indolore, indurée et exsudative peut passer inaperçue. Elle cicatrise spontanément en 3 à 5 semaines.

Syphilis secondaire. Cette phase de dissémination de la bactérie survient environ 2 mois après le contage et peut coexister avec le chancre. Persistant plusieurs mois, récidivante, elle se caractérise par des signes cutanés très polymorphes affectant notamment le tronc (macules formant la roséole syphilitique, puis papules cuivrées formant les syphilides).

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Syphilis tertiaire ou tardive. Désormais exceptionnelle, elle apparaît plusieurs années après la contamination et se traduit par des lésions dues à une réaction immunologique autour de bactéries enfouies dans les tissus : signes cutanés (gommes), osseux, viscéraux, cardiaques et neurologiques létaux en l’absence de traitement.

Comment est-elle diagnostiquée ?

• Le diagnostique sérologique est possible dès le 10e jour suivant l’apparition du chancre.

• L’examen direct des lésions ou des ponctions ganglionnaires met en évidence la bactérie.

Quelles sont les complications ?

• La syphilis peut induire des signes neurologiques chez 5 à 10  % des patients non traités, souvent après quelques années d’évolution : atteintes ophtalmiques (uvéites, neuropathies optiques), les plus fréquentes, lésions neurologiques périphériques avec perte de contrôle des sphincters, troubles du comportement et cognitifs, méningite, paralysie générale et décès.

• La survenue d’une syphilis en cours de grossesse peut être responsable d’avortement spontané, de mort fœtale in utero et de prématurité. La syphilis congénitale peut causer des séquelles neurologiques et osseuses ainsi que des décès durant la période néonatale.

Comment la traiter ?

• Le traitement de référence d’une syphilis est la benzathine benzylpénicilline par voie IM (Extencilline, en rupture de stock depuis février 2014. Sigmacillina, médicament d’importation, est actuellement disponible à l’hôpital), qui peut être administré en cas de grossesse ou d’infection VIH associée : 1 injection IM de 2,4 MUI (contamination  1 an ou impossible à dater) et 20 millions d’UI/j IV pendant 14 jours en cas de neurosyphilis.

• La doxycycline est proposée en cas d’allergie aux lactamines (200 mg/j sur 14 jours si contamination  1 an), pour une syphilis non neurologique.

• La ceftriaxone IV et l’azithromycine sont des traitements de deuxième intention.

Sources : SPILF (2014), « Recommandations européennes sur la prise en charge de la syphilis », Info-Antibio n° 4 ; « Syphilis : aspects cliniques, diagnostiques et thérapeutiques », La Revue du praticien, n° 4, 29 février 2004 ; Centre national de référence de la syphilis, cnr-syphilis.fr ; Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 26-27-28 du 5 juillet 2011 ; « Maladies infectieuses et tropicales », ECN.Pilly, 2014.

À SAVOIR

• La maladie est diagnostiquée tardivement dans 35 % des cas. Près de la moitié des sujets atteints se révèlent également positifs pour l’infection par le VIH.

• La prévention de la contamination passe par le préservatif.

• L’infection n’est pas immunisante et une recontamination est possible.

• Le dépistage est systématique au cours du premier trimestre de la grossesse depuis 2007 en France.