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Gérer le psoriasis au quotidien
Poussées imprévisibles, localisations variables, démangeaisons, traitements contraignants… « Le psoriasis est notre compagnon à vie »,témoigne Michèle Corvest, présidente de l’Association pour la lutte contre le psoriasis (APLCP)*. Et les patients doivent apprendre à vivre avec leur dermatose.
« Vivre avec le psoriasis », tel est justement le nom de la vaste enquête lancée par l’association (2 340 questionnaires) afin dévaluer le retentissement de la maladie sur la vie quotidienne des malades.
Première conclusion : plus le psoriasis se déclare tôt et plus le niveau d’incapacité devient élevé. N’épargnant pas les enfants, la maladie se gère difficilement à l’adolescence. D’où la mise en place par l’association de « camps d’ados » pour l’été. « Il ne s’agit pas de ghettos, souligne Michèle Corvest. Les adolescents souffrant de psoriasis se trouvent avec d’autres jeunes de leur âge, l’objectif étant l’acceptation de la différence. »
Car les lésions, comme le démontrent les résultats de l’enquête, se répercutent négativement sur la qualité de vie et cela d’autant qu’elles se situent sur des zones visibles et que le patient exerce une activité professionnelle exposée au public. Et Michèle Corvest de citer les exemples frappants de cette esthéticienne sans emploi pour cause de plaques sur le visage ou de ce boulanger qu’un psoriasis au niveau des mains oblige à se reconvertir. « Particulièrement affectées au quotidien, les femmes vivent avec l’obsession permanente de camoufler leurs lésions avec des habits adaptés », ajoute-t-elle.
La moitié des personnes atteintes ne se soignent pas
La gravité du psoriasis dépend donc de l’atteinte de la qualité de la vie. C’est pourquoi seul le patient peut évaluer la sévérité de la maladie et justifier ou non de la prescription de traitements systémiques. Et si on ne guérit pas le psoriasis, on réussit le plus souvent à faire disparaître les lésions lorsque le confort de vie est trop altéré. « Il existe au moins vingt-cinq possibilités thérapeutiques, on essaie toujours d’en trouver une adaptée à chacun », indique le Pr Louis Dubertret, chef de service dermatologie à l’hôpital Saint-Louis de Paris. Mais près de la moitié des personnes atteintes de psoriasis ne se soigne pas ! Découragement, traitements plus gênants que la maladie… le challenge se résume actuellement à trouver le solution apportant la meilleure efficacité pour le moins de contraintes possibles.
Force est de constater que les traitements locaux au long cours souffrent de manque d’assiduité des patients. Les statistiques préliminaires émanant de l’étude SPOT (« Suivi psoriasis, observation et thérapeutique »), initiée par les laboratoires Pierre Fabre auprès de 2 000 patients, se passent de commentaires : si 94 % des malades déclarent se traiter au moins cinq jours la première semaine, ils ne sont plus que 75 % à la fin de la quatrième semaine. Les effets secondaires des traitements, dérivés de la vitamine D ou rétinoïdes, restent largement dénoncés. Avec une sécheresse cutanée relevée par 52 % des patients, des démangeaisons dans 43 % des cas, des tiraillements et des brûlures.
« L’irritation, réaction normale à ces traitements, s’estompe en général au bout de trois semaines », assure Michèle Corvest. De quoi inciter les patients à poursuivre leurs applications quotidiennes de pommade. « C’est la meilleure chance d’éviter les rechutes », affirme Louis Dubertret. L’hydratation quotidienne freine en effet de moitié le renouvellement cellulaire (établi entre cinq et sept jours dans le cadre d’un psoriasis au lieu de vingt-huit jours normalement).
Les thérapeutiques par voie générale trop peu utilisées
Autre thérapie locale : les corticoïdes dont l’utilisation se limite à un traitement d’attaque de huit semaines. « Exceptions faites du cuir chevelu où la corticothérapie locale n’a pas d’effets secondaires et des plis où il n’existe pas d’autres solutions », précise Louis Dubertret, qui déplore par ailleurs la sous-utilisation des thérapeutiques par voie générale en France. « Il faut adopter une attitude positive vis-à-vis de ces traitements », demande-t-il, désignant les spécialités s’adressant aux formes étendues et évolutives de la maladie.
A commencer par le Soriatane dont la tolérance permet une prise prolongée (jusqu’à 25 ans actuellement !) pour une surveillance facile. Encore faut-il être de sexe masculin puisque la contraception, obligatoire jusqu’à deux ans après l’arrêt du médicament, limite sa prescription chez les femmes.
Autres possibilités ? La photothérapie (avec ou sans photosensibilisant) mais aussi le méthotrexate (anti-inflammatoire à faible dose) et la ciclosporine, très utile pour des traitements de courte durée.
Les solutions chimiothérapiques ne doivent cependant pas faire oublier la nécessité d’une prise en charge globale de l’individu. « Quand un malade connaît bien sa pathologie et a appris à utiliser les différents traitements disponibles, son psoriasis a souvent tendance à s’améliorer », remarque Louis Dubertret.
Traiter le psoriasis, c’est en fait traiter le patient dans sa globalité. Chacun possédant les moyens de mieux contrôler son affection. Obésité, alcool, tabac, hypertension artérielle, hypercholestérolémie…, toute mauvaise hygiène de vie, non seulement aggrave le psoriasis, mais aussi augmente les effets secondaires des traitements et diminue leur efficacité. « Le psoriasis n’est pas simplement une maladie de la peau, conclue Louis Dubertret. Il représente l’expression au niveau cutané d’un déséquilibre dans la vie de quelqu’un. » –
APLCP : 1, allée du Stade, 95610 Eragny. Tél. : 01 34 64 17 68. Internet : http://www.aplcp.org.
Le psoriasis en chiffres
– Le psoriasis touche environ 4,7 % de la population, soit plus de 3 millions de personnes en France. Non contagieux, il peut être transmis par hérédité sous la forme d’une susceptibilité à développer la maladie. Ainsi, 50 % des patients atteints ont des antécédents familiaux. Le risque pour un frère ou une soeur est de 12 à 14 % quand les parents sont indemnes et d’environ 35 % quand un des parents est atteint. Il existe deux grands types de psoriasis. Le type I, où la maladie se déclare chez l’enfant ou le jeune adulte, avant 30 ans, avec des antécédents familiaux et une évolution assez sévère. Le type II, où le psoriasis se développe après 40 ans, sans antécédents familiaux et avec une évolution plus bénigne.
L’éducation du patient au comptoir
– Dédramatiser : l’annonce de la maladie étant souvent mal vécue, au pharmacien de bien préciser qu’il est possible de maîtriser l’apparition des lésions gênantes, que le psoriasis n’est pas contagieuse contrairement à une idée reçue et qu’il ne se transmet pas obligatoirement aux enfants (33 % des cas).
– Insister sur l’observance des traitements, condition essentielle à la prévention des rechutes.
– Informer à l’avance sur l’apparition des effets secondaires de façon à ce que le malade ne s’inquiète pas et surtout ne stoppe pas le traitement. Rappeler également que la disparition des lésions ne va pas de pair avec l’arrêt des médicaments.
– Conseiller des soins hydratants. L’application d’une crème corporelle hydratante doit devenir un réflexe quotidien chez toute personne atteinte de psoriasis. Bannir bien sûr l’utilisation de savons détergents au profit d’une base lavante émolliente.
– Surveiller l’hygiène de vie des malades. Veiller à l’équilibre d’un éventuel diabète, au contrôle d’une hypercholestérolémie…
– Calmer les démangeaisons : « Symptômes de la maladie ou effet des pommades (rétinoïdes, dérivés de la vitamine D), elles peuvent être importantes et réellement gênantes. Les dermatologues ne pensent pas toujours à nous prescrire des antihistaminiques, relate Michèle Corvest, le pharmacien ne doit pas hésiter à en proposer aux personnes qui se plaignent de prurit. »
– Recommander le soleil avec modération. Le soleil fait régresser les lésions mais les coups de soleil déclenchent des poussées.
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