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Existe-t-il un risque cardiovasculaire sous THS ?

Publié le 31 août 2002
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Les effets délétères du traitement hormonal substitutif observés dans des études américaines ont fait les gros titres des journaux de l’été. Une mise au point s’impose.

Deux millions de Françaises bénéficient d’un traitement hormonal substitutif (THS). Cet été, les résultats d’une vaste étude américaine, « Women’s Health Initiative », ont semé le trouble auprès du corps médical et des patientes.

Supposée durer huit ans, cette étude menée auprès de plus de 16 000 Américaines ménopausées de 50 à 79 ans vient de s’arrêter au vu des résultats intermédiaires à cinq ans. Dans le groupe traité par une association d’estrogènes conjugués équins et d’acétate de médroxyprogestérone, on a observé une augmentation de fréquence des cancers du sein, des accidents cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux et des embolies pulmonaires par rapport au groupe sous placebo. En parallèle, cette étude a toutefois confirmé certains bénéfices du THS comme la réduction du nombre de fractures du col du fémur et de cancers du côlon.

Que penser de cette augmentation du risque d’accidents cardio-vasculaires et de cancer du sein ? Du côté des spécialistes, les réactions divergent. Pour certains, comme les responsables de l’Association française de recherche sur la ménopause, les doses de l’association utilisée (rarement prescrite en France) étaient très importantes, identiques chez toutes les femmes, sans possibilité d’adaptation et différentes des protocoles français. Par ailleurs, 69 % des femmes de l’étude étaient en surcharge pondérale et un tiers souffrait d’hypertension. Les risques cardiovasculaires révélés pourraient donc être liés aux facteurs de risque préexistants chez ces femmes plutôt qu’au THS lui-même. En ce qui concerne le cancer du sein, l’augmentation reste faible et correspond aux résultats d’études antérieures. Il n’y aurait donc pas lieu de s’inquiéter.

Améliorer la surveillance et signaler les effets indésirables

Pour d’autres, la sonnette d’alarme est tirée. Selon le Pr Philippe Bouchard, chef du service d’endocrinologie à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, il est urgent de conduire de nouvelles études, de renforcer les précautions d’usage et de diminuer les doses hormonales.

L’Afssaps adopte pour sa part une position mesurée en précisant que, « dans l’état actuel des connaissances, les risques ne peuvent être écartés pour les autres associations » que celle étudiée. Elle rappelle que « toute prescription d’un THS doit être précédée d’un interrogatoire, d’un bilan clinique et biologique, et que l’intérêt de son renouvellement doit être évalué régulièrement ».

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Dans l’immédiat, il s’agit d’améliorer la surveillance (visite médicale tous les six mois, frottis au moins tous les trois ans et mammographie tous les deux ans) et de signaler les effets indésirables (signant un dosage inadapté) tout en rappelant les aspects positifs du traitement hormonal substitutif.