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Des indicateurs épidémiquesà prendre avec précaution
Les principaux indicateurs de suivide l’épidémie de Covid-19 sont diffusés chaque jour. Cependant, leur calcul dépend d’informations qui ne sont pas toujours transmises quotidiennement. D’autres englobent diverses données qui complexifient leur signification. Leur lecture appelle donc à la prudence.
En raison d’un défaut de remontées de données sur les tests par le SI-DEP [système d’information de dépistage] vers Santé publique France (SPF), les indicateurs basés sur les données des tests de diagnostic réalisés par les laboratoires de biologie médicale sont sous-estimés en semaines 43 [du 19 octobre] et 44 [du 26 octobre]. » Cet avertissement, inscrit en rouge, figure dans le point épidémiologique de SPF du 5 novembre. De fait, SPF ne fournit pas le taux de positivité. Quant au nombre de nouveaux cas et au taux d’incidence, l’agence prévient : « Le nombre de tests et de cas avérés sont donc présentés comme un minimum. Seules les données actuellement réceptionnées sont prises en compte dans ce point ». Or, ces trois indicateurs sont présentés chaque jour et largement relayés par la presse. Cette mise en garde met en exergue deux problématiques : la transmission des données, à savoir les résultats des tests, et le décalage entre les dates de transmission et de calcul des indicateurs.
Pas de données à l’instant T
Le nombre de nouveaux cas, asymptomatiques et symptomatiques, le taux d’incidence et le taux de positivité pour le jour J reposent en effet sur la totalité des données traitées rapidement. Or, si une partie des résultats des tests ne sont pas transmis, les calculs quotidiens sont faussés. Alors que le gouvernement s’enorgueillit du nombre de tests réalisés (plus de 2 millions entre le 26 octobre et le 1er novembre, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), ce « défaut de remontées » d’informations révèle la faiblesse de ces indicateurs fournis quotidiennement. Déjà, l’examen du nombre de nouveaux cas sur une semaine montrait qu’il variait fortement entre le lundi et le samedi. En effet, compte tenu du nombre de tests réalisés le week-end, le nombre de nouveaux cas s’avérait toujours moins élevé le lundi que le reste de la semaine. Le délai de rendu des résultats des tests joue également un rôle. Si les tests sont réalisés le lundi mais leurs résultats transmis le jeudi avec ceux des tests effectués la veille, la variation du nombre de cas entre le mercredi et le jeudi est biaisée. Ces indicateurs présentent bien un intérêt, mais seulement si l’on regarde leur évolution sur au moins une semaine. Enfin, aucune comparaison n’est possible entre le nombre de cas aujourd’hui et celui en mars dernier. Lors du premier confinement, seuls les cas graves de Covid-19 étaient testés. Le nombre de décès en 24 heures est, en revanche, une donnée fiable. Mais là encore, des biais peuvent intervenir notamment lors de la transmission des données hospitalières le week-end. En outre, le nombre de décès transmis par les établissements médicosociaux n’est pas journalier. Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) fournissent des données deux fois par semaine. Ainsi, le 3 novembre, certains journaux titraient que 854 personnes étaient décédées le lundi 2 novembre. Or, ce nombre n’était pas tout à fait exact puisqu’il incluait 426 décès à l’hôpital en 24 heures et 428 morts en Ehpad sur quatre jours.
Des indicateurs passés sous silence
Le taux d’occupation des lits de réanimation, également actualisé chaque jour, est aussi un indicateur pouvant prêter à confusion. Le 5 novembre, ce taux atteignait 83,5 %. Son calcul reposait sur le nombre de patients en réanimation selon SPF et le nombre de lits de réanimation disponibles initialement, c’est-à-dire sans prendre en compte la création de nouveaux lits de réanimation dans les hôpitaux. De plus, le nombre de patients en réanimation recensé par SFP comprend les patients en réanimation, ainsi que ceux qui sont en unités de soins intensifs et en unité de surveillance continue. En clair, il s’agit de tous les patients présentant une forme grave de la maladie sans qu’ils soient pour autant tous intubés et placés en coma artificiel. Qualifié le 4 novembre par Le Monde de « donnée imparfaite », la présentation de cet indicateur a été modifiée le 6 novembre. Désormais, le pourcentage, dont le calcul n’a pas changé, correspond à la « tension des réanimations » : cet indicateur « reflète le niveau de sollicitation des réanimations mais aussi le niveau de tension sur les capacités hospitalières en réanimation », prévient l’application TousAntiCovid. Au 9 novembre, il était de 89,5 %.
Dans le même temps, certains indicateurs ne sont plus évoqués par le gouvernement. Il s’agit notamment des sorties d’hospitalisation de patients Covid-19. Ces données étaient fournies par Jérôme Salomon, directeur général de la santé, en mars et avril. SPF continue d’ailleurs à les mentionner dans ses points hebdomadaires détaillés. Dans celui du 5 novembre, l’agence note que le nombre hebdomadaire de déclarations de retours à domicile des patients Covid-19 après hospitalisation était en augmentation en semaine 40 (celle du 28 septembre) : 3 026 versus 2 937 en semaine 39 et 3 381 en semaine 38.
Le profil des patients est aussi passé sous silence. Des membres du gouvernement et des médecins ne cessent de déclarer que les jeunes sont touchés par l’épidémie et que la moitié des patients en réanimation ont moins de 60 ans. Qu’en est-il ? D’après les données de SPF, le profil des personnes en réanimation est semblable à celui des patients de la première vague. Une étude essentiellement française, Covid-ICU (intensive care unit), portant sur 4 244 adultes présentant un syndrome de détresse respiratoire aiguë admis en réanimation entre le 25 février et le 4 mai dans 138 hôpitaux en France principalement, en Belgique et en Suisse, révèle que 74 % des patients sont des hommes et que l’âge moyen est de 63 ans. Surtout, les trois quarts sont en surpoids (41 % étant obèses), 48 % sont hypertendus et 28 % diabétiques. Dans son point du 5 novembre, SPF précise que 65 % de personnes admises en réanimation sont âgées de 65 ans et plus, et 88 % ont des comorbidités. Du 5 au 27 octobre, 89 % des malades admis en réanimation présentaient au moins une comorbidité et cette proportion était de 84 % parmi ceux âgés de moins de 65 ans. Les comorbidités les plus fréquemment rapportées étaient l’obésité (49 %), l’hypertension artérielle (46 %) et le diabète (34 %).
L’analyse des indicateurs doit donc être faite avec circonspection. Encore plus lorsqu’il s’agit de comparer des données avec les autres pays. Dès le 9 juin, l’Académie nationale de médecine recommandait « la plus grande prudence dans les comparaisons internationales de mortalité due à la Covid-19, tenant compte des méthodes utilisées pour la détection des cas et pour le recueil des données, de la structure démographique des populations et du contexte épidémiologique ».
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