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De nouveaux antimigraineux à en perdre la tête

Publié le 18 mai 2019
Par Yolande Gauthier
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Le congrès de l’American Academy of Neurology s’est tenu à Philadelphie (Etats-Unis) du 4 au 10 mai. De très nombreuses études sur la nouvelle classe d’antimigraineux ciblant le récepteur du peptide lié au gène de la calcitonine, ou CGRP (calcitonin gene-related peptide), y ont été présentées. Le CGRP est un neuropeptide qui module le signal nociceptif et un vasodilatateur associé à la physiopathologie de la migraine. Son taux augmente significativement pendant la crise et revient à la normale lorsque les céphalées sont soulagées.

Les anticorps monoclonaux figurent parmi les molécules les plus prometteuses dans ce domaine. Premier de cette classe à avoir obtenu une AMM européenne en août 2018, l’érénumab (Aivomig) administré une fois par mois permet de réduire de 4 le nombre de jours de migraine épisodique par mois. Plus de 60 % des patients ont répondu au traitement. Une autre étude montre que 7 patients sur 10 sont passés d’une migraine chronique (au moins 15 jours par mois) à une migraine épisodique (entre 4 et 15 jours par mois). Le galcanézumab (Emgality) a été approuvé en novembre 2018 au niveau européen. Il diminue de 8 ou 9 le nombre de jours de migraine par mois chez des patients chroniques souffrant en moyenne 19,4 jours par mois. Le taux de patients répondant à un an au traitement mensuel était de 53,3 à 55,9 %.

Le frémanézumab (Ajovy), tout récemment autorisé en Europe, fait baisser de 4 le nombre de jours par mois avec des migraines épisodiques, avec un taux de répondeurs de plus de 65 %. La baisse est encore plus marquée pour la migraine chronique (- 7,2 jours en cas d’injection trimestrielle et – 8,1 jours en cas d’injection mensuelle), mais le taux de réponse est alors plus faible (53 % et 57 %). Un quatrième anticorps monoclonal, l’eptinézumab, en injection trimestrielle, est en cours d’évaluation par la Food and Drug Administration (FDA) dans la migraine épisodique. Son taux de réponse est de 64,7 % ou 69,8 % selon la dose administrée, avec un effet se maintenant à 3 mois (- 4,5 ou – 5,3 jours).

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De petites molécules appelées « gépants », antagonistes du CGRP et administrées par voie orale, se montrent également efficaces et bien tolérées. Les chefs de file sont l’ubrogépant, en cours d’examen par la FDA, et le rimégépant (Zydis). Celui-ci soulage totalement la douleur migraineuse deux heures après la prise chez 21,2 % des patients, et débarrasse 35,1 % d’entre eux des symptômes les plus gênants. Ce composé a en outre permis, chez 48,4 % des sujets, de réduire de moitié au moins le nombre de jours avec des migraines modérées à sévères.§