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Choléra : « Un bactériophage rend le vibrion cholérique pathogène »
Didier Mazel est directeur de l’unité Postulante plasticité du génome bactérien, CNRS-Institut Pasteur, Paris.
– Tous les vibrions cholériques ne sont pas pathogènes. Mais dès lors qu’ils côtoient le bactériophage CTX, ils deviennent responsables des diarrhées mortelles du choléra. Des chercheurs français, cubains et anglais viennent de découvrir le mécanisme moléculaire par lequel le virus rend le vibrion pathogène. Explications de Didier Mazel.
Pouvez-vous expliquer ce mécanisme et sa portée scientifique ?
Depuis 1997, nous savions que le vibrion cholérique était rendu pathogène par un virus. Aujourd’hui, nous avons décortiqué le mécanisme moléculaire sous-jacent. En infectant le vibrion, le bactériophage CTX détourne la machinerie cellulaire de son hôte pour se multiplier et ainsi se propager. Pour y parvenir, le CTX intègre son génome dans celui du vibrion, qui acquiert au passage la capacité de produire la toxine cholérique. Jusque-là, l’explication semble simple. Mais sur le plan moléculaire, nous ne comprenions toujours pas comment le génome simple brin d’ADN du virus s’intégrait dans le génome double brin de la bactérie. Nous avons alors découvert la ruse du virus capable de mimer la structure d’un site naturel de la bactérie. En se recourbant, il prend la forme d’une tige d’ADN double brin. L’artifice trompe une enzyme bactérienne indispensable à la réplication des chromosomes, la tyrosine-recombinase, qui intègre alors le génome viral de façon irréversible à celui de la bactérie. A l’issue de ce mécanisme, une nouvelle bactérie pathogène apparaît.
Quelles sont les prochaines étapes de vos travaux ?
Nous voulons comprendre comment le génome du phage recombiné est répliqué par le génome hôte. L’idée est d’identifier les limites de ce mécanisme ainsi que la signature de la recombinaison. Nous avons également montré que les bactéries à Gram négatif, comme les entérobactéries, acquièrent des multiples résistances par un mécanisme similaire, faisant intervenir de l’ADN venant d’autres bactéries.
Cette découverte laisse-t-elle espérer des perspectives thérapeutiques ?
Etant donné qu’un mécanisme semblable est responsable de l’intégration de gènes de résistance à certains antibiotiques chez des bactéries (Gram négatif), nous pouvons bâtir de nouvelles stratégies. Il est ainsi envisageable de cribler des molécules empêchant le phage de se replier et d’ainsi tromper l’enzyme de recombinaison. Une antibiothérapie plus ciblée sera envisageable quand on saura bien identifier les signatures moléculaires de ce mécanisme.
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