Cas de comptoir : pourquoi Yves saigne-t-il du nez ?
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Cas de comptoir : pourquoi Yves saigne-t-il du nez ?

Publié le 7 août 2023
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C’est la vie de tous les jours. Celle du comptoir. Une problématique par patient et une volonté de répondre au mieux aux besoins de chacun. Rarement simple ! Profitons de l’été pour réactiver les bons réflexes à avoir face à un cas d’iatrogénie. Aujourd’hui, Yves, sous anticoagulant et antibiotique, a des saignements.

Le cas

Yves V., 36 ans, a fait une thrombose veineuse profonde (TVP) suite à un voyage en avion. Il est depuis sous antivitamine K, Sintrom (acénocoumarol) , et son traitement est bien équilibré depuis 6 mois. Monsieur V. est passé à la pharmacie il y a trois jours chercher une ordonnance pour une angine : Clamoxyl 1 g (amoxicilline) matin et soir durant 6 jours. Aujourd’hui, il revient car son INR est passé à 4,9. De plus, il a saigné du nez ce matin.

L’analyse du cas

On a longtemps dit que les antibiotiques, responsables d’une diminution de la flore intestinale (productrice de vitamine K), étaient susceptibles d’entraîner une augmentation des effets des antivitamines K, et donc une augmentation de l’INR. Or, ce n’est pas la principale cause engendrant cette augmentation lors de l’association antibiotique/AVK. En effet, le mécanisme principalement responsable est la diminution de la métabolisation des AVK par les antibiotiques, en particulier une diminution de la voie métabolique des cytochrome P450 2C9.

L’attitude à adopter

Le pharmacien doit appeler le prescripteur afin d’adapter ponctuellement la posologie du traitement anticoagulant. Monsieur V. a terminé son antibiotique hier soir. Il faudra simplement surveiller l’INR de façon rapprochée et modifier la posologie de l’AVK. D’une façon générale, l’INR doit être vérifié 2 à 3 jours après toute introduction ou arrêt d’un traitement concomitant, quel qu’il soit. Le pharmacien rappelle cette règle élémentaire à monsieur V.

A retenir

Tous les antibiotiques sont susceptibles d’augmenter l’INR d’un patient sous AVK. Ce cas de comptoir est extrait du Cahier Formation Iatrogénie « AVK et autres anticoagulants oraux » paru dans Le Moniteur des pharmacies n°2929 du 14/04/2012.