Borréliose de Lyme : la difficile prise en charge des patients

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Borréliose de Lyme : la difficile prise en charge des patients

Publié le 9 mai 2019
Par Anne-Hélène Collin
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Un an après la publication des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), il n’y a toujours pas de consensus sur la prise en charge de la borréliose de Lyme. La Spilf (Société de pathologie infectieuse de langue française), mandatée par la Direction générale de la santé (DGS), se penche actuellement sur de nouvelles recommandations, dont la HAS « prend acte », et entrevoit même la possibilité de les intégrer à ses propres recommandations si elles obéissent « à la même rigueur scientifique et la même impartialité », a déclaré Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, lors des auditions au Sénat le 10 avril dernier.

Source de discorde entre les professionnels de santé et source d’errance diagnostique et thérapeutique des patients : le SPPT (Symptomatologie/Syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique), sorte de forme chronique de Lyme, entré dans les recommandations de la HAS en juin 2018. « Qui ne repose sur aucune base scientifique » selon ses détracteurs« Contrairement à ce que j'ai pu lire, la HAS n'a donc ni affirmé, ni infirmé l'existence d'une forme chronique de la maladie de Lyme, a déclaré Dominique Le Guludec, devant le Sénat. Elle a fait part de l'impossibilité de se prononcer en l'état actuel des connaissances et des études. Ce faisant, elle n'a cédé à aucune pression, mais a fait primer la rigueur, l'objectivité et l'intégrité scientifiques sur toute autre considération. Notre priorité est la prise en charge adaptée des usagers. »

La prise en charge des usagers, c’est justement le thème du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 7 mai dernier, qui s’interroge : « Peut-on, et si oui dans quelle mesure, prendre en compte les modèles alternatifs en l’absence de faits probants ? » 
Pour seule réponse, une étude française déjà publiée dans la revue Clinical Infectious Diseases le 18 septembre dernier, et démontrant la réalité d’un surdiagnostic de la borréliose de Lyme : sur 10 patients présumés atteints de borréliose de Lyme, un seul voit son diagnostic confirmé. Dans 80 % des cas, un autre diagnostic (dépression, syndrome de stress post-traumatique, arthrose, syndrome d’épuisement professionnel…) est posé : « Le surdiagnostic et le surtraitement de la borréliose de Lyme constituent un réel sujet de préoccupation et un phénomène s’aggravant. Beaucoup de patients ont été traités avec des anti-infectieux inutilement et pendant très longtemps. » Parfois pendant deux ans, en cumulant des antibiotiques efficaces (doxycycline, ceftriaxone, céfuroxime, amoxicilline), mais aussi des antiparasitaires (métronidazole, ivermectine, albendazol, atovaquone/proguanil…), voire des antiviraux (valaciclovir) et des antibiotiques inefficaces dans la borréliose de Lyme (ciprofloxacine, triméthoprime/sulfaméthoxazole, disulone), sans base scientifique validée. « Les risques encourus par le patient sont ceux d’effet indésirables de traitements injustifiés, de mortalité liée à une maladie non diagnostiquée et de médicalisation d’une affection spontanément résolutive », concluent les auteurs de l’étude. Dans un contexte où l’antibiorésistance inquiète les instances sanitaires. 

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