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Aussitôt dépisté, aussitôt traité
Inciter aux dépistages organisés. Cancers du sein, colorectal et du col de l’utérus, s’engager dans leur détection sauve des vies. À condition de pousser les personnes concernées à se faire tester.
Le dépistage organisé
Le dépistage, qui recherche une maladie avant l’apparition de symptômes, est dit organisé quand il est mis en place par les pouvoirs publics. Une partie de la population est recrutée selon des critères d’âge et/ou de sexe et reçoit une invitation pour un examen de contrôle.
L’intérêt
Les dépistages de masse visent à détecter tôt des anomalies. Ils permettent une prise en charge plus rapide, souvent moins lourde qu’à un stade plus avancé, et optimisent les chances de guérison.
3 maladies concernées en France
Bénéficient d’un tel dépistage :
→ le cancer du sein. Une mammographie est proposée aux femmes de 50 à 74 ans tous les 2 ans ;
→ le cancer colorectal. Un test de recherche de sang dans les selles est conseillé tous les 2 ans aux hommes et femmes de 50 à 74 ans. Le test est fait à domicile après remise d’un kit par le médecin traitant puis envoyé au laboratoire pour lecture ;
→ le cancer du col de l’utérus. 2 frottis à 1 an d’intervalle sont proposés aux femmes de 25 ans en métropole et de 20 ans en outremer jusqu’à 65 ans, puis un frottis tous les 3 ans si les résultats sont normaux.
Pourquoi en parler ?
Booster les taux de participation
Malgré des campagnes d’information et les courriers d’invitation, les taux de participation restent inférieurs aux objectifs souhaités par les autorités de santé. À peine plus de 50 % pour le dépistage du cancer du sein en 2016, loin des objectifs européens fixés à 70 %. Pour le cancer colorectal, la participation n’atteint que 33,5 % au lieu des 45 % espérés pour 2016/2017. Il n’y a pas encore de chiffres pour le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, mis en place au niveau national cette année.
C’est dans vos missions
Le code de la Santé publique dit que : « le pharmacien doit contribuer à l’information et à l’éducation du public en matière sanitaire et sociale » (article R. 4235-2), et que les pharmaciens d’officine « concourent aux actions de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé » (article L. 5125-1-1 A). Cette obligation déontologique, par extension, s’applique aux préparateurs.
C’est utile et valorisant
→ le dépistage est une chance : 9 cancers du côlon sur 10, détectés tôt, peuvent être guéris. La survie à 5 ans est de 99 % pour un cancer du sein détecté à un stade précoce et de seulement 26 % si le diagnostic est posé au stade des métastases…
→ Participer à une mission de santé publique donne le sentiment d’être utile. Les patients perçoivent favorablement votre intervention et renforcent leur confiance.
Se préparer en amont
Annuellement
→ Prévoir dès le début de l’année d’intégrer les campagnes de dépistage dans le plan de communication de l’officine.
En octobre, on parle du cancer du sein, en mars, du colorectal et en juin de celui du col de l’utérus.
→ Désigner un responsable qui se chargera du suivi des actualités, de la mise en place des actions, des commandes d’affiches… Une belle opportunité de responsabilité !
15 jours avant la campagne
→ Commander les supports. Affiches, brochures, flyers sont gratuits sur www.ces pharm.fr > Prevention-sante > Catalogue et le site de l’Institut national du cancer (www.e-cancer.fr > Expertises-et-publications > Catalogue-des- publications). La livraison se fait dans les 3 ou 4 jours.
→ Télécharger une vidéo. Le Cespharm propose aussi des vidéos destinées au grand public pour promouvoir les dépistages. Ces films, sous-titrés et téléchargeables, peuvent être diffusés sur écran dans l’espace de vente : www.cespharm.fr > Catalogue > « Cancer du sein, pourquoi un dépistage dès 50 ans ? » ou « Dépistage du cancer colorectal : qui est concerné ? ».
La veille du jour J
→ Animer la vitrine. Même si le sujet est délicat, attirer l’attention par une mise en scène accrocheuse. Utiliser des tissus, des couleurs chaleureuses, inviter à entrer dans l’officine pour en savoir plus, interpeller par « Avez-vous pensé au dépistage ? » ou reprendre un slogan officiel « Le dépistage est un droit : prenez-le ! », exposer un kit de dépistage colorectal… Ce kit peut être fourni à l’officine sur simple demande auprès de la structure en charge de l’organisation des dépistages du département. Il est utile pour expliquer au comptoir (liste des structures sur www.e-cancer.fr > Comprendre-prevenir-depister > Se-faire-depister > Depistage-du- cancer-colorectal > Vos-interlocuteurs).
→ Briefer l’équipe. Le responsable organise un topo de quelques minutes et affiche un poster/une fiche de synthèse. L’objectif est de s’assurer que tous ont en tête les chiffres, les modalités de dépistage, les populations concernées pour aborder le sujet en connaissance de cause. Sur le site Cespharm.fr, télécharger des documents de synthèse : carte mémo « Dépistage organisé du cancer du sein », brochure « Contre les cancers, vos conseils de dépistage », mémo « Dépistage des cancers : recommandations et conduites à tenir »…
La campagne est lancée !
J’attire l’attention
Tous les moyens sont bons pour inciter au dialogue, par exemple :
→ arborer des t-shirts aux couleurs du dépistage concerné. Les patients vous interrogeront à coup sûr et la discussion pourra s’engager. Plus discret, porter le pin’s du célèbre ruban rose est aussi utile ;
→ glisser de la documentation en bonne place sur le comptoir : flyers, brochures… ;
→ mettre une affiche sur la porte d’entrée…
J’ouvre le dialogue
→ Oser. Disons-le sans fard, le dépistage ne sera jamais un moment festif ni glamour ! Il est souvent source d’angoisse (voir encadré). Parler prélèvement de selles n’est pas évident mais vous parlez bien constipation et gastro-entérite, alors surmontez vos réticences et lancez-vous !
→ Cibler. S’adresser aux personnes ciblées par le dépistage en cours grâce à la carte Vitale, qui permet de connaître leur âge. Certes, elles reçoivent un courrier de l’Assurance maladie, mais il peut être mis de côté, confondu avec une publicité ou simplement ignoré ou remis à plus tard…
J’explique, je rassure
→ En prenant des gants. Un dépistage est souvent anxiogène, aussi amener le dialogue en douceur pour ne pas braquer la personne : « Avez-vous reçu un courrier pour bénéficier du dépistage de… », « Vous avez remarqué notre vitrine sur le dépistage de… ». Une question anodine permet d’éveiller la curiosité et d’engager le sujet. « Ce dépistage concerne les femmes de tel âge…, c’est bien votre cas ? », « Pensezvous le faire ? » personnalisent l’entretien.
→ Sans dramatiser. « Connaissez-vous son intérêt ? » sonde les connaissances. Selon sa réponse, compléter par quelques éléments d’informations : modalités du dépistage, délai pour les résultats, intérêt en termes de santé… Un bon réflexe : sortir le kit de dépistage pour le cancer colorectal pour dédramatiser, expliquer les étapes de la procédure… Rassurer : « Vous pouvez le faire chez vous, tranquillement, quand vous le souhaitez, sauf un samedi ou la veille d’un jour férié car il doit être renvoyé par la Poste rapidement. »
→ De façon positive. Mettre en avant les arguments forts et positifs comme le gain de chances en termes de guérison si le dépistage est précoce, mais dans la mesure ! Submerger le patient de chiffres ou de faits scientifiques serait rébarbatif avec le risque d’être contre-productif.
Je réponds aux objections
→ Écouter. Entendre les peurs et les sonder par des questions ouvertes : « Quelque chose vous gêne ? », « Expliquez-moi votre ressenti »… forcent le dialogue.
→ Argumenter. En s’appuyant toujours sur des faits validés. Par exemple, si une femme dit : « Faire des mammographies régulièrement ça peut aussi me déclencher un cancer ? » ; vous : « Le risque existe mais il est faible. C’est aussi pour le limiter que le dépistage ne commence qu’à 50 ans et n’est proposé que tous les 2 ans. » Elle/lui dit : « Le dépistage colorectal manque de fiabilité » ; vous : « Depuis 2015, un nouveau test est distribué, plus simple et plus fiable que le précédent qui était à l’origine de cette polémique ». Elle : « La mammographie est douloureuse. » ; vous : « C’est vrai. Avoir les seins comprimés entre 2 plaques n’est pas confortable mais ce n’est pas douloureux et ça ne dure que quelques secondes. »
→ Sans vouloir convaincre à tout prix. Proscrire l’ultimatum paternaliste : « Quand on se revoit le mois prochain, je veux que vous ayez pris votre rendez-vous ». Le patient a le droit de refuser de participer à un dépistage. Il risque de se sentir forcé, jugé, et de se braquer contre l’officine.
J’accompagne
Remettre systématiquement un dépliant aux personnes ciblées en disant : « Je mets un dépliant explicatif dans votre sac. Lisezle à tête reposée. » Rester disponible : « Si vous avez des questions, n’hésitez pas à revenir vers nous. »
3 questions à…
Docteur Sarah Dauchy, présidente de la Société française de psycho-oncologie (SFPO) et psychiatre à l’institut Gustave-Roussy à Villejuif (94).
• Pourquoi est-ce difficile de parler de dépistage du cancer ? Parler dépistage c’est réactiver des images de personnes malades et se confronter à des questions angoissantes. Se sentir en bonne santé et se confronter à l’idée d’être malade est très difficile.
• Peut-on inciter au dépistage en pharmacie ? L’équipe officinale connaît bien les patients et c’est un énorme avantage. Le message que vous véhiculez s’inscrit dans une relation de soins, il est de ce fait optimisé. Le patient sait que vous vous investissez dans quelque chose de positif pour sa santé.
• Comment aborder le sujet ? Insister sur le côté positif : « Nous avons la chance de bénéficier d’un dépistage gratuit. » Le message de santé publique est difficile à comprendre à l’échelon individuel mais le patient doit saisir qu’il gagne à participer.
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