Antibiotiques : vers la fin d’un dogme ?

© Plaquettes de médicaments - DR

Pathologies Réservé aux abonnés

Antibiotiques : vers la fin d’un dogme ?

Publié le 1 août 2017
Par Marjolaine Labertonière
Mettre en favori

Selon la tribune de chercheurs britanniques, en date du 26 juillet dernier parue dans la revue médicale BMJ, le dogme de « poursuivre un traitement antibiotique jusqu’au bout, même si l'état du patient s’améliore n’est soutenue par aucune preuve alors même que prendre des antibiotiques plus longtemps que nécessaire augmente le risque de résistance ».

Quel pharmacien n'a pas consciencieusement insisté au comptoir en dispensant un traitement antibiotique sur l'obligation de bien suivre le traitement sur la durée prescrite, et, ce, pour éviter de sélectionner des germes résistant. Un discours en phase avec les recommandations de l'OMS. Selon ces spécialistes en infectiologie, il faudrait au contraire conseiller d'arrêter dès la perception d’une nette amélioration. Une fois l'infection bactérienne ramenée à un faible niveau, le système immunitaire du patient prend le relais. Les traitements longs resteront nécessaires pour des cas particuliers tenant au patient (immunodéficience) ou à la bactérie (tuberculose) par exemple. Ces experts estiment que « les durées du traitement seraient adaptées pour les patients individuels et des essais cliniques sont nécessaires pour déterminer les stratégies les plus efficaces pour optimiser la durée du traitement ».

Raccourcissement des traitements, sujet récurrent

Un sujet sensible dans un pays comme la France ou la consommation d'antibiotiques a augmenté de 5,4 % de 2010 à 2015 selon le dernier rapport de l'ANSM sur le sujet (Voir l'article ). La Société de pathologies infectieuses de langue française (SPILF) faisait un constat similaire  en novembre 2016 tout en surveillant l'évolution du niveau de résistance des différentes bactéries. Cette société recommandait en mars 2017 de réduire la durée de traitements courants. Selon l'ANSM, la majorité des traitements (76,5 %) affichent une durée comprise entre 5 et 8 jours. Globalement, la moyenne est de 9,2 jours et la médiane de 6 jours.

Publicité

Un projet de décret du précédent ministère de la santé proposait en mars 2117 « la prescription de médicaments appartenant à la classe thérapeutique des antibiotiques respecte une durée de prescription maximale limitée à sept jours » (lire ici).

Les pharmaciens français ont même participé à une expérimentation de délivrance à l'unité des antibiotiques dans l'espoir d'améliorer l'observance, de diminuer l'antibio résistance et de faire des économies (lire à ce propos les premiers retours  ou )

Une des solutions pour diminuer l'antibiorésitance?

Pour les auteurs de la tribune, procéder ainsi diminuerait le risque d’antibiorésistance, les coûts de santé par réduction de volume et par réduction de l'iatrogénie imputable aux antibiotiques. Une tribune qui rejoint le point de vue du médecin français Luc Perino qui, plus radicalement, pointait en mars 2017 « la réversibilité de l’antibiorésistance, dès que l’on cesse temporairement l’utilisation de l’antibiotique concerné, d’autre part, la totale inutilité des antibiotiques dans la plupart des situations cliniques usuelles »