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Voie de garage pour le chiffre d’affaires
Entre la réhabilitation de diverses voies, la mise en service du Busway, la construction d’un parking souterrain et la mise en place d’un nouveau sens de circulation, l’accès à l’agglomération nantaise est devenu un parcours du combattant. Objectif de la municipalité : minimiser le flot de voitures dans le centre. C’est ainsi qu’une étude du cabinet Bérénice révélait qu’en 2004, le centre-ville représentait 18 % du chiffre d’affaires de l’agglomération. Quand il atteignait 40 % à Strasbourg, 32 % à Lyon et 25 % à Bordeaux…
Dans ce contexte, certains pharmaciens ont fait valoir leur droit à la retraite où, las des aléas commerciaux du centre, se sont éloignés dans les quartiers. Emmanuel Foucaud, titulaire depuis neuf ans de la Pharmacie de la Cathédrale, affirme encaisser le coup avec une baisse de 15 % en trois semaines. Mais les perturbations n’ont pas incité le pharmacien à compenser par une politique de prix plus attractive ou des promotions. Elisabeth Tremblay constate, elle, que les difficultés d’accès ont réduit son CA de 5 % à 10 % : « Les changements de sens de circulation et d’accès deviennent difficiles à supporter. Dans une conjoncture économique difficile, je suis consciente de faire des concessions financières pour exercer en centre-ville, dans un lieu qui a une âme, explique-t-elle. C’est un choix de vie, j’essaie de le prendre avec philosophie. »
Dans la capitale, même politique, même punition. « Evidemment, nous avons eu une chute de fréquentation durant les travaux (- 10 %). Les passages ne sont pas aménagés, déplore Marcel Charbit, exerçant sur le boulevard Barbès en pleine réhabilitation. Il faut dire que l’officine est une pétaudière, il y a de la poussière partout. Certains produits sont invendables. Ils sont poisseux. Lorsque je rentre chez moi, mes cols de chemise et les poignets sont dans un tel état qu’on a l’impression que je rentre de la mine. » Des inconvénients qui ne sont peut-être que passagers, en attendant la fin des travaux en décembre. Mais le pharmacien n’est pas de cet avis : « Le nouveau boulevard sera encore plus catastrophique. Les voitures ne pourront plus s’arrêter. » En prolongement du boulevard Barbès, le boulevard Magenta a connu le même chamboulement. « J’ai eu des échos de Magenta, tous les commerces sont à vendre ! », explique Marcel Charbit. Ils créent des autoroutes urbaines. Le boulevard Barbès avait besoin d’un aménagement mais il fallait prévoir des arrêts pour les consommateurs. »
Gestion d’exception pour temps de crise
Titulaire depuis trois ans rue Colbert, à Marseille, Hélène Canac a vu le chantier du tramway démarrer en mai 2005… un an après ses propres travaux de rénovation. « Jusqu’au début d’octobre, on accédait à la pharmacie en passant derrière des palissades. Pas moyen d’obtenir une signalétique, malgré mes demandes. J’ai perdu la clientèle de passage (30 %) et une partie de la clientèle de quartier habitant de l’autre côté d’une rue impossible à traverser. » Pour tenir, la titulaire met ses six salariés au chômage technique à mi-temps et, par contrecoup, travaille 70 à 80 heures par semaine, avec 10 jours de vacances dans l’année. Elle rachète son prêt moyennant des pénalités financières, le renégocie à plus longue échéance auprès d’une autre banque et en augmente le montant. Elle réduit les stocks au maximum, fait du direct, des promotions et obtient un étalement de TVA via la CCI.
De leur côté, Benoît et Bruno Morris, installés rue de la République, également à Marseille, ont dû mettre leurs deux salariés à plein temps au chômage partiel suite à la chute de 15 % du CA. Ils ont renégocié leur crédit, diminué les stocks de parapharmacie, obtenu la suppression de la taxe de préenseigne, la baisse du prélèvement de leur caisse de retraite et déposé une demande d’indemnisation à l’amiable dont le montant a été accepté mais ne sera payé qu’en mars 2007. « Cela va nous permettre de tenir jusqu’à la mise en service du tramway et de compenser une trésorerie négative », se satisfont les cotitulaires.
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