VIH : les femmes, grandes oubliées de la PrEP

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VIH : les femmes, grandes oubliées de la PrEP

Publié le 23 juin 2022
Par Anne-Hélène Collin
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En France, parmi les personnes utilisatrices de PrEP (prophylaxie pré-exposition au VIH), 3 % seulement sont des femmes. Parce que les femmes prennent moins de risque que les hommes ? Pas vraiment.

Selon Sida Info Service (SIS) Association, malgré son remboursement intégral par l’Assurance maladie depuis 2016, « la PrEP reste très faiblement promue et prescrite aux femmes ». Ce que démontre l’enquête du groupement EPI-Phare de 2020, qui estime le taux de prescription aux femmes à 3 %. Et pourtant, les femmes ont elles aussi des pratiques à risque, et 30 % des nouvelles contaminations au VIH les concernaient en 2021.

En se basant sur les appels entrants (environ 166 000 en 2020 et 2021), l’association constate que les femmes « sont nombreuses à se trouver dans les situations pour lesquelles cette prophylaxie est recommandée, mais qu’elles s’avèrent cependant peu renseignées à son sujet, même lorsqu’elles la prennent » : 2 % seulement d’entre elles en parlent.

La faute, probablement, à une communication sur la PrEP axée essentiellement sur les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) dès ses débuts. Autre frein : la posologie pour les femmes n’est pas la même que pour les hommes, et elle est plus contraignante : faute d’études sur l’usage de la PrEP dans cette population, les femmes n’ont pas accès à la prise en discontinu, laquelle est possible pour l’homme…

Il est trop tôt pour mesurer l’impact de la généralisation de la prescription par tout médecin, en 2021. Il ressort, selon SIS Association, que les professionnels de santé de ville sont souvent peu ou mal informés, et confondent parfois les posologies de la PrEP avec celle du traitement post-exposition (TPE).

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Les pharmaciens pourraient cependant jouer un rôle plus fort. Interrogée sur la possibilité pour le pharmacien d’officine de délivrer la PrEP suivant un protocole bien établi, le Dr Radia Djebbar, coordinatrice scientifique chez SIS Association, n’a rien contre. Mais, pour elle, c’est plutôt le TPE qu’il faut viser.