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Un petit malade à considérer
S’adresser à un enfant. Soigner l’approche, choisir les mots et son attitude, tout en faisant diversion au besoin, aident à instaurer la confiance pour emporter la coopération d’un jeune patient.
Pourquoi s’adresser à l’enfant ?
Instaurer la confiance
Des échanges de qualité, le respect de la personne et un rapport de confiance sont la base d’une relation de soin. Quand l’ordonnance ou le conseil concerne un enfant, le rapport se joue à trois entre l’officinal, le parent et l’enfant.
→ Montrer qu’on s’intéresse à ce petit patient et établir un lien de confiance est primordial pour qu’il exprime ses symptômes ou ses difficultés vis-à-vis d’un traitement ou d’un geste, test ou vaccin s’il est en âge de le faire… En s’adressant directement à lui, l’officinal lui offre l’opportunité de le faire. Et c’est l’enfant le principal intéressé !
→ Les capacités cognitives d’un enfant le placent dans une relation de dépendance vis-à-vis de l’adulte. Malade, il a besoin de son entourage et de professionnels de santé pour se rassurer et mieux comprendre sa maladie et son traitement.
→ Les mamans ou les papas apprécient que l’officinal ait un mot d’attention gentil pour leur enfant.
Le faire adhérer
S’adresser directement à l’enfant facilite son adhésion au traitement.
→ L’enfant atteint d’une maladie grave acquiert un degré de maturité précoce sur sa maladie. Avant 7 ans, il peut être capable d’assimiler et d’utiliser des informations précises pour se soigner.
→ Atteint d’une maladie chronique telle que diabète, asthme, hémophilie…, l’enfant peut se responsabiliser dès 10 ans. C’est même lui qui parfois rappelle à ses parents qu’il est l’heure de prendre son médicament.
Faire autorité
La parole du préparateur ou du pharmacien n’est pas celle du parent. Elle reflète une autorité différente, hors de la sphère affective, et son impact n’est pas le même. Cette parole de l’officinal en direction du petit patient renforcera, validera, confortera celle du parent en temps voulu. Rappeler les mots du monsieur ou de la dame en blouse blanche quand il faudra prendre le médicament pourra aider le parent à faire coopérer l’enfant : « Tu te souviens ? La dame de la pharmacie a dit qu’il fallait prendre le sirop juste avant d’aller au lit. Alors, on le prend, et ensuite on lira ton livre ».
Une approche selon l’âge
Le bébé
Inutile de réciter la notice avec un bébé, mais dire simplement, avec une voix douce et un grand sourire : « Coucou, je vois que tu es allé chez le pédiatre et que tu n’es pas très en forme… Tu vas voir, ça va aller beaucoup mieux après avoir pris ce médicament ».
À partir de 3 ans
Un enfant qui se sent mal, qui souffre ou qui est perturbé parce qu’il vient de subir un acte invasif, comme une injection, perd ses capacités de compréhension. Il est parfois ronchon, impatient et veut seulement rentrer à la maison.
→ Présentez-vous. Un jeune enfant ne comprend pas toujours la raison de son passage à la pharmacie. Ses parents n’ont pas forcément pris le temps de le lui expliquer. Dites-lui : « Bonjour ». Si vous le sentez intrigué, expliquez : « Je vois que tu es allé chez le médecin. Moi je suis le monsieur/la dame qui va donner à ton papa les médicaments pour te soigner ».
→ Il a l’air réceptif ou intéressé ? Pour entrer en contact avec lui, contournez le comptoir qui le dépasse de deux têtes et accroupissez-vous à sa hauteur. En période d’épidémie (Covid, grippe…), demandez simplement au parent de le porter : « Vous voulez bien le prendre dans vos bras ? Je ne le vois pas, le petit bout. »
→ Lui proposer d’assister aux explications : « Je vais dire à tes parents comment tu devras le prendre, tu peux écouter si tu veux ». Expliquez avec des mots simples à quoi sert le médicament : « Ce sirop va t’aider à moins tousser ». Faites-lui choisir la forme galénique, ou simplement le goût : « Tu préfères orange ou fraise ? »
À partir de 7 ans
L’enfant est en mesure de participer à l’échange et de comprendre les modalités du traitement.
→ Adressez-vous autant à lui qu’au parent, en les regardant l’un et l’autre à tour de rôle. Restez attentif. S’il semble vouloir s’exprimer, invitez-le à le faire en lui disant, par exemple : « Tu veux me demander quelque chose ? Tu as des questions à me poser ? »
→ Donnez-lui directement vos conseils de prise en lui parlant « concret » : « Que manges-tu pour le dessert ? Un yaourt ? Une compote ? Tu peux dissoudre le médicament en poudre dans ton dessert pour ne pas sentir son goût s’il ne te plaît pas trop ». Expliquez la finalité du traitement et l’évolution en essayant de positiver.
→ N’ajoutez pas d’angoisses inutiles : « Si tu ne le prends pas, tu risques d’avoir ça ». Ne pas mentir, ni banaliser : « Ce n’est qu’une petite piqûre ». Si l’enfant a peur de la douleur, dire : « Même quand on est grand, on a le droit d’avoir mal et de pleurer ». Et ne pas mettre en jeu l’affectif. Bannir : « Maman sera triste si tu ne veux pas ».
À partir de 11-12 ans
→ Adressez-vous essentiellement à lui.
→ Quand la mère répond systématiquement pour son enfant, regarder l’enfant régulièrement réactive sa présence, lui donne sa place et l’occasion de s’exprimer.
En cas d’acte invasif
Tests antigéniques, vaccins…, des gestes invasifs, souvent désagréables et parfois douloureux, ont lieu à l’officine. Trouver l’espace et prendre le temps pour réaliser ces gestes n’est pas toujours facile.
Avec les enfants, le geste se doit d’être rapide, mais l’approche qui le précède requiert souvent un temps et un certain investissement pour emporter l’adhésion. Voici quelques astuces et conseils, pour optimiser ce temps et inviter les enfants à coopérer.
Une bonne ambiance vaut mieux qu’un long discours
→ Un décor coloré, chaleureux, dans un coin un peu isolé, loin du haut comptoir entouré d’inconnus est un plus pour mettre l’enfant à l’aise ! Afficher quelques dessins dans un coin du back-office qui fait office de cabine de soins peut également aider.
→ À bannir : « Allez, maintenant je vais te piquer ». Éliminer les mots qui font frissonner ou génèrent des mouvements de recul. Éviter de mentir : « Tu ne vas rien sentir, ça ne fait pas mal ! »/« À trois, je pique. Un, deux »… et hop je pique avant le trois. Ce n’est pas l’idéal pour maintenir la relation de confiance !
→ Les méthodes de distraction, une petite chanson, des bulles de savon, un jeu rapide, font diversion pour éviter que l’esprit se concentre sur la douleur : « Tu sais compter jusqu’à combien ? On compte ensemble ? » C’est un peu le principe utilisé par l’hypnose thérapeutique et l’emploi de casques de réalité virtuelle. La diversion porte ses fruits à tout âge !
Chez les tout-petits, le parent doit prendre en charge l’enfant, s’occuper, veiller… afin d’éviter qu’il ne bouge pour essayer d’attraper les bulles, se dandiner en chantant une comptine, etc.
→ La récompense, promise avant l’acte et de préférence visible, suffit parfois à obtenir la coopération de l’enfant. Une sucette, un pansement rigolo ou le droit de s’amuser un peu avec un jouet feront l’affaire.
Les petits choix
Quand l’enfant a la sensation de maîtriser une partie de la situation, la peur s’atténue. Donnez-lui cette impression de contrôle en lui offrant des choix : « Tu préfères rester debout ou t’asseoir ? Tu veux t’asseoir tout seul sur le fauteuil de grand, ou plutôt sur les genoux de maman ? Quel bras préfères-tu pour recevoir le vaccin ? » En plus de gagner en maîtrise, l’enfant se sent considéré et le périmètre de la contrainte se réduit.
Doudou le cobaye
→ Quand son doudou passe en premier, l’enfant est plus en confiance. Il a vu ce qu’on a fait à son doudou, qui n’a pas crié, et réalise que ce n’est pas si terrible. Il est rassuré. Quand vient son tour, ce n’est plus l’inconnu, il sait ce qui l’attend.
→ La tétine ou autre objet familier rassurant a sa place pour l’accompagner dans ce moment désagréable et anxiogène.
Quand c’est la crise…
Si l’enfant hurle, que rien ne parvient à le calmer et qu’il n’y a pas d’urgence vitale, l’acte peut être reporté. Il faudra prendre le temps, ultérieurement, d’expliquer, de le rassurer et de trouver ce qui lui conviendrait pour accepter le test ou le vaccin.
→ Des fiches et vidéos animées réalisées par l’association Sparadrap, spécialiste de l’information aux enfants patients, sont accessibles sur son site sparadrap.org. Une information adaptée à l’âge de l’enfant, regardée à tête reposée, pourra l’aider à comprendre et à atténuer la peur. Parlez-en aux parents !
→ L’association Pediadol devrait bientôt publier sur son site pediadol.org des conseils et astuces pour faciliter la vaccination des enfants.
À chaque âge sa compréhension
Le dialogue doit s’adapter aux besoins relationnels, variables selon l’âge et le développement cognitif. Selon le psychologue Jean Piaget, il y a différents stades.
• 0-2 ans, stade « sensori-moteur ». L’enfant expérimente à travers ses sens et actions (toucher, porter à la bouche…). Le dialogue est naturellement très limité.
• 2-7 ans, stade « pré-opératoire ». L’enfant se représente des choses avec des mots ou des images, mais utilise plus son intuition qu’un raisonnement logique. Il comprend la maladie comme un phénomène extérieur, ne fait pas le lien avec la cause et vit les symptômes comme une punition. Son besoin prédominant est la présence de l’adulte proche. Il ne retient qu’une consigne à la fois.
• 7-11 ans, stade des « opérations concrètes ». L’enfant est capable d’une pensée logique à propos d’événements concrets et acquiert la notion du temps. Il peut faire le lien entre la maladie et sa cause, comprendre les modalités du traitement. Cette période est marquée par la peur de la maladie et de la mort.
ce stade, il a besoin d’explications et d’être rassuré.
Avec l’aimable participation de Myriam Blidi, chargée des projets et de la formation à l’association Sparadrap.
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