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Tout se joue dès l’enfance
L’allergie alimentaire est un problème qui touche 3,2 % des Français, avec une prévalence de 8 % chez les enfants et une hausse sensible de la fréquence des polysensibilisations comme des formes sévères. L’AFSSA vient d’éditer un important rapport où elle souligne la nécessité d’une prévention active. Le gouvernement en a adopté la plupart des propositions.
De la simple urticaire au choc anaphylactique mortel, la symptomatologie de l’allergie alimentaire offre une large palette de signes cliniques. Si la dermatite atopique reste le tableau dominant chez l’enfant, 30 à 80 % des eczémas chez le nourrisson sont imputables à une allergie alimentaire, selon les études. Et bien qu’il n’existe pas de données précises sur l’évolution de cette pathologie, la multiplication des cas d’atopie et d’asthme (témoignage de cliniciens à l’appui) vont dans le sens d’une fréquence accrue.
Mais pourquoi serions-nous devenus plus allergiques ? La faute à papa, puisque les réactions d’hypersensibilisation surviennent sur un terrain génétique prédisposé. « Encore faut-il être exposé aux allergènes », précise Gisèle Kanny, médecin interniste au sein du service d’allergologie et d’immunologie au CHU de Nancy.
Nos habitudes alimentaires changent également, la mondialisation et la modernisation de l’alimentation favorisant la consommation de protéines nouvelles. Dans de nombreux cas, tout se joue dès l’enfance. Au banc des accusés : le faible engouement pour un allaitement maternel prolongé mais aussi la diversification alimentaire précoce. « On ne donne pas le temps au système immunitaire des nourrissons de mûrir et de basculer dans une phase de tolérance », assure l’allergologue. Pour preuve, une étude néo-zélandaise a montré que l’introduction de plus de quatre aliments avant l’âge de quatre mois multipliait presque par trois le risque d’apparition d’un eczéma.
Allergie au riz au Japon, allergie au poisson en Suède
Si notre alimentation évolue, notre environnement aussi. Maintes fois pointée du doigt en ce qui concerne l’allergie respiratoire, la pollution a-t-elle une influence sur les réactions d’origine alimentaire ? Selon Gisèle Kanny, il semble que les particules de diesel puissent rendre plus allergisants certains aliments. Allergènes qu’il faut détecter, condition sine qua non pour prévenir, faute de pouvoir guérir. « Le diagnostic d’une allergie alimentaire passe par un test de réintroduction, exception faite d’une histoire clinique évidente, suivie d’un prick-test positif et de la présence d’IgE spécifiques dans le sang, informe la spécialiste. Ainsi la batterie de tests cutanés n’est qu’un élément du diagnostic signant la présence d’une sensibilisation cutanée, mais pas forcément celle d’une réaction allergique. »
Les trophallergènes responsables varient en fonction des pays mais il existe un lien avec leur fréquence de consommation. On comprend donc aisément l’importance de l’allergie au riz au Japon et au poisson en Suède.
Avec une constante dans tous les pays : l’hypersensibilisation à l’oeuf chez les enfants. En France, elle arrive effectivement en tête (34 % des cas), suivie de l’arachide (25 %), du lait de vache (8 %), du poisson, de la moutarde et des noix. Dans les familles à haut risque, la sensibilisation peut se faire dès la grossesse. Les futures mamans sont invitées à boycotter oeuf, arachide et lait de vache dès le quatrième mois de gestation.
Côté adulte, place aux allergènes végétaux. Les fruits et les légumes sont retrouvés dans 50 % des cas. Avec, par ordre d’importance, les ombellifères (carottes, céleris…) et les fruits secs oléagineux, les rosacées (prunoïdes et pomoïdes), retrouvées dans 13 % des cas, et les fruits du « groupe latex » (kiwis, bananes, avocats…) incriminés dans 14 % des cas et dans les allergies croisées avec le latex. « Attention, cette allergie croisée au latex n’est pas systématique ! », tient à nuancer l’allergologue. En général, la sensibilisation au latex précède le déclenchement de l’allergie alimentaire pouvant aller jusqu’à une réaction asthmatique importante.
Gare aux protéines utilisées comme arôme ou liant
Egalement classique, l’association d’une pollinose (pollens de bouleaux) avec un prurit buccal consécutif à l’ingestion de pommes ou de noisettes.
L’introduction depuis peu de la farine de lupin dans de nombreuses pâtisseries (associée à la farine de blé) a aussi des raisons d’inquiéter Gisèle Kanny: « 44 % des patients allergiques à l’arachide présentent une réactivité croisée au lupin. » Cette réalité est particulièrement préoccupante car l’arachide constitue l’un des allergènes les plus dangereux, responsable d’une centaine de morts chaque année aux Etats-Unis. Et contrairement aux allergies à l’oeuf ou au lait de vache, celle provoquée par l’arachide ne disparaît pas souvent.
« L’information des patients et particulièrement des parents d’enfants allergiques à l’arachide me paraît primordiale. Il faut les mettre en garde contre les différentes présentations de l’arachide en consommation courante : cacahuètes bien sûr, mais aussi huile ou additif », insiste Christelle Loigerot, de l’Association française pour la prévention des allergies alimentaires (Afpral), qui soulève ici le problème épineux des allergènes masqués, utilisés comme auxiliaires de fabrication. Tels les hydrolysats de protéines de blé en tant qu’arôme, les protéines de graines de soja ou de colza faisant office de liants. Saviez-vous par ailleurs que l’additif E 1105 n’est autre que du lysozyme, soit des protéines de blanc d’oeuf ?
Allergies croisées, allergènes masqués, difficulté d’un diagnostic… pas facile de respecter un régime d’éviction, traitement préventif fondamental. « Nous vivons sans cesse avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête », confirme Cécile, maman d’un petit garçon de sept ans déjà hospitalisé une fois à la suite d’une réaction à l’arachide. Résultat : elle a toujours une trousse d’urgence d’adrénaline dans son réfrigérateur. Une mesure de sécurité indispensable, la suppression totale d’un allergène de l’alimentation relevant souvent d’un challenge. « Faire mes courses revient à déchiffrer toutes les étiquettes pour traquer la moindre trace d’arachide », témoigne Cécile. Peine perdue en réalité. Car si la législation impose une liste d’ingrédients pour les denrées alimentaires préemballées, elle n’applique pas cette règle aux emballages inférieurs à 10 cm3, au chocolat et aux produits en vrac bien sûr.
Des aliments sans allergènes bientôt en officine
« Quand bien même la composition d’un produit apparaît clairement, il peut y avoir contamination dans la chaîne de fabrication », informe-t-on à l’Afpral. Et de dénoncer l’emploi de graisse végétale pour décoller les plaques de chocolat dans les moules. « Même des traces peuvent suffire à déclencher une réaction, la dose allergisante variant en fonction des individus », rappelle Gisèle Kanny.
Plus inquiétant encore pour les consommateurs : la « règle des 25 % ». Lorsqu’un ingrédient contenant plusieurs composants représente moins de 25 % du produit fini, l’indication de sa composition détaillée n’est pas obligatoire. Pour un couscous par exemple, s’il contient des boulettes de viande à hauteur de 20 %, leur composition ne figure pas sur la boîte de conserve…
L’Afpral fonde alors tous ses espoirs sur la récente proposition de directive établie par la Commission européenne (6 septembre 2001). A savoir l’abolition de la règle des 25 % et la création d’une liste d’allergènes majeurs devant être étiquetés. « Reste que le céleri et la moutarde sont absents de cette liste et que la composition des sauces, des mélanges d’épices ou de plantes aromatiques n’est pas obligatoire dans tous les cas », regrettent les associations de malades allergiques aux aliments qui militent pour la définition d’un code de bonnes pratiques de fabrication et d’étiquetage.
En attendant, ces associations ne peuvent que se réjouir de l’initiative d’AllergoFrance*. Cette société, en assurant une traçabilité extrême à tous les stades de fabrication, vient de commercialiser une gamme de préparations spécifiques (cakes, flans, substitut d’oeuf…) garantie sans arachide, lait ou oeuf. Et ces produits seront en vente en officine dans les prochains mois…
* Site d’information d’AllergoFrance : http://www.abcallergies.com.
L’allergie au lait de vache en sept questions
1° Quand apparaît-elle ?
Elle intervient souvent chez les nouveau-nés vers l’âge de trois mois ou au moment du sevrage d’allaitement.
2° Comment se manifeste-t-elle ?
Les manifestations cliniques sont variées. Le plus souvent, il s’agit d’une dermatite atopique. Un eczéma chez un nourrisson nourri exclusivement au lait de vache indique la présence de l’allergie. Elle peut aussi s’exprimer sous forme de troubles intestinaux dont la présence d’une constipation chronique.
3° Quelle différence avec une intolérance au lactose ?
L’intolérance au lactose ne fait pas intervenir le système immunitaire, elle est due à un déficit enzymatique (lactase). Elle se manifeste par des diarrhées, des douleurs abdominales et des gaz dans les heures qui suivent l’ingestion de lait.
4° Comment la traiter ?
Avec des hydrolysats de protéines en première intention. En cas d’échec, il faut passer aux laits artificiels ne contenant plus de protéines de lait de vache.
5° Peut-on donner du lait de soja ?
Certains hydrolysats de soja peuvent être proposés. Mais attention, les enfants allergiques au lait de vache risquent de développer une hypersensibilité vis-à-vis du soja !
6° Comment la prévenir ?
Lorsqu’il existe des antécédents d’atopie, l’allaitement maternel est vivement recommandé ou, à défaut, les laits HA (protéines hydrolysées) au cours de la première année de vie.
7° Quand guérit-elle ?
En général vers l’âge de trois ans. La guérison est affirmée par un test de réintroduction en milieu hospitalier.
Prévention : les propositions de L’AFSSA
– Soutenir et développer la recherche pour mieux préciser les mécanismes allergiques.
– Mettre en place un réseau de surveillance afin de cibler et d’évaluer les actions de prévention.
– Inciter les industriels à réduire l’utilisation des allergènes majeurs.
– Développer la formation des médecins et l’information des patients.
– Améliorer l’étiquetage des denrées alimentaires.
– Suppression totale de la notion de seuil, de l’appellation par catégorie pour les lécithines, les huiles végétales, les arômes et les amidons.
– Abolition des mentions « peut contenir des traces de… » apposées par les fabricants sans justifications techniques.
– Amélioration de la traçabilité des produits.
– Obligation d’étiqueter la présence d’allergènes majeurs (figurant sur une liste évolutive).
– Instaurer un système d’« allergovigilance » des aliments.
– Elargir la mise en oeuvre de l’intégration des enfants allergiques dans les établissements scolaires (projet d’accueil individualisé).
– Développer les traitements « faciles d’emploi » comme les stylos auto-injectables d’adrénaline.
– Rembourser les aliments spéciaux (garantis sans allergènes) par la Sécurité sociale.
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