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« Rien ne sert de maintenir une officine là où il n’y a plus d’habitants »

Publié le 6 avril 2013
Par Francois Pouzaud
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Vice-président de l’APR jusqu’en 2009, Albin Dumas en a été élu président le 23 mars. Pour sauver les pharmacies des campagnes, il propose, notamment, de créer des honoraires spécifiques pour celles abandonnées de leur prescripteur et un aménagement de la fiscalité.

LE MONITEUR : Comment entendez-vous lutter contre les déserts médicaux ?

ALBIN DUMAS : La fermeture d’un cabinet médical peut entraîner celle d’une officine et il faut anticiper ce risque. La sauvegarde du réseau fait partie des priorités de l’APR, mais rien ne sert de maintenir des pharmacies là où il n’y a plus d’habitants. Il est essentiel de s’adapter aux schémas territoriaux des agences régionales de santé en prenant en compte leur souhait d’avoir un service officinal de proximité efficace dans la chaîne de soins. Par ailleurs, il faudra aussi redimensionner le réseau officinal à partir des territoires médicaux et des maisons de santé. Pour cela, il importe de dresser une cartographie des maisons de santé et de réfléchir à son évolution de manière à ne pas pénaliser le réseau officinal.

Comment « réveiller » l’économie de l’officine ?

A cet égard, les nouvelles rémunérations doivent être étudiées sous l’angle rural. L’APR devra déterminer leur impact économique dans les zones rurales, au besoin en développant notre collaboration avec les syndicats, comme la FSPF.

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Comment voyez-vous l’avenir des nouvelles missions en milieu rural ?

Les officines rurales seront celles où les services liés aux nouvelles missions seront les plus demandés par la population. Le rôle du pharmacien de premier recours va être valorisé. Il faut que les officines abandonnées par les prescripteurs puissent survivre. Je suggère de mettre en place, pour ces officines, des honoraires spécifiques, en complément de la rémunération mixte, car elles devront assumer de nouvelles tâches, comme le suivi des patients, la télétransmission des résultats… Par ailleurs, on ne pourra pas faire l’économie de la télémédecine dans les pharmacies situées dans des zones de pénurie médicale.

Que proposez-vous pour favoriser l’installation en campagne ?

Pour maintenir la présence d’une pharmacie en zone rurale, il faut mettre en place un système d’incitation financière, comme pour les médecins. Ces derniers reçoivent un soutien financier pendant les deux premières années d’installation quand leur rémunération est insuffisante.

De plus, il faudrait aménager la fiscalité, au travers d’exonérations fiscales, pour les officines mises en difficulté par les maisons pluriprofessionnelles de santé qui détournent leur clientèle, mais aussi pour celles qui souhaitent se regrouper ou qui ont perdu leur dernier prescripteur.