Polémique autour du dépistage organisé

Des voix s’élèvent pour exiger que la pertinence du dépistage organisé du cancer du sein par mammographie soit réévaluée au vu des nouvelles données scientifiques. Lors de la remise des Prix Prescrire 2012, la question « Trop dépister les cancers nuit-il à la santé ? L’exemple des cancers du sein » a été débattue. Le P^r Gótzsche, directeur du centre nordique Cochrane et auteur de l’ouvrage primé « Mammography screening. truth, lies and controversy », a introduit ce débat en résumant sa lecture critique d’études et d’essais sur le sujet. Selon lui, le dépistage organisé du cancer du sein ne serait pas responsable de la baisse de la mortalité totale ou par cancer du sein. Cette baisse serait due à une évolution des traitements et à une meilleure connaissance par les femmes du cancer du sein. Le dépistage organisé pourrait, au contraire, entraîner des surdiagnostics (50 %) et des surtraitements aux conséquences graves (20 % de mastectomies « inutiles »). De plus, le chercheur accuse les autorités de santé de véhiculer des messages trompeurs d’incitation au dépistage se concentrant sur les bénéfices sans évoquer les potentiels effets délétères.

Des bénéfices et des risques à mesurer

Aussi, dans le but d’une information objective, le groupe Cochrane met à disposition une brochure* en 13 langues soulignant qu’il peut être aussi raisonnable de participer au dépistage du cancer du sein que de ne pas y participer au vu de ses bénéfices et de ses risques. La pertinence de ce dépistage vient aussi d’être remise en cause par l’UFC-Que choisir dans son numéro « Santé » d’octobre. Mais, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, interrogée à ce propos, répond que personne ne remet en cause la pertinence du dépistage. Elle souhaite cependant l’accélération des études menées actuellement en France sur ce sujet par l’INCa. Dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 26 septembre 2012, le P^r Duffy (université de Londres) estime lui aussi que les bénéfices du dépistage par mammographie l’emportent sur les risques et qu’il existe une importante réduction de la mortalité par cancer du sein résultant du dépistage par mammographie avec un niveau de surdiagnostic […] limité. De son côté, le P^r Gótzsche, interrogé sur cet article, remet en cause la méthodologie utilisée.

* Disponible sur www.cochrane.dk