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L’oxyde de zinc

Publié le 10 décembre 2011
Par Michèle Sauvage
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Qu’est-ce que c’est ?

L’oxyde de zinc (ZnO) est un pigment minéral blanc. Il est inscrit, selon le nouveau règlement européen (n° 1223/2009) relatif aux produits cosmétiques, sur la liste des colorants admis pour « les produits cosmétiques qui ne sont pas destinés à entrer en contact avec les muqueuses » sous l’appellation INCI Color Index 77947.

Comment l’obtient-on ?

• L’oxyde de zinc existe à l’état naturel sous forme de minerai (zincite) mais l’industrie l’utilise sous forme de matière première de synthèse.

• Plusieurs modes de fabrication sont utilisés, dont le « procédé français indirect » qui utilise du zinc métal, fondu puis distillé ; la vapeur ainsi formée est aspirée vers une chambre d’oxydation. Après refroidissement, on obtient une poudre d’oxyde pur, appelée « blanc de zinc » ou « fleur de zinc ».

Quelles sont ses propriétés ?

C’est une fine poudre blanche, inodore, aux indices de brillance et de réfraction élevés. Insoluble dans l’eau, c’est un composé amphotère qui réagit avec les acides organiques et minéraux et qui se dissout dans les bases pour donner des zincates. Parmi ses nombreuses propriétés physiques, citons des propriétés piézoélectriques (il se polarise électriquement sous l’effet d’une contrainte mécanique et, inversement, il se déforme dans un champ électrique), thermochromiques (il change de couleur sous l’effet de la chaleur) et optiques (capacité à absorber les UV), ainsi que sa semi-conductivité.

Pourquoi l’utilise-t-on en dermocosmétique ?

• L’oxyde de zinc est connu pour son action antiseptique, anti-inflammatoire et antiprurigineuse. Il est utilisé dans la préparation de crèmes de soin (de 0,5 à 2 %) pour les peaux irritées. Par son pouvoir isolant et absorbant, il entre dans la composition de pommades ou de pâtes à l’eau (de 25 à 40 %) pour le traitement des érythèmes fessiers du nourrisson.

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• Il intervient dans la formulation de déodorants comme capteur d’odeur ou pour son pouvoir tampon associé aux sels d’aluminium.

• Comme le dioxyde de titane (TiO2), l’oxyde de zinc a un pouvoir de photoprotection par absorption des UV (en particulier les UVA pour l’oxyde de zinc) et par diffraction et réflexion de la lumière visible et infrarouge. L’avantage de ces poudres minérales inertes est leur absence de pénétration et une bonne tolérance cutanée, avec l’inconvénient cosmétique d’un « effet blanc » et d’une galénique pâteuse sur la peau. Ces inconvénients conduisent à l’apparition de soins solaires à nanoparticules minérales.

• Agent colorant, opacifiant et couvrant, il est utilisé dans la formulation de produits de maquillage (poudre, rouge à lèvres, fard à joues ou à paupières). Elément de charge à 40 ou 60 % avec des poudres de kaolin, de dioxyde de titane, d’oxydes de fer, c’est un ingrédient de base pour le maquillage correcteur.

Quelles sont ses autres utilisations ?

Elles sont multiples.

• En pharmacie industrielle : pour l’enrobage des comprimés.

• Dans l’industrie du caoutchouc : dans le processus de vulcanisation.

• Dans l’industrie des peintures : comme pigment, comme absorbant UV.

• Dans l’industrie agricole : dans l’alimentation animale, comme engrais.

Quelle est sa toxicité ?

• L’oxyde de zinc est bien toléré par la peau mais irritant pour les yeux.

• Il est toxique par inhalation de poussières ou de fumées. In vitro, les ions Zn ++ et le ZnO stimulent la production de radicaux oxygénés par les neutrophiles.

CE QU’IL FAUT RETENIR

• Contrairement au TiO2, l’oxyde de zinc ne peut pas être utilisé en tant que filtre UV : il ne figure pas à l’annexe VII de la directive « cosmétique » 76/768/CEE. On l’associe au dioxyde de titane pour augmenter l’action photoprotectrice du produit fini (formulations pour enfant ou pour peau sensible).

• Une évaluation du risque de l’oxyde de zinc, sous ses formes non nanoparticulaires et nanoparticulaires, est actuellement en cours par le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs.

Sources : « Produits dermocosmétiques, mode d’emploi », C. Lafforgue, J. Thiroux, éditions Le Moniteur des pharmacies ; http://thesesups.ups-tlse.fr/137/1/Pages_Carole.pdf ; http://www.ghchemicals.com/produits-et-specifications/types-dutilisation.html ; http ://www.reptox.csst.qc.ca/produit.asp? no_produit =4515 & nom =Oxyde + de + zinc ; « Helionews » avril 2008, n° 3 ; « Nouvelles dermatologiques », vol . 21, n° 7, 1.9.2002, vol . 23, n° 1, 1.1.2004, vol. 24, n° 6, 1.6.2005 ; « Point d’information sur les nanoparticules de dioxyde de titane et d’oxyde de zinc dans les produits cosmétiques », www.afssaps.fr ; « Les ingrédients cosmétiques montrés du doigt », cahier II du Moniteur des pharmacies n° 2777 du 25.4.2009.