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Les sauts d’une puce

Publié le 1 mai 2009
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Elle a plus souvent les pieds en l’air que sur terre. Rien de surprenant, Céline Ruffin, future préparatrice de 26 ans du Nord, est passionnée de gymnastique et de saut.

Un concentré d’énergie prêt à fuser. Céline Ruffin a beau cacher son jeu derrière un corps athlétique et un visage sérieux, ses yeux trahissent une nature espiègle et une volonté farouche. Ce petit bout de femme de 1 m 50 pour 46 kilos est une « speedée » qui passe son temps dans les gymnases. Entraînements, compétitions, l’apprentie préparatrice partage aussi son expérience avec de jeunes sportives en herbe.

Une nature canalisée. , s’excuse presque Céline Ruffin dont la vie tourne autour de la gymnastique depuis l’âge de trois ans. Parce que c’est une enfant « super agitée », sa mère basketteuse, l’inscrit deux fois par semaine au Baby gym d’Aniche, près de leur domicile à Bouchain (Nord). , explique la jeune femme qui suit alors les entraînements de « Jeannot ». Lui, c’est Jean-Baptiste, l’entraîneur qui repère rapidement les capacités de la petite Céline dès ses quatre ans. Les pirouettes, ou la marche sur la poutre sont faciles pour la gamine. , avoue pudiquement Céline. Un accident de voiture les a laissées orphelines, elles et ses soeurs Audrey et Deborah. La petite fille s’investit alors dans la gymnastique sportive et en découvre les joies et les souffrances. Parce que le saut, les barres asymétriques, le sol et la poutre, ces quatre agrès féminins, ne sont pas une sinécure…

Des amours d’agrès. Il y a d’abord le saut, son agrès préféré. Normal, . Après une course d’élan de 25 m maximum, un rebond sur un tremplin de 20 cm,, détaille Céline. Comme par exemple le salto, un tour complet de 360 ° vers l’avant ou l’arrière : « Quant aux barres asymétriques, , plaisante la jeune femme, . Sur une barre supérieure à 2 m 30 au-dessus des tapis et une barre inférieure à 1 m 50, écartées de 1 à 1,8 m, la gymnaste doit exécuter . Aucun temps imparti pour réaliser un maximum de figures, Céline en exécute sept ou huit, essentiellement des . Pour le sol et la poutre, le temps est imposé : une minute à une minute et demie. Au son des guitares andalouses, Céline s’empare du carré de 12 m2 au sol. Avant d’admettre dans un sourire : . Enfin, la poutre à 1m05 au-dessus des tapis, sur laquelle les sauts, pivots et autres acrobaties se déroulent sur 5m de long, mais 10cm de large à peine! Un défi pour Céline qui aime surtout les figures d’entrées et sorties.

Le plaisir avant tout. Qui dit entraînement, dit compétition. Et arrêt des pizzas et hamburgers remplacés par des pâtes le jour J! La vie de Céline est bien remplie. Le calendrier des épreuves des compétitions départementales, régionales, de zone et celles du championnat de France l’occupent de fin janvier à début juin,. Elle participe aux championnats de France avec le club de Valenciennes qu’elle a intégré depuis quatre ans et la Fédération Française de Gymnastique, seule fédération agréée par le Comité national olympique français. Elle se présente à d’autres épreuves pour le club d’Aniche, fidèle à Jeannot, . Elle a gagné une vingtaine de médailles, et huit coupes. Elle a même fini seizième au Championnat de France en 2007. Malgré son admiration pour Ludivine Furnon et Nadia Comaneci, , cette sportive n’est pas obsédée par la première place du podium. Cette obstination persiste lorsqu’elle troque sa place de gymnaste pour ses rôles d’entraîneur ou de juge lors des compétitions. Depuis l’âge de 14 ans, Céline entraîne «les gamines», les poussins (6-10 ans), la jeunesse (10-14ans) et les aînées (14 et plus) d’Aniche. , affirme-t-elle avant de nuancer : .

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Rires et rigueur. Chaque jour ou presque, Céline s’engouffre dans des gymnases où la température est rarement clémente. Avoisant les 28°C l’été et 10°C l’hiver. La gym ne l’a pas empêchée de réussir un bac S, puis un DEUG de STAPS*. Mais la liste des postes offerts après le Capes se réduisant comme peau de chagrin, la jeune femme change de voie. Une copine lui parle du BP de préparateur, elle s’inscrit au CFA de Douai et, après avoir postulé , elle commence son apprentissage à la pharmacie du Centre à Abscons, non loin de chez elle, où elle est heureuse de travailler. Tout simplement. Toujours dire les choses en plaisantant, sans . Elle affectionne d’ailleurs l’univers d’Éric et Ramzi et de Dany Boon. , explique Céline qui se souvient de quand on la raillait, enfant, sur sa taille. Maintenant, elle n’aspire qu’à une chose. Rejoindre César, son amoureux à Gonesse, près de Paris, le week-end. Avant de le retrouver définitivement, une fois son BP en poche. La gymnaste ne compte pas troquer ses chaussures de sport pour un canapé en duo. Elle a tout d’une passionnée. Comme son père, paraît-il… •

Céline Ruffin

Âge : 26 ans.

Formation : élève de 2e année au CFA de Douai.

Lieu d’exercice : Pharmacie du centre (Abscons).

Ce qui la motive : la gymnastique, être heureuse et faire ce que j’aime.

Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Un bambou, lisse et dur. J’ai une volonté de fer et je peux être autoritaire, parce que je sais ce que je veux.

• Si vous étiez une forme galénique ? Une pommade parce qu’il faut du temps pour l’appliquer. Je ne suis pas méfiante, mais j’ai besoin de temps pour faire confiance.

• Si vous étiez un médicament ? Pour la bonne humeur. Certains portent la misère du monde sur eux sans raison. Jamais pessimiste, je vois le bien partout.

• Si vous étiez un matériel ou un dispositif médical ? Un fauteuil roulant pour appréhender les difficultés de ceux qui l’utilisent. Et il peut être un instrument de sport.

• Si vous étiez un vaccin ? Un vaccin contre le VIH parce que la vulnérabilité des personnes atteintes me touche.

• Si vous étiez une partie du corps ? Le dos que je trouve chargé d’érotisme. Il attire les mains et les massages que j’adore. La gymnastique maltraite mon corps, donc j’en prends soin.

VIH